Ce matin 28 octobre, dans l’intimité de la chapelle Saint-Marthe, le pape a remis le pallium au nouveau Patriarche des Latins de Jérusalem, sa Béatitude Mgr Pierbattista Pizzaballa.
Ce faisant, le pape rompt avec un usage qu’il a lui-même établi en 2015.
Le code de droit canon stipule: “Le Métropolitain est tenu par l’obligation, dans les trois mois à partir de la consécration épiscopale, ou s’il a été déjà consacré, à partir de la provision canonique, de demander lui-même ou par procureur au Pontife Romain le pallium qui de fait signifie le pouvoir dont le Métropolitain, en communion avec l’Église Romaine, est muni par le droit dans sa propre province. » (Canon 437 du Code de Droit Canonique CIC/1983).
Encore tout à la surprise de sa nomination, comme il en témoignait la veille lors d’une interview à organisée à Molte fedi, le patronage de la ville de Bergame dont il est originaire, Sa Béatitude n’a pas même eu à faire la demande du pallium. Il a été convoqué à le recevoir immédiatement lors d’une cérémonie privée à Rome. Etaient présents quelques prêtres du patriarcat de Jérusalem en études actuellement à Rome, un représentant de la secrétairerie d’Etat, un autre de la Congrégation pour les Eglises orientales, des frères de la Custodie de Terre Sainte du couvent de la Délégation.
L’usage instauré depuis 2015 par le pape François est pourtant que l’archevêque reçoive son pallium des mains du pape à Rome, mais qu’il se le fasse imposer dans son diocèse par le nonce apostolique.
Il faut croire qu’en cette année de pandémie de Covid-19, qui rebat toutes les cartes des usages et habitudes, le pape aura jugé préférable de procéder de la sorte.
Mgr Pierbattista Pizzaballa devrait être de retour dans son diocèse « prochainement » d’après des sources au patriarcat. Mais les interrogations sont nombreuses quant aux modalités de ce retour.
Le nouveau patriarche devrait être selon les usages, accueilli solennellement à la porte de Jaffa, par le Nonce apostolique, les évêques du diocèse, le chancelier et les prêtres et séminaristes, les congrégations religieuses, les fidèles, des représentants des Eglises sœurs, des autorité civiles…. autant de quoi exploser les normes en vigueur du fait des restrictions sanitaires quand aucune réunion à l’extérieur ne prévoit plus de 20 personnes. Qu’en sera-t-il de son entrée au Saint-Sépulcre et à la concathédrale au patriarcat ?
Mais indépendamment de cette précaution d’anticipation prise par le pape, il faut probablement voir de sa part un geste de confirmation dans la mission qu’il a confiée à celui qui avait tout fait pour l’éviter.
La laine utilisée pour le pallium symbolise la brebis perdue portée sur les épaules du Bon Berger, les croix en soie noire, les plaies du Christ. Les pallia sont bénis à Rome pour la fête des saints Pierre et Paul, le 29 juin, ainsi le pallium symbolise-t-il la communion de l’Église locale avec le successeur de Pierre. On peut voir inversement dans le geste posé par le pape François à Sainte-Marthe ce jour, un geste de la communion et de l’attention du pape avec l’Eglise de Terre Sainte et son pasteur.