Une table pour doser les liquides et des poids de pierre, datant du Second Temple, ont été retrouvés dans la Cité de David à Jérusalem. Ils indiquent, pour les chercheurs israéliens, l'emplacement de l’antique place du marché de la ville.
Les éléments concorderaient plutôt bien. Le dessus d’une table de mesure pour les liquides tels que le vin ou l’huile d’olive d’un côté, des dizaines de poids en pierre de l’autre : ces éléments paraissent assez éloquents aux archéologues pour indiquer les restes d’activités commerciales. Ils leur permettent d’identifier une ancienne place de Jérusalem comme ayant été le marché central de la ville il y a près de 2000 ans.
Les découvertes de cet ancêtre du shouk/souk (marché en hébreu et en arabe) ont été réalisées récemment par l’Autorité des Antiquités d’Israël (AAI), dans la Cité de David, au pied des remparts de la Vieille ville à Silwan, quartier palestinien de Jérusalem-Est, annexée et occupée par Israël.
La table de mesure des « volumes standard » pour les produits liquides et les poids ont tous été retrouvés à proximité d’une grande zone pavée, datant d’il y a 2000 ans, encore en cours de fouilles et ouverte sur « la rue des pèlerinages » (achevée sous Ponce Pilate en 30 ap. J.-C. environ) et qui menait en escalier au Second Temple.
Les bureaux de l’« agoranomos »
Les archéologues suggèrent que cette zone servait de place principale dans ce qui était historiquement connu comme la ville basse de Jérusalem. Zone où auraient été attiré logiquement commerçants comme clients.
Ce qui fait dire à Ari Levi, l’un des directeurs du site, que les récentes découvertes rassemblées « corroborent la théorie selon laquelle [la place] était le site d’une vaste activité commerciale, et cela peut peut-être indiquer l’existence d’un marché. »
Ronny Reich, de l’AAI, suggère même que cette zone – l’agora – abritait les bureaux de l’« agoranomos » ou « préfet du marché ». Car cet officier, chargé de superviser les mesures et les poids dans la ville de Jérusalem, était le seul à qui pouvait appartenir le type de plateau qui servait à créer des unités standardisées pour les liquides.
Seulement deux tables de mesures découvertes jusqu’alors
La partie qui reste de la table de mesures comporte deux petits bassins profonds. Chacun possédant un trou de vidange au fond. Les trous pouvaient facilement être bouchés avec un doigt. L’utilisation était simple. Selon les explications de Ronny Reich, les bacs remplis à ras bord donnaient un volume standard. Puis, le bouchon, une fois retiré, permettait au liquide de s’écouler dans un récipient. De cette façon, les commerçants pourraient calibrer leurs instruments de mesure en utilisant un standard uniforme pour leurs clients.
« C’est une découverte rare », a déclaré l’archéologue. En effet, jusqu’à présent, seules deux tables similaires ont été retrouvées à Jérusalem. L’une dans les années 70 dans le quartier juif, et l’autre à Shuafat, dans le nord de Jérusalem.
En plus de cette table de mesure, les archéologues ont mis au jour des dizaines de poids de mesure en pierre de différentes tailles (pour peser les différentes masses). Les poids ont une forme circulaire aplatie. Selon Ronny Reich, plus de 90% de tous les poids de ce type (plusieurs centaines) ont été trouvés dans des fouilles archéologiques à Jérusalem datant de la période du Second Temple.
Et les poids qui ont récemment retrouvés dans la Cité de David sont du type qui était généralement utilisé à Jérusalem, a déclaré l’archéologue Ari Levy, dans le communiqué de l’AAI. « Le fait qu’il y avait des poids spécifiques à la ville sur le site, explique-t-il, indique les caractéristiques uniques de l’économie et du commerce à Jérusalem pendant la période du Second Temple, probablement en raison de l‘influence du Temple lui-même ».