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Quels axes pour le mandat du nouveau patriarche latin ?

Christophe Lafontaine
2 novembre 2020
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Mgr Pizzaballa lors de l'entrée solennelle de Noël dans les rues de Bethléem ©Nadim Asfour/CTS

Au micro de Radio Vatican, Mgr Pizzaballa a donné les premières orientations de sa mission de patriarche. Au cœur : l’unité du diocèse catholique latin de Terre Sainte et un « bon groupe de collaborateurs ».


« La prière est la condition préalable ». C’est ainsi que le nouveau patriarche des catholiques latins du diocèse de Terre Sainte entrevoit sa mission. A partir de là, interrogé le 30 octobre par la radio du Vatican, Mgr Pizzaballa, répond vouloir articuler son mandat autour de deux défis principaux déclinés sur le plan spirituel et sur le plan social.

Pour premier axe, le nouveau patriarche s’emploiera à « devenir un élément d’unité ». Et ce, dans un contexte « de grande fragmentation sociale, politique et économique, qui affecte nécessairement aussi le religieux », explique-t-il. Sa priorité sera donc – mais il n’entend pas le faire seul – de « rassembler le troupeau, la communauté », avec l’aide des prêtres, des religieux et religieuses, des séminaristes et des diacres. Un défi pour le diocèse « pluriforme » et majoritairement arabophone dont il est à la tête et qui a juridiction sur quatre pays. De plus, ce diocèse se divise en six vicariats : à Jérusalem et en Palestine, en Jordanie, en Israël et à Chypre pour les quatre premiers. Il existe en sus un vicariat pour les catholiques hébréophones et un vicariat pour les Migrants et les Demandeurs d’Asile en Israël. Ce dernier a été érigé en mai 2018 sous l’impulsion de Mgr Pizzaballa lui-même, alors Administrateur apostolique du Patriarcat. A l’époque déjà, l’unité du diocèse lui tenait à cœur. « Les chrétiens locaux, les communautés religieuses, les pèlerins venus des quatre coins du monde vers les lieux saints, les travailleurs étrangers, les migrants et les réfugiés, chacun avec sa langue, son histoire et sa culture, appartiennent à la même Eglise de Terre Sainte », avait-il déclaré. Pour relever le défi, le prélat, d’origine italienne et issu de l’ordre franciscain, pourra certainement jouir d’une relative indépendance dépassant tout lien ou tropisme familial, ethnique, voire politique.

Le deuxième axe de sa mission s’inscrit sous un angle social. D’abord autour des « vieux problèmes » tels le conflit israélo-palestinien, l’économie en difficulté, et un Etat-Providence très fragile en particulier dans certaines parties des Territoires palestiniens. Ensuite autour des « nouveaux problèmes » liés à la pandémie de coronavirus, et le blocage de toute l’économie touristique et des pèlerinages qui en découle. Ce qui a créé, déclare le patriarche, « sur une situation déjà fragile, une situation à la limite, je ne dis pas du désespoir, mais, à la limite d’une situation très grave, je n’oserais pas dire irréversible ». A l’aune de cette situation, le patriarche estime que son devoir est de guider ses fidèles « à vivre dans une situation donnée, avec une attitude de vie, de résilience, comme on dit aujourd’hui, et non de défaite ou de frustration ».

Bientôt un nouvel auxiliaire pour Jérusalem et la Palestine

Pour suivre les deux axes qu’il s’est définis, et même si le patriarche déclare que « ce n’est pas le moment de prendre immédiatement des actes de gouvernement », le nouveau patriarche – qui ne travaillera pas seul, insiste-t-il – sait qu’il lui faudra penser à s’entourer d’un premier cercle de collaborateurs. En clair, penser à la nomination des vicaires des différentes régions pastorales, des conseils presbytéraux, etc. Son souhait est de « créer un bon groupe » avec lequel il pourra « définir les prochaines lignes du futur ». Il faudra dans un premier temps qu’il appelle un nouveau prêtre (au moins) à l’épiscopat pour être aidé à Jérusalem voire à Nazareth. Chacun sait que la démission pour limite d’âge de Mgr Giacinto-Boulos Marcuzzo, vicaire pour Jérusalem et la Palestine depuis le 15 août 2017, a été acceptée par le pape François le 29 août dernier. C’est le pape qui nomme les évêques mais le patriarche peut suggérer des noms pour remplacer son auxiliaire. Le patriarche aura le choix parmi les 104 prêtres qui sont au service du Patriarcat dont 24 sont d’origine étrangère. Parmi ces derniers, la plupart sont membres du Chemin néocatéchuménal.

Mais beaucoup de prêtres du diocèse sont trop jeunes. Par ailleurs, sans qu’il y ait de véritable portrait-robot pour la mission de vicaire pour Jérusalem et la Palestine, on a pu retenir du passé récent que les vicaires épiscopaux à Jérusalem et en Palestine (de même que pour ceux de la Jordanie) étaient arabophones mais pas forcément d’origine arabe, avaient généralement passé quelques années d’études à Rome et étaient souvent titulaires d’un doctorat. Il n’est pas rare non plus qu’ils aient occupé des places importantes au cœur de la vie du diocèse en tant que recteur du Séminaire de Beit-Jala, ou comme directeur général des Ecoles du Patriarcat latin en Palestine ou en Jordanie, par exemple. Le successeur de Mgr Marcuzzo sera-t-il arabe, d’origine étrangère, câblé pour les défis de la pastorale des migrants ou riche d’une expérience caritative auprès des plus pauvres en cohérence avec les aspirations du pape François ? Dans un communiqué du Patriarcat latin, il était annoncé que Mgr Marcuzzo resterait Vicaire général « jusqu’à la nomination du nouveau Patriarche ». L’heure d’une prochaine nomination pour le remplacer semble donc proche.

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