« Opportunités d’emploi pour la sauvegarde du patrimoine culturel en Jordanie ». C’est l’intitulé d’un programme pilote, qui vient de se terminer ces tout derniers jours à Rihab, dans le nord jordanien. Plutôt que de passer par des experts internationaux, il s’agit d’investir dans la main-d’œuvre locale à long terme pour la sauvegarde du patrimoine culturel jordanien, de renforcer l’attractivité touristique des sites archéologiques concernés en améliorant leur visibilité et les informations in situ. Le tout, en atténuant le besoin immédiat de création d’emplois parmi les Jordaniens ayant peu ou pas de ressources, et les réfugiés syriens accueillis dans le royaume hachémite.
L’Unesco est partenaire de ce projet avec le Département des Antiquités jordaniennes, l’Agence allemande pour la coopération internationale (GIZ) et l’Association des volontaires du service international (AVSI). Le projet est financé par ministère fédéral allemand de la Coopération économique et du Développement (BMZ) dans le cadre de l’initiative « S’attaquer aux causes profondes de la migration, stabiliser les régions d’accueil, soutenir les réfugiés ».
Mission accomplie
Les travaux de Rihab se sont achevés le 27 mai. L’accent a été mis sur la préservation et la reconstitution de mosaïques, sur la conservation des structures architecturales et sur une meilleure présentation des vestiges. D’une part dans l’église Sainte Marie, érigée en 533 ap. J.-C., mesurant 13 m de largeur et 20 m de longueur. D’autre part, au sein d’un double complexe ecclésiastique datant du début de la période byzantine (fin du VIe et début du VIIe siècle ap. J.-C.) avec une église dédiée à saint Jean-Baptiste et une autre connue comme l’église des prêtres Serge et Procope, selon une inscription dédicatoire découverte dans la nef principale de l’église.
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Là, des tailleurs de pierre ont aussi restauré pilastres et plinthes. Les sols en mosaïque de l’église Saint-Jean-Baptiste, sont caractérisés par des motifs géométriques et floraux, avec notamment une représentation des quatre fleuves du Paradis. Courant juin, des cartes et panneaux d’interprétation seront mis en place dans les églises et un abri pour l’église Sainte Marie sera installé en septembre 2021.
Rihab est connu pour avoir abrité au fil du temps environ 32 églises, pour la plupart de l’époque byzantine. Abandonnées au IXe siècle, leurs ruines ont été redécouvertes à la fin des années 90.
Le projet englobait aussi la réhabilitation de deux sentiers touristiques sur le site de Petra, la célèbre cité nabatéenne au sud de la Jordanie. Offrant aux visiteurs de nouvelles opportunités pour découvrir la valeur globale de Petra, notamment en reliant la Petite Pétra, située à 10 km au nord de sa grande sœur, au « Monastère », le plus grand bâtiment de la Grande Pétra. En outre, le sommet du Sîq (« le fossé »), la gorge naturelle menant au site antique, avait besoin d’être déblayé de débris et de roches détachées, pour mieux protéger le site contre les risques d’éboulements.
270 emplois dans un pays où le taux de chômage est de 23%
Le deuxième but du projet permettant que le premier se réalise était la création d’emplois à court terme, par le biais d’une approche « argent contre travail ». Le projet comprenant aussi une formation à la préservation du patrimoine culturel et commandant l’implication directe de la population locale vivant à proximité du site de Pétra, tandis qu’à Rihab, le projet a ciblé aussi bien les Jordaniens vulnérables que les réfugiés syriens vivant dans les environs de la ville qui se trouve de fait à 30 km de la frontière syrienne.
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Actuellement, dans un pays où le taux de chômage est de 23%, le projet a permis d’offrir des opportunités d’emploi à 270 travailleurs : 150 à Petra et 120 à Rihab, dont 20% de femmes et 4% de personnes handicapées. A Rihab, l’objectif était d’engager jusqu’à 50% de travailleurs syriens.
L’approche adoptée pour ce projet a un grand impact financier et psychologique sur les travailleurs qui non seulement se voient fournir des emplois mais aussi de nouvelles compétences pour être des membres actifs dans la sauvegarde de leur patrimoine culturel. L’expérience sera reproduite dans le cadre d’un projet plus vaste qui cible six autres sites dans le nord de la Jordanie. L’initiative, soutenue par l’Union européenne, sera mise en œuvre par l’Unesco. L’objectif est d’employer 1 000 personnes.