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Israël accélère sur ses projets de colonies à Jérusalem-Est avant le départ de Trump

Cécile Lemoine
16 novembre 2020
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Un homme brandit un drapeau israélien dans le quartier de Givat Hamatos, lundi 16 novembre. Photo par Yonatan Sindel/Flash90

L’État Hébreu profite des derniers mois d’un contexte géopolitique favorable pour avancer sur la construction d’une enclave juive dans une zone stratégique de Jérusalem-Est. Un projet qui mettrait en péril une solution à deux États.


L’annonce soulève déjà les critiques internationales. L’autorité foncière israélienne a publié, dimanche 15 novembre, un appel d’offres pour la mise en chantier de plus de 1 257 logements dans la région de Givat Hamatos. Située au Sud de la ligne verte, qui sépare Jérusalem depuis 1967, cette enclave est une zone stratégique. 

« Ces nouveaux logements encercleront le village palestinien de Beit Safafa et bloqueront la continuité territoriale palestinienne, remettant ainsi en cause la solution d’un État palestinien avec Jérusalem-Est pour capitale » (1), s’insurge l’association Ir Amim, qui œuvre à faire de Jérusalem une ville plus équitable et durable pour ses habitants, qu’ils soient Israéliens ou Palestiniens. « Ce que nous voyons ici est une tentative d’annexion de facto et cela ne peut pas durer », s’est indigné Sven Kühn Von Burgsdorff, représentant de l’Union européenne à Jérusalem, lors d’un déplacement à Givat Hamatos, lundi 16 novembre.

En rouge, au sud de Jérusalem, le quartier controversé de Givat Hamatos à la frontière de Gilo et Beit Safafa. Crédits : Ir Amim

Fenêtre de tir

Le projet remonte à 2014. Il a dû être suspendu, en raison de l’opposition internationale. Miki Zohar, député et fidèle allié de Benyamin Netanyahu, raconte sur Twitter que le retour du projet Givat Hamatos était planifiée depuis le mois de mars. Ne restait qu’à trouver le bon moment pour passer à l’action. L’alternance politique à la Maison Blanche a offert au premier ministre une fenêtre de tir idéale.

La dernière date pour présenter les offres est le 18 janvier 2021. Soit tout juste deux jours avant la fin de la présidence de Donald Trump. « Je suis sûr que notre ami le président Trump et le Premier ministre Netanyahu en profiteront avec succès », a tweeté Miki Zohar.

« Les deux mois à venir, précédant le changement de l’administration présidentielle américaine, seront une période critique, estime Ilan Rozenkier, sociologue et fondateur de l’observatoire de la colonisation « La paix maintenant ». Israël va  profiter de ce laps de temps pour faire avancer des projets dont il pense qu’ils se heurteront à l’opposition de la nouvelle administration. »

Visite d’une colonie en Cisjordanie

Le développement des colonies en fait partie. Donald Trump a mené une politique extérieure largement favorable à Israël, en déplaçant son ambassade à Jérusalem, en légitimant le processus de colonisation… À l’occasion d’un déplacement dans la région cette semaine, le secrétaire d’État Mike Pompeo devrait même visiter une colonie de Cisjordanie. Une première. 

La rhétorique devrait changer avec la prise de fonction de Joe Biden, le 20 janvier prochain. Opposé à ces pratiques, le président élu avait déjà affronté Benyamin Netanyahu il y a dix ans, au sujet du plan de construction d’une autre enclave juive de Jérusalem-Est appelée Ramat Shlomo, Le désaccord avait provoqué une rupture diplomatique et conduit Netanyahu à geler temporairement et officieusement de nouvelles constructions à Jérusalem-Est.

 

1. On appelle Jérusalem-Est toute la partie de Jérusalem à l’Est de la ligne Nord-Sud.

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