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Élections législatives israéliennes : ce qui distingue celles à venir des trois dernières

Cécile Lemoine
15 janvier 2021
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Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu lors d'une conférence de presse relative au Covid-19. 9 décembre 2020. Photo : Yonatan Sindel/Flash90

Conséquences de la pandémie, recomposition politique et lassitude latente... Plusieurs éléments laissent penser que l’issue du scrutin du 23 mars pourrait être différente des trois précédents.


Israël s’en va sur ses quatrièmes élections en moins de deux ans. Comme les précédents scrutins, celui du 23 mars prochain devrait prendre la forme d’un référendum pour ou contre le Premier ministre Benyamin Netanyahou, au pouvoir depuis 14 ans.

Après trois élections les ayant placés au coude-à-coude, Benyamin Netanyahou (Likoud) et son rival Benny Gantz (parti centriste Bleu-Blanc) s’étaient finalement entendus au printemps pour former un gouvernement d’union censé gérer les débuts de la pandémie. L’accord entre les deux hommes prévoyait que Gantz remplace Netanyahou au poste de Premier ministre début 2021. Seule condition à cette rotation : l’adoption d’un budget unique pour les années 2020 et 2021.

Rien de tout cela ne s’est produit. La « coalition d’unité et d’urgence », composée de partis qui se méfient les uns des autres, s’est déchirée sur fond d’explosion de la pandémie. Puis Netanyahou a bloqué l’adoption du budget d’État, ce qui a déclenché la dissolution du Parlement fin décembre et mis en route une nouvelle campagne électorale.

Plusieurs éléments laissent penser que l’issue de ce scrutin pourrait être différente des trois précédents.

L’effet Covid-19

La dernière élection a eu lieu en mars 2020, alors qu’Israël restait relativement épargné par la pandémie. Le contexte sanitaire s’est depuis largement détérioré, entraînant dans son sillage des conséquences économiques et sociales délétères pour le pays. « Israël expérimente le chômage pour la première fois depuis 1967 et un tiers de la population vit sous le seuil de pauvreté , s’émeut Michel Warschawski, journaliste et militant anticolonialiste israélien, lors d’une conférence en ligne, donnée par l’Iremmo.

L’État hébreu est aujourd’hui confronté à deux tendances contradictoires : alors qu’il est le pays le plus avancé dans le processus de vaccination avec 25% de sa population inoculée une première fois, il compte aussi un des taux d’infection le plus élevé au monde. « La gestion de la pandémie est un des facteurs qui pourrait changer la dynamique de l’élection, explique Hugh Lovatt, spécialiste de la région israélo-palestinienne au Conseil européen des relations internationales, à Terre Sainte Magazine. Ce n’est pas pour rien que Netanyahou accélère sur la vaccination. On peut lire ses angoisses politiques à travers les décisions qu’il prend. »

Procès et manifestations

Si Benyamin Netanyahou pouvait jusqu’à lors compter sur une base électorale fidèle et très solide, la lassitude semble gagner les Israéliens. Depuis fin juin, des milliers de manifestants se réunissent chaque samedi soir – en dépit de l’état d’urgence sanitaire qui interdit les rassemblements, devant la résidence du Premier ministre à Jérusalem pour exiger sa démission.

Pointé du doigt pour sa mauvaise gestion de l’épidémie et actuellement en procès pour trois affaires de corruption, Netanyahou apparaît en mauvaise posture. « Les gens n’ont plus confiance dans leurs dirigeants, et par ricochet, ils n’ont plus confiance dans le système », remarque Liran Harsgor, professeure de théorie politique à l’université d’Haïfa dans Le Monde. Le Jerusalem Post ose même cette comparaison : « Les Israéliens sont les victimes d’une relation abusive avec les gouvernants.»

Les élections arrivent au mauvais moment pour le Premier ministre, qui devra mener de front sa défense, une campagne électorale et l’apaisement de la crise sanitaire.

Paralysie politique

Sur le plan politique, les forces en présence ne sont plus les mêmes qu’au printemps. Les rivaux les plus sérieux de Netanyahou se trouvent sur sa droite, bloc en pleine recomposition politique. Les deux adversaires les plus en vue, Naftali Bennett et Gideon Saar sont d’anciens collaborateurs de Netanyahou. « S’ils s’unissent avec d’autres partis de droite et du centre, ils pourraient réunir une majorité », entrevoit Ben Sales, journaliste pour Times of Israël.

De l’autre côté de l’échiquier politique, les alternatives sont peu nombreuses. La gauche sioniste s’est effondrée. Seule la liste Arabe unie, un groupement d’Arabes israéliens est sortie gagnante des précédentes élections en récoltant toujours plus de voix. « La nature a horreur du vide. Sans alternatives ni à gauche ni au centre, le glissement vers l’extrême droite se fait de plus en plus plausible », analyse le journaliste et historien Dominique Vidal.

À trois mois du vote, dans un paysage politique fragmenté, les sondages ne permettent pas de dessiner l’issue du scrutin. Hugh Lovatt, du Conseil européen des relations internationales anticipe déjà : « Les résultats seront serrés, et il sera compliqué de former une coalition de gouvernement. On se dirige probablement vers un moment de paralysie politique. » Il y a des choses qui ne changent pas.

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