Lors d’une opération israélienne à Gaza dans la nuit de lundi à mardi, les forces spéciales israéliennes ont tué Baha Abou al-Atta, commandant du groupe armé du Jihad islamique palestinien pour le nord de la bande de Gaza. Ce dernier prévoyait d’orchestrer de nouvelles attaques terroristes sur le territoire israélien « dans un avenir proche », a expliqué le Premier ministre israélien sortant, Benjamin Netanyahu.
Le président israélien Reuven Rivlin a exprimé son soutien aux forces de sécurité israéliennes qui ont œuvré « au succès de l’opération » qui a pour « objectif la sécurité » du pays.
En réaction, le chef politique du Jihad islamique à Gaza, Ziad Nahale, a annoncé vouloir « venger » la mort de son commandant. Pour l’heure, le Hamas qui contrôle l’enclave palestinienne semble rester en dehors des combats.
Depuis mardi, 250 roquettes ont été tirées en direction d’Israël. Plusieurs dizaines ont été interceptées par les systèmes israéliens de défense mais les sirènes d’alarme ont retenti dans le sud d’Israël, jusqu’à Tel-Aviv.
Ce matin, l’armée de l’air israélienne a continué de frapper plusieurs positions du Jihad islamique à Gaza où deux Palestiniens ont été tués, après de nouveaux tirs de roquettes depuis l’enclave palestinienne. Le bilan faisait état en milieu de journées à 21 Palestiniens tués depuis le début des opérations, selon le ministère de la Santé de Gaza.
Ce matin, les forces armées israéliennes ont également déployé leurs chars d’assaut près de la frontière avec la bande de Gaza, a rapporté l’AFP.
L’envoyé spécial des Nations unies pour le Moyen-Orient doit se rendre au Caire, en Egypte, pour négocier un cessez-le-feu. Les Egyptiens bénéficient d’une forte influence sur Gaza et entretiennent des relations officielles avec Israël. D’ores et déjà, le porte-parole du Jihad Islamique palestinien, Musab al-Breim, a déclaré qu’il n’était pas « approprié » de discuter des efforts visant à mettre fin à l’escalade des tensions.
Répercussions sur la scène politique israélienne
Dans une analyse, Raoul Wootliff, le correspondant parlementaire du Times of Israël explique que le scénario d’une escalade entre Israël et Gaza pourrait desservir les projets de Benny Gantz, le leader centriste de Bleu et Blanc, quant à la formation d’une coalition gouvernementale, suite aux élections législatives du 17 septembre et après l’échec de Benjamin Netanyahu qui avait reçu en premier le mandat de former un gouvernement.
Ayant été le deuxième à se frotter au défi d’obtenir une majorité gouvernementale à la Knesset, Benny Gantz ne dispose plus que de huit jours pour y parvenir. Sans quoi, les Israéliens seront de nouveau appelés aux urnes pour la troisième fois en un an. Or, Benjamin Netanyahu a déclaré que l’opération à Gaza « pourrait prendre beaucoup de temps ». Et selon Raoul Wootliff, « l’action aura un effet profond sur les processus politiques en cours. »
L’opération militaire diminue la probabilité de la formation d’un gouvernement minoritaire dirigé par Benny Gantz, qui profiterait du soutien extérieur des élus arabes israéliens à la Knesset. Or, des députés arabes ont condamné Israël pour l’assassinat ciblé qui a eu lieu hier à Gaza. Ce qui fait dire à Yuli Edelstein « à quel point il est irresponsable de parler d’une coalition ou d’un gouvernement basé sur le soutien de la Liste arabe ».
Difficile dans ce cas de vendre à l’électorat Bleu et Blanc et aux éventuels alliés du parti de droite nationaliste d’Avigdor Lieberman (Israel Beytenou), cette option qui, dit-on, a été envisagée par Benny Gantz sans toutefois qu’il y ait confirmation ou infirmation officielle. De plus, Benny Gantz a dit soutenir l’opération militaire à Gaza.
D’autre part, selon l’analyste, les développements entre Israël et le Jihad islamique dans l’enclave palestinienne augmentent la possibilité que Benny Gantz et Benjamin Netanyahu acceptent, vu le contexte sécuritaire et poussés par l’opinion publique, de travailler ensemble à travers un gouvernement d’unité.
Jusqu’à présent Benny Gantz avait aussi toujours déclaré renoncer de servir sous un Premier ministre suspecté de corruption. Mais la conduite des opérations à Gaza fait qu’il est difficile pour Benny Gantz « d’attaquer le Premier ministre au cours d’une opération militaire délicate ». Et la situation pourrait le pousser « à accepter un accord en vertu duquel il serait, par exemple, ministre de la Défense sous la direction d’un Premier ministre Netanyahu pour la conduite des opérations ou même pour une guerre en cours ».