C’est un projet pharaonique, sur lequel l’Egypte a misé gros. Le Grand Musée égyptien (GME), localisé à Gizeh (dans la banlieue du Caire) en Egypte, est attendu depuis des années. Et devrait ouvrir ses portes en octobre prochain, ont annoncé les autorités égyptiennes.
Avec des bâtiments d’une superficie de 22 000 mètres carrés répartis sur 50 hectares, des espaces d’exposition ultramodernes et une capacité de stockage de 100 000 objets, le Grand Musée égyptien s’imposera très bientôt comme le plus grand musée archéologique au monde. Il marque par là sa différence avec son frère ainé, le musée égyptien du Caire, situé au cœur de la capitale, et souvent pointé du doigt ces dernières années pour sa vétusté et son manque d’organisation.
C’est d’ailleurs là que toute l’histoire a commencé, en 1990. Le ministre égyptien de la Culture, Farouk Hosni, essuie à l’époque une réflexion d’un expert parisien, qui lui décrit le Musée égyptien du Caire comme un « vieil entrepôt ». Vexé, il lance l’idée de construction d’un nouveau musée, qui est entérinée deux ans plus tard par le président égyptien Hosni Moubarak. L’objectif est double : mettre d’avantage en valeur le patrimoine archéologique et culturel du pays, négligé, et désengorger le musée égyptien du Caire.
En 2002, un concours d’architecture est lancé sous le patronage de l’Unesco, que remporte l’entreprise irlandaise Heneghan-Peng. Cette dernière choisit de construire le futur musée à trois kilomètres des célèbres pyramides de Gizeh, afin de contourner les problèmes de circulation du Caire. Les architectes sont également vigilants aux risques de surpopulation des visiteurs, de mauvaise acoustique des salles, et des potentielles menaces qui pèsent sur la conservation du bâtiment.
Le GME paye cependant le prix de son ambition. Le projet, qui prend beaucoup de retard après la révolution de 2011 et l’instabilité politique et économique que connait le pays, voit ses coûts exploser. Le budget est ainsi récemment passé de 800 millions d’euros initials (900 millions de dollars) à 972 millions d’euros (1,1 milliard de dollars), et bénéficie d’un prêt du Japon de 340 millions de dollars.
Aujourd’hui, Tarek Sayed Tawfik, directeur du Grand Musée égyptien, explique : « L’enjeu de ce musée est de parvenir à communiquer l’histoire de notre pays de la meilleure manière possible à un public international. C’est un réel challenge car les objets de nos collections sont issus de périodes et de milieux très différents ». Les milliers d’objets du musée seront réparties en cinq thèmes : « Terre d’Égypte », « Parenté et monarchie », « L’Homme, la société et le travail », « Religion et culture », et « Scribe et savoir ». Parmi les pièces les plus importantes exposées, il est prévu d’y transférer la totalité de la collection, unique au monde, du tombeau de Toutânkhamon.
« Le Grand Musée égyptien présentera une ensemble de collections datant de la Préhistoire jusqu’à la période gréco-romaine », continue ainsi Tarek Sayed Tawfik. « Notre plus grand atout est évidemment la collection du roi Toutânkhamon. Nous avons voulu faire découvrir au public un aspect nouveau de ce roi, révéler l’homme qui se cachait derrière le masque doré. Le musée mettra en avant des détails jamais révélés de sa vie sociale, religieuse et politique. Les visiteurs pourront également entrer dans la vie quotidienne de Toutânkhamon en découvrant, par exemple, le type de vêtements qu’il portrait, ou encore les aliments que composaient ses repas ».
Un boost pour l’économie du pays
Ce musée promet d’être une vitrine pour l’Égypte. Le pari des autorités est qu’il ait un impact direct sur le tourisme : les responsables du projet espèrent ainsi que le GEM attirera 5 millions de visiteurs la première année (soit à peu près le même nombre que la Tate Modern, l’attraction la plus visitée du Royaume-Uni) et, par la suite, dépassera les 7 millions de visiteurs annuels du Metropolitan Museum of Art (Met) de New York. Le prix des billets sera le même que celui du Met et du Louvre, soit environ 20 dollars.
Les autorités égyptiennes espèrent également constituer un pôle touristique autour des pyramides de Gizeh, avec ce musée et un nouvel aéroport en cours de construction, à proximité.
L’Égypte se donne ainsi les moyens de soutenir l’embellie actuelle du secteur touristique, après la chute drastique du nombre de voyageurs depuis 2011.