Deux bâtiments. Des espaces de prières, de réflexion et de méditation. Ainsi que 160 chambres dont la plupart avec balcon et vue sur le lac de Tibériade ou les ruines de l’ancienne ville de Magdala, dans le nord d’Israël. Voilà comment se présente le nouveau centre d’hébergement pour pèlerins, sorti de terre dans l’ancienne ville connue pour être celle où naquit ou vécut Marie Madeleine, la première témoin de la résurrection de Jésus.
Ce complexe est situé à six kilomètres de Capharnaüm et du mont des Béatitudes. Il a pour objectif de répondre aux besoins des fidèles qui visitent les lieux saints et qui ont besoin d’hébergement, de lieux de culte, d’informations culturelles, voire de formation.
En présence de Mgr Leopoldo Girelli, nonce apostolique en Israël, de Mgr PierbattistaPizzaballa, administrateur apostolique à Jérusalem, et des autorités civiles et religieuses d’Israël, la nouvelle maison d’hôtes a officiellement été inaugurée hier par le cardinal Carlos AguiarRetes, archevêque de Mexico primat du Mexique, car la guesthouse de Magdala est un projet concrétisé par les Mexicains, sous la houlette du père Juan María Solana membre des Légionnaires du Christ. Et c’est aussi pourquoi le père Eduardo Robles Gil, directeur général de cette congrégation aassisté à l’événement.
Plus de 3000 personnes de plus de 20 pays ont permis que ce projet voie le jour pour ne pas tromper la devise choisie à Magdala sous le conseil du frère franciscain, Rafael Dorado adressé au père Solana : « Vise à plaire aux pèlerins de toutes les manières possibles ».
La maison d’hôtes flambant neuve accueillera tout pèlerin ou visiteur désirant glisser ses pas sur ceux de Jésus, des apôtres qui étaient originaires des bords du lac et de Sainte Marie-Madeleine. Même si aucune preuve archéologique n’a prouvé quoi que ce soit du lien de la fidèle disciple de Jésus avec l’ancienne ville de Magdala, des sources écrites des premiers pèlerins des IVe et Ve siècles (à l’instar de Ste Epiphanie), ont signalé le site comme un lieu conservant sa mémoire.
Projets d’avenir
Les porteurs du projet Magdala ne souhaitent pas en rester à la maison d’hôtes : « Dans les prochaines années, nous espérons ouvrir le centre des visiteurs de Magdala, qui proposera des expériences numériques de haute technologie et des explications sur le site, son histoire et son avenir », a ainsi annoncé dans un discours le père Juan Solana, qui a dirigé le projet Magdala jusqu’à maintenant. Un autre pavillon est prévu « pour permettre à davantage de personnes de découvrir la place du ministère public du Christ ».
Le centre abritera également l’Institut Magdalena, un projet de promotion de la dignité de la femme basé sur les enseignements de la Bible et de réflexion sur le féminisme chrétien. « Parmi les autres événements que nous prévoyons d’offrir prochainement, citons des forums promouvant une compréhension approfondie de la culture judéo-chrétienne et des valeurs bibliques, à l’intention des dirigeants d’institutions et de groupes confessionnels », a ajouté le père Solana, conscient du carrefour de l’histoire juive et chrétienne qu’offre Magdala.
L’avenir dira quand ces projets verront le jour. La maison des pèlerins aurait dû être achevée il y a plusieurs années. Elle a finalement été inaugurée 15 ans après avoir germé dans le cœur du père Solana: « En marchant le long de ces rives le 16 novembre 2004, Dieu a placé dans mon cœur le désir de construire une maison d’hôtes pour les pèlerins ». Mais c’était sans compter les surprises archéologiques que réservait le site acheté en deux fois (en 2006 et 2009). A l’époque, la propriété s’appelait encore « Hawaï Beach ».
Un site archéologique d’exception
Sous le terrain acquis a été découvert en 2009 une ville entière du Ier siècle après J.-C. La richesse culturelle et historique du lieu, tant pour les juifs que les chrétiens, avait alors nécessité des fouilles archéologiques, et retardé la construction de la guest house tout en en modifiant les plans originaux. Les fouilles ont été réalisées avec la coopération de l’Autorité des Antiquités israéliennes, qui, pour la première fois, a octroyé à une université mexicaine, l’Université Anáhuac México, l’autorisation de poursuivre les fouilles initiales. Parmi les découvertes les plus importantes à ce jour, retenons une synagogue de 100m² datant du Ier siècle après J.-C. Décorée de fresques et mosaïques, la « pierre de Magdala » est richement sculptée de rosaces, d’un chandelier à sept branches entouré de deux amphores et de petites colonnettes aux angles, qui pourraient être la première représentation du Second Temple de Jérusalem. En outre, des pièces de monnaie datant de 29 après J.-C / 64 après J.-C., confirme que Magdala tenait un emplacement stratégique sur la route de Nazareth à Capharnaüm.
Prochaine ouverture du parc archéologique de la partie franciscaine
Le site de Magdala tenu par les Légionnaires du Christ jouxte un terrain acheté il y a plus d’un siècle par les franciscains. Des fouilles ont été menées dans les années 70 et stoppées au profit du chantier de la ville de Capharnaüm. Ce n’est que vers 2006 que le père franciscain Stefano de Luca, y est revenu travailler. C’est lui qui découvrit les restes d’un port romain doté d’une des plus longues digues du lac ainsi que des vases en verre contenant des dépôts de parfum ancien.
Les découvertes réalisées sur les lieux aux différentes saisons de fouilles ont révélé les vestiges d’un monastère byzantin, des bâtiments de la ville romaine et byzantine de Magdala ainsi que les restes d’un complexe thermal.
L’ouverture de ce parc archéologique est prévue pour le 1er février 2020. Un accord pour la gestion du site entre l’Office de pèlerinage du diocèse de Vicence en Italie et la Custodie de Terre Sainte a été conclu. Quatre-vingt volontaires vont être envoyés en Terre Sainte par groupes de 4-5, pour un mois chacun. Ils ont reçu une formation historique, géographique et biblique pour s’occuper au mieux de l’accueil et de l’animation des groupes de pèlerins.
La partie qui incombe aux Légionnaires du Christ a quant à elle ouvert ses portes en tant que centre de pèlerinage, le 28 mai 2014 et est devenue un lieu de visite important autour de l’église Duc in Altum et d’une partie de la ville du Ier siècle ap. J.-C.En 2018, fait savoir un communiqué, le lieu a été nommé parmi les 25 attractions les plus en vue de tout le Moyen-Orient, et parmi les cinq plus populaires en Israël pour le célèbre site de classement TripAdvisor. Selon l’agence de presse Zenit, en espagnol, l’espace archéologique de Magdala accueille plus de 1000 visiteurs par jour.