L’Eglise catholique arménienne est en deuil. Son Patriarche s’est éteint à l’âge de 86 ans à Beyrouth au Liban. Krikor Bedros XX Gabroyan (Grégoire Pierre XX) fut patriarche sous le titre de Catholicos-Patriarche de Cilicie des Arméniens du 25 juillet 2015 jusqu’à sa mort.
L’Orient-Le jour résume ainsi son parcours et sa personnalité : « Éducateur, homme de prière et d’action, doté d’une vaste culture et d’une extraordinaire mémoire, Krikor Bedros était connu pour sa grande ouverture, mais aussi sa grande fermeté et sa loyauté indéfectible au Saint-Siège ».
Ses funérailles seront célébrées samedi 26 mai en la cathédrale catholique arménienne Saint-Élie-et-Saint-Grégoire-l’Illuminateur, à Beyrouth et il sera inhumé au couvent patriarcal de Bzommar, village situé une quarantaine de kilomètres au nord-est de la capitale libanaise et considéré comme le centre spirituel de l’Église arménienne catholique.
Près de 40 ans au service des Arméniens catholiques en France
L’Église catholique arménienne est l’une des Églises catholiques orientales qui fait partie intégrante de l’Eglise catholique depuis 1740. Elle est membre du Conseil des Églises du Moyen-Orient, branche régionale du Conseil œcuménique des Églises. Selon l’Œuvre d’Orient, les Arméniens catholiques sont 600 000 dans le monde : 450 000 en Orient dont 400 000 en Arménie et dans les pays de l’ex-Union soviétique. Le primat a sa résidence à Beyrouth.
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C’est l’arménien classique qui, aujourd’hui encore, est la langue liturgique de cette Église, qui suit le rite arménien attesté dès le Ve siècle et pratiquement inchangé depuis. Il fut influencé au cours des siècles par les rites byzantin et syriaque. Dans cette Eglise, on trouve deux congrégations masculines, l’Institut du clergé patriarcal de Bzommar (Liban) et la congrégation des pères mékhitaristes, ainsi qu’une congrégation pour les religieuses, la congrégation des Sœurs arméniennes de l’Immaculée Conception.
Né dans l’actuelle Syrie à Alep, alors sous protectorat français, le 14 novembre 1934, celui qui fut le 20e patriarche de l’Eglise arménienne catholique, a grandi au Liban, avant de rejoindre le collège pontifical arménien de Rome pour terminer ses études de philosophie, puis l’université pontificale grégorienne de Rome pour sa théologie.
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Ordonné prêtre le 28 mars 1959, il retourne au Liban où, jusqu’en 1975, il occupe divers postes dans les institutions du Patriarcat arménien catholique, jusqu’à devenir recteur du Séminaire de Bzommar. Nommé évêque le 3 janvier 1977 et consacré évêque le 13 février 1977, il devint le premier exarque apostolique arménien de France (1977-1986) puis fut nommé éparque de ce même diocèse (1986-2013). Il servira pendant 36 ans la communauté arméno-catholique de France avant de prendre sa retraite en 2013.
Un nouveau patriarche dans 40 jours
Le 25 juillet 2015, alors qu’il avait déjà atteint l’âge de 80 ans, le synode de l’Église catholique arménienne l’avait choisi comme patriarche de Cilicie des Arméniens catholiques. Succédant au patriarche Nersès Pierre XIX Tarmouni décédé le 25 juin précédent. Le pape François lui écrivit le lendemain pour lui accorder la communion ecclésiastique à la suite de son élection.
Pour gérer la transition, a été annoncé le 26 mai que l’Archevêque arménien catholique d’Alep, Boutros Marayati, a été nommé Administrateur Apostolique par intérim de l’Eglise arménienne catholique. C’est lui qui sera donc chargé de convoquer les membres du synode de l’Église catholique arménienne pour élire le nouveau patriarche. Le successeur devra être choisi dans un délai de 40 jours. Comme ses prédécesseurs, il aura « Pierre » comme deuxième prénom. Boutros Marayati, né à Alep en février 1948, a été ordonné prêtre en 1971 et évêque en 1990.