Actualité et archéologie du Moyen-Orient et du monde de la Bible

Israël, le gouvernement Netanyahu-Gantz est en place

Terrasanta.net
21 mai 2020
email whatsapp whatsapp facebook twitter version imprimable
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu (portant un masque) et le nouveau vice-Premier ministre Benny Gantz se saluent d’un coup de coude à la Knesset le 17 mai 2020. ©Alex Kolomoisky/Pool

C'est le gouvernement le plus large de l'histoire d'Israël qui prêté serment dimanche 17 mai à Jérusalem. Un gouvernement d'urgence et d' « unité nationale », qui écarte quand même l'importante minorité arabe et se prépare à annexer certaines terres en Cisjordanie.


(G.S.) – Depuis le 17 mai, Israël a un nouveau gouvernement, fruit d’un accord pour un exécutif d’urgence signé le 20 avril à Jérusalem par le leader du Likoud Benjamin Netanyahu, et son principal adversaire Benny Gantz, à la tête du parti Kahol Lavan (Bleu et Blanc). L’accord, très complexe, a mis fin à une impasse institutionnelle qui durait depuis plus d’un an et que deux élections précédentes n’avaient pas pu débloquer.

Les deux principaux adversaires étaient également sortis des législatives du 2 mars avec l’impossibilité de former un gouvernement en s’appuyant sur leurs alliés « naturels ». Gantz, qui avait été chargé le 16 mars par le président Reuven Rivlin d’essayer de relever le défi, aurait pu s’appuyer sur les votes en sa faveur, ou au moins sur le soutien extérieur, du parti Israël Beitenu d’Avigdor Lieberman, et des 15 députés, déterminants, des partis arabes. Mais cette fois encore, la politique israélienne a préféré maintenir les représentants de l’importante minorité arabe (un cinquième de la population) dans les coulisses. Benny Gantz, qui avait placé toute la campagne électorale sous la bannière de l’alternative à Netanyahu, a pris un virage radical, en embrassant politiquement le plus ancien des premiers ministres israéliens et en plongeant nombre de ses électeurs dans le désespoir.

Le leader du Likoud a su tirer partie de la pandémie de Covid-19, en gérant l’urgence avec poigne, ce qui a également entraîné le report du procès pénal (pour corruption, fraude et abus de pouvoir) à son encontre du 17 mars au 24 mai.

La physionomie du nouveau gouvernement

L’accord du 20 avril prévoit que le gouvernement restera en fonction pendant 36 mois et sera présidé pendant les 18 premiers mois par Netanyahou, puis par Gantz, qui sera dans un premier temps vice-premier ministre et ministre de la Défense. Son parti politique se voit attribué également les ministères des Affaires étrangères et de la Justice (mais concernant les nominations aux plus hauts niveaux du système judiciaire, Netanyahu disposera d’un droit de veto). Les principaux éléments de l’accord ont été mis en œuvre par la Knesset, qui leur a donné valeur juridique le 7 mai. La veille, la Haute Cour de justice israélienne avait rejeté une série de pétitions contestant la possibilité qu’un accusé dans un procès pénal (Netanyahu) occupe la fonction de Premier ministre.

Le gouvernement Netanyahu/Gantz – le 35ème depuis 1948 – est composé de 36 ministres et d’une quinzaine de vice-ministres, un record dans l’histoire de l’Israël moderne. Il est également composé de membres travaillistes (électoralement parlant en voie de disparition) qui obtiennent deux ministères. Pour la première fois, il y a une femme ministre d’origine éthiopienne : Pnina Tamano-Shata, au ministère de l’Immigration (juive). Plusieurs personnalités du Likoud, le parti de Netanyahu, ont été triées sur le volet. La présidence de la Knesset, assurée pendant quelques semaines par Gantz, revient à un membre du Likoud : Yariv Levin.

Annexion en vue : alarme

Parmi les engagements du nouveau gouvernement inscrits noir sur blanc – qui incluent également les travaillistes – figure la possibilité de commencer l’annexion de la vallée du Jourdain (aujourd’hui dans les territoires palestiniens de Cisjordanie) en juillet si arrive depuis Washington le feu vert de l’administration Trump. Cette mesure, rappelons-le, est déjà incluse dans la vision qu’a le président Donald Trump de la fin du conflit en Terre Sainte, rendue publique le 28 janvier dans son plan Peace to Prosperity.

Le 23 avril, l’Union européenne et les Nations unies ont déjà exprimé leur opposition à une telle éventualité. Leurs positions resteront sur le papier, probablement sans conséquences concrètes.

Même les chefs des Eglises de Terre Sainte, dans un communiqué publié le 7 mai, écrivent qu’ils voient « les projets unilatéraux d’annexion d’un œil inquiet ». Ils appellent l’Etat d’Israël à renoncer à une telle mesure unilatérale, qui anéantirait « tout espoir de succès restant dans le processus de paix ». Ils demandent aux Etats-Unis, à la Russie, à l’Union européenne et aux Nations unies (le Quartet) de relancer une initiative internationale pour une paix juste et durable. Ils demandent à l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), seul interlocuteur reconnu sur le plan international, de mettre fin aux divisions internes de la politique palestinienne et d’œuvrer à la réalisation de la paix et à la création d’un Etat pluraliste et démocratique.

Le numéro en cours

La Newsletter

Abonnez-vous à la newsletter hebdomadaire

Cliquez ici
Les plus lus