Alors que les taux de vaccination commencent à stagner en Israël, les acteurs publics rivalisent d’ingéniosité pour pousser la population à se faire vacciner.
Opération « bière gratuite contre vaccination ». À Tel-Aviv ce week-end, un bar a offert des bières et des shots aux clients qui acceptaient de se faire vacciner sur place. La campagne, menée par la mairie de Tel-Aviv en coordination avec l’hôpital Ichilov et Maguen David Adom (l’équivalent israélien de la Croix-Rouge), doit durer un mois. Et c’est déjà un succès.
L’opération a permis la vaccination de 2 245 personnes en l’espace de deux jours, selon le propriétaire du bar cité par le média espagnol El Confidencial. Les jeunes rencontrés par la journaliste hispanophone témoignent de l’attrait représenté par la gratuité de la boisson et de l’aspect pratique de se déplacer dans un bar plutôt que dans un centre de vaccination.
Alors qu’Israël a réussi à injecter la première dose du vaccin à plus de 50% de sa population en l’espace de deux mois, le rythme intensif de la campagne a ralenti ces dernières semaines, faute de volontaires. Ce ne sont pourtant pas les doses qui manquent, puisque l’État hébreu avait commencé à les distribuer aux pays amis qui avaient reconnu Jérusalem comme la capitale d’Israël, avant d’être stoppé par une décision de justice.
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Les jeunes font partie, avec les juifs ultra-orthodoxes et les Arabes israéliens, des plus sceptiques face au vaccin. Seuls 30 % des adolescents éligibles se sont fait vacciner jusqu’à présent et 25 % des jeunes Israéliens qui n’ont pas été vaccinés n’ont pas l’intention de le faire, selon une enquête diffusée par Channel 12.
La carotte plutôt que le bâton
Le phénomène inquiète les autorités, d’autant plus que trois quarts des nouveaux cas de Covid-19 concernent des personnes de moins de 39 ans, a recensé le Centre d’information israélien sur les coronavirus. D’où la multiplication des initiatives d’incitation menée par Maguen David Adom. Objectif : cibler ces populations réticentes. À la « vaccination de comptoir », s’est donc ajoutée la distribution de knafe, un bonbon arabe, dans la ville de Yafo, et de « cholent », un plat juif typique d’Europe centrale qui est consommé principalement au dîner du vendredi, dans la ville ultra-orthodoxe de Bnei Brak. Des postes de vaccination ont même été installés à la sortie de magasins Ikea.
Dan Goldschmidt, le gérant du bar de Tel-Aviv, n’a pu que constater l’efficacité son opération : « Les Israéliens sont beaucoup moins anti-vaccins si vous les mettez à l’aise. Prendre rendez-vous, de faire la queue… C’est fastidieux. En revanche, si vous leur offrez un verre en même temps que le vaccin, ils ne refusent pas », analyse-t-il dans El Confidencial. Autre incitation : le « badge vert », un dispositif gouvernemental qui permet aux personnes ayant reçu les deux doses de vaccin d’accéder aux complexes sportifs, aux salles de spectacle et autres cinémas.
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« La politique de la carotte, plutôt que du bâton ne semble pas mauvaise, estime quant à lui le sociologue Jérôme Bourdon de l’université de Tel Aviv. Et cela obéit à la logique épidémiologique : plus on est vacciné, plus vite la vie normale peut être rétablie, l’économie peut s’ouvrir. Je pense que les politiques d’incitation sont très susceptibles d’attirer une partie de la population. » Et tous les moyens sont bons.
