Que célèbrent les juifs pendant Hanoukkah ?
L’histoire de Hanoukkah, la fête de l’Édification ou des Lumières, est celle d’une victoire militaire puis spirituelle des juifs de Judée sur les tentatives d’hellénisation de l’Empire séleucide, au IIe siècle avant J.-C.
Dans les années 160 avant notre ère, le roi Antiochus IV cherche à imposer la culture et la religion grecque à la Terre sainte, conquise par son père quelques années auparavant et restée autonome. Les juifs, qui avaient obtenu l’autorisation d’exercer librement leur culte, sont désormais considérés comme hors-la-loi. Leur religion et leurs pratiques sont interdites. Le Temple de Jérusalem est transformé en un lieu de dévotion des dieux Grecs.
Face à cette tentative d’assimilation, la population juive est divisée. Si certains soutiennent Antiochus IV, d’autres résistent. Un certain Judah, surnommé Macchabée (le marteau), prend la tête d’une armée, réduite, mais déterminée. Contre toute attente, ils parviennent à mettre en déroute les Séleucides et à reprendre Jérusalem.
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Ils détruisent l’autel profané par les sacrifices faits aux dieux grecs et en édifient un nouveau dans le temple. Le mot Hanoukka signifie « édification ». Il renvoie à la nouvelle inauguration du Temple de Jérusalem, reconquis par les Macchabées.
Le récit de cette victoire militaire se trouve dans la Bible, au sein du premier livre des Macchabées, ainsi que dans le Talmud (compilation des discussions rabbiniques sur les divers sujets de la Loi juive, écrit des siècles après la Bible). La suite, la victoire spirituelle, n’est relatée que dans le Talmud.
On y lit que, parmi les décombres du Temple, les Macchabées découvrirent un flacon scellé d’huile d’olive sainte servant à allumer la ménorah à sept branches qui doit brûler en permanence au sein de temple. Le flacon était petit. Il ne permettrait de maintenir le chandelier allumé qu’une seule journée. Un miracle se produisit alors, rapporte le texte. L’huile de cette unique fiole brûla pendant huit jours. Les huit journées de festivités de Hanoukkah seraient les héritières de ce miracle.
La Bible n’évoque pas l’épisode. Elle raconte plutôt que c’est Judah qui instaure Hanoukkah lors de l’inauguration du temple. Les festivités durent alors huit jours, à l’image de l’inauguration du premier temple de Jérusalem par Salomon.
« La tradition juive a favorisé la version des rabbins du Talmud : à travers le souvenir d’un miracle divin, la fête de Hanoukkah commémore une victoire spirituelle contre l’assimilation plutôt qu’une victoire militaire », analyse Macha Fogel, journaliste pour le Monde des Religions.
Quand a-t-elle lieu ?
Hanoukkah est une fête d’hiver, qui commence à la veille du 25 du mois hébraïque de Kislev et se poursuit pendant huit jours. Dans le calendrier civil, la date change chaque année, mais elle coïncide généralement avec la fin novembre ou la fin décembre.
Le calendrier juif est fondé sur le cycle lunaire : tous les trois ans, un mois supplémentaire est ajouté au printemps, afin de respecter le rythme des saisons. La proximité de Hanouka avec Noël la rend poreuse à d’autres coutumes.
Quelle place a Hanoukka parmi les autres fêtes juives ?
La fête des Lumières n’a pas été instaurée par la Bible juive, mais par le Talmud. Cela lui confère une importance moindre que le shabbat, les fêtes de nouvel an (Roch Hachana et Yom Kippour), ou la Pâque (Pessah), toutes évoquées dans la Bible.
Alors que ces festivités sont des journées fériées, Hanoukka permet de vaquer à ses occupations habituelles. « Récemment, en Israël, la fête a pris une nouvelle teinte avec l’exaltation laïque du courage national des Macchabées, pourtant secondaire dans la tradition religieuse », explique Macha Fogel.
Quelles traditions entourent cette fête ?
Chaque soir, pendant les huit jours de Hanoukkah, les familles juives allument une nouvelle bougie de leur chandelier à neuf branches, appelé hanoukia. Le rite est très codifié. Les bougies ne sont pas allumées n’importe comment.
Plantées de droite à gauche (le sens de la lecture en hébreu), elles sont enflammées de gauche à droite, en commençant chaque soir par la « nouvelle » bougie. Les chandeliers sont parfois placés à l’entrée des maisons. Une chandelle auxiliaire, le chamach, est utilisée pour les embraser. Elle est fixée sur une branche située à côté ou au-dessus des huit branches principales.
Le miracle de Hanouka impliquant de l’huile, les festivités sont inévitablement accompagnées d’aliments frits. Le met classique d’Europe orientale est le latkè (galette) de pomme de terre. En Israël, c’est la soufganya (beignet), fourrée de confiture.
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Autre coutume, spécifique des juifs ashkénazes : jouer à la toupie. Mais pas n’importe laquelle : une dreidel, à quatre faces, utilisée comme un dé. Sur chaque face, une lettre hébraïque. L’ensemble forme l’acrostiche de la phrase : « Un grand miracle a eu lieu là-bas ». Ces lettres sont aussi, en yiddish, les initiales des actions à accomplir dans le jeu. L’enjeu est généralement un pot de pièces de monnaie, ou de noisettes, qui sont gagnées ou perdues selon la lettre que la toupie affiche.
Alors que les jeux de hasards sont interdits par la tradition juive, celui a étrangement subsisté. L’histoire raconte que, malgré l’interdiction d’étudier la Torah formulée par Antiochus IV au IIe siècle av. J.-C., qui empêchait aux enfants d’apprendre, ceux-ci ont quand même continuer à se réunir. Ils trompaient les patrouilles de soldats en sortant leurs toupies et simulaient des parties endiablées. « La tradition célèbre donc la motivation des enfants pour l’étude, et c’est pour cela qu’ils sont gâtés à Hanouka », glisse Macha Fogel.
Traditionnellement, les enfants reçoivent le Hanoukkah Guelt : quelques pièces d’argent à dépenser selon leurs souhaits. L’étrenne a progressivement été remplacée par des pièces en chocolat et l’usage veut désormais que les enfants reçoivent de vrais cadeaux, sous l’influence probable de Noël.