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L’Unesco invitée à veiller sur la Vallée Sainte du Liban

Christophe Lafontaine
20 septembre 2019
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La Vallée de la Qadisha vue du monastère de Mar Elisha (Saint-Élisée) © Canaïma

Au pays des cèdres, les leaders chrétiens ont ouvert le 18 septembre la première conférence sur « le Patrimoine Chrétien Commun de la Qadisha ». L’Eglise maronite a lancé un appel pour que la Vallée Sainte soit mieux protégée.


A croire que ce n’est pas tombé dans l’oreille de sourds. Alors que le 12 septembre, le secrétaire général de l’Onu, António Guterres, avait présenté un « plan d’action pour la sauvegarde des sites religieux » considérés comme « des symboles puissants de notre conscience collective », six jours plus tard, le hasard du calendrier faisait bien les choses. En réunissant – dans une démarche œcuménique – les chefs des Eglises catholiques et orthodoxes au Liban en présence d’un représentant du président de la République, Michel Aoun, pour l’ouverture du tout premier « Forum sur l’héritage chrétien commun de la Qadisha ». La Vallée Sainte – Qadisha signifiant « saint » en syriaque -, écrin des communautés religieuses depuis les toutes premières années du christianisme et accueillant toujours de nombreux monastères dont certains sont parmi les plus anciens du Moyen-Orient, se niche dans la chaîne du Mont-Liban au nord du pays et s’étend entre 500 et 1 650 m d’altitude.

Pour son patrimoine naturel, historique, architectural, religieux et spirituel, elle est classée depuis 1998 sur la Liste du patrimoine mondial de l’Unesco, comme la forêt de cèdres de Dieu à laquelle elle est attachée géographiquement. Cette dernière constitue l’un des vestiges des célèbres forêts de cèdres du Liban utilisés pendant l’Antiquité pour construire des édifices religieux (dont les deux temples de Jérusalem) ainsi que les bateaux phéniciens.

Le forum du 18 septembre était organisé par « l’Association Qannoubine pour la mission et l’héritage », à Diman un village montagneux de la Vallée Sainte où se trouve la résidence d’été du patriarche maronite, l’actuel cardinal Bechara Rai.

Ce dernier, dans l’intervention qu’il a prononcée, a appelé « les organismes internationaux comme l’Unesco à protéger et promouvoir ce trésor précieux enchâssé entre les monts du Liban en contribuant notamment à rendre plus accessibles les sanctuaires rupestres qui y sont présents aux pèlerins et aux touristes provenant de tous les coins du monde », a rapporté l’agence Fides.

Le patriarche des syro-orthodoxes Ignace Ephrem II, a quant à lui évoqué « la présence historique des moines syriaques orthodoxes dans la Vallée Sainte et de la relation spirituelle profonde qui existait entre les différentes traditions monastiques de la Vallée Sainte ». Il a souhaité qu’« une coopération plus étroite puisse exister entre les moines de différentes Eglises pour enrichir la spiritualité de la vallée sacrée. »

Le forum réunissant des spécialistes en histoire, en art et en archéologie a été voulu pour que des échanges aient lieu sur la richesse des trésors d’art et de spiritualité conservés dans la vallée, déterminant également des projets permettant de « promouvoir de manière adéquate et durable ce territoire, y compris d’un point de vue touristique », a développé Fides.

En réalité, la vallée, profonde, spectaculairement accidentée, est composée de deux vallées qui se rejoignent : la vallée de Qannoubine au sud, traversée par le fleuve Qadisha, et la vallée de Qozhaya au nord.

Entre cascades, virages et terrasses agricoles, la vallée avant d’être célébrée par Khalil Gibran le « Victor Hugo libanais », a longtemps servi de refuge aux maronites, la plus importante communauté chrétienne du Liban qui déjà au Xe siècle, venant de la vallée de l’Oronte, dans l’arrière-pays syrien, avaient trouvé refuge dans la vallée pour fuir l’hostilité des byzantins.

Parmi les plus importants monastères blottis dans les anfractuosités de la vallée, se trouvent ceux de Deir Qannoubine fondé en 375 (signifiant « vie commune » et qui devint le siège du patriarcat maronite au XVe siècle et ce, pendant cinq siècles), de Deir Mar Antonios Qozḥaya (fondé, selon la tradition, au IVe siècle, par saint Hilarion, en l’honneur de saint Antoine le Grand et de Deir Mar Elisha (Saint-Élisée), mentionné pour la première fois au XIVe siècle.

La vallée voit encore s’égrener à ses à-pics de nombreux ermitages troglodytes, chapelles, grottes naturelles utilisées par le passé par des générations de moines, d’ermites, d’ascètes et anachorètes appartenant aussi aux autres confessions chrétiennes et non pas seulement maronites.

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