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Gaza se mobilise pour protéger les trésors de son patrimoine culturel

Claire Riobé
23 septembre 2019
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Particulièrement malmené ces dernières années, le patrimoine culturel de Gaza est désormais officiellement inventorié. L'initiative, lancée par des acteurs de la société civile palestinienne et divers ONG, permet de recenser au mieux les trésors du territoire dans le but de renforcer leur protection dans les années à venir.


Gaza, ce n’est pas qu’un champ de ruines. Gaza a une autre actualité que sa géopolitique, celle de son riche patrimoine, aujourd’hui sauvé des oubliettes. Ou en tout cas en partie, grâce à la mise en place d’un inventaire des sites archéologiques de la ville, officiellement présenté à l’occasion d’une conférence la semaine dernière à Ramallah. Fruit d’une collaboration de plusieurs années, le projet était soutenu par l’UNESCO ainsi que par des représentants du ministère palestinien du tourisme et des antiquités de l’Autorité palestinienne et divers acteurs locaux, réunis pour l’occasion. Tous ont salué l’initiative et réaffirmé « leur devoir commun de servir et de protéger l’héritage collectif » de la ville.

Car Gaza, à l’image de nombreuses autres ville palestiniennes, abrite un patrimoine culturel d’exception issu de l’âge du bronze et, entre-autre, des époques romaine et byzantine. Sur la bande de 42km² passe ainsi la Via Maris, route commerciale construite à l’âge du bronze, véritable carrefour entre l’Europe, la Palestine, l’Egypte et la Mésopotamie. Les peuples qui l’ont parcourue au fil des siècles y ont laissé leurs empreintes, participant à bâtir le riche patrimoine archéologique que nous connaissons aujourd’hui. Gaza abrite également Saint-Hilarion, le plus ancien monastère du Moyen-Orient, situé dans la municipalité de Nuseirât, ainsi que de nombreux autres monuments, mosaïques et artefacts, témoins de la richesse culturelle de la région.

Un patrimoine exceptionnel, qui menace pourtant aujourd’hui de disparaitre : face à la pression démographique de la ville (environ 5200 habitants/km²), les sites archéologiques gaziotes sont régulièrement transformés en commerces, habitations et mosquées. Les sites souffrent également de destructions ciblées de l’armée israélienne en représailles aux tirs de rocket tirés depuis ces aires de lancement dégagées et de pillages fréquents. Autre ombre au tableau : l’absence totale d’un cadre législatif commun et actualisé en Palestine qui rend particulièrement compliquée la protection du patrimoine sur le territoire. La loi palestinienne s’est alignée en 1994 sur les législations jordanienne et égyptienne : ces dernières sont insuffisantes à la protection du patrimoine palestinien. Enfin, le patrimoine culturel antérieur à la conquête islamique (700 après J.-C) a longtemps souffert d’un manque d’intérêt des autorités, n’étant pas considéré comme « patrimoine archéologique » des territoires palestiniens. Il n’a commencé à être considéré et protégé que récemment.

L’année 2014 et la fin de la guerre de Gaza ont cependant remis au goût du jour l’urgence de la protection du patrimoine de la ville. A cette période, le Ministère du Tourisme et des Antiquités de l’Autorité palestinienne, bénéficiant du relais de l’UNESCO sur place, décide de faciliter l’étude et la préservation du patrimoine de la bande de Gaza. Le projet d’un inventaire de la ville est une des initiatives proposées dans ce cadre.

En juillet 2018, après quatre années de travail en collaboration avec l’UNESCO, l’Autorité palestinienne vote la première législation nationale dans le domaine de la protection du patrimoine. La mesure, politique, est saluée favorablement par la communauté internationale et accélère la mise en place du fameux inventaire du patrimoine de Gaza.

Bénéficiant de technologies nouvelles et d’outils de digitalisation de pointe (notamment de drones, qui permettent la modélisation et l’étude de maquettes 3D) l’équipe en charge du projet a aujourd’hui achevé l’inventaire du patrimoine de la bande. Plus de 237 sites archéologiques sont ainsi géolocalisés, répertoriés et, bientôt, digitalisés. L’inventaire devrait être mis en ligne dans les mois à venir, afin d’être rendu accessible au grand public.

La protection du patrimoine gaziote semble bien avoir été remise au goût du jour. Et pourtant, elle peine toujours à susciter l’intérêt de l’autorité locale, le Hamas, dont la collaboration avec les organisations internationales reste difficile. Au sein de la ville, la société gaziote elle-même manque d’acteurs formés à l’archéologie et à la protection du patrimoine local. Des enjeux de taille : il est à présent nécessaire d’accentuer les efforts menés dans ce domaine dans les années à venir.

 

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