Deux lieux, deux dates, mais une même période. Deux pièces de monnaie datant des révoltes juives contre les Romains ont été récemment découvertes en Cisjordanie occupée, à 30 kilomètres au nord-est de Jérusalem, dans la partie nord du désert de Judée, par des archéologues de l’université israélienne de Bar Ilan.
Les symboles et les devises qui apparaissent sur les deux pièces de monnaie en question affichent clairement les objectifs des rebelles juifs à l’époque : « la liberté politique, la libération de Jérusalem du conquérant romain et le renouvellement du culte dans le Temple », expliquent les archéologues dans leur communiqué.
La première pièce a été découverte dans le sol du site archéologique de Khirbat Jib’it, juste au sud de la ville palestinienne de Douma. Elle date de la Grande Révolte – la première révolte des Juifs de la province de Judée contre l’Empire romain -, qui s’est déroulée entre 66 ap. J.-C. et 73 ap. J.-C.
Dvir Raviv, qui a dirigé les fouilles affirme que la pièce a été frappée vers 67-68 ap. J.-C. A noter qu’à peine trois ans plus tard, en 70 ap. J.-C., les Romains détruisaient le Temple de Jérusalem. La pièce porte sur l’avers une feuille de vigne et une inscription en hébreu « Herut Zion » (la liberté de Sion), et le revers présente un vase à deux anses et on peut lire l’inscription « An II ».
Bar Kokhba faisait battre monnaie
A un kilomètre au nord de KhirbatJib’it, une deuxième pièce a été trouvée dans une grotte sur les falaises de Wadi Rashash, datant de la révolte – environ 65 ans plus tard – de Bar-Kokhba (132-135 ap. J.-C). Selon le DvirRaviv, cette pièce a été frappée vers 134-135 ap. J.-C. et porte sur la première face une branche de palmier. Les archéologues suggèrent qu’il s’agit probablement d’un lulav, l’une des plantes rituelles utilisées pendant la fête juive de Soukkot. On voit aussi sur cette face de la pièce, une couronne entourée de l’inscription « LeHerutYerushalayim » (pour la liberté de Jérusalem).
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L’autre face est décorée d’un instrument de musique, probablement une lyre selon le directeur des fouilles, ainsi que de l’inscription « Shimon », le nom du chef des rebelles, Shimon Ben Kosevah, plus connu sous le nom de Bar-Kokhba, mort en 135.
La révolte de Bar Kokhba a éclaté à cause des restrictions religieuses imposées par les Romains, ainsi que de la décision de l’empereur Hadrien de construire une ville romaine sur les ruines de la Jérusalem juive. Bar Kokhba organise alors un soulèvement, monte une armée, instaure un Etat juif indépendant en terre de Judée, projette de reconstruire le Temple, et fait battre monnaie. À l’époque, les pièces de monnaie étaient considérées comme une expression importante de souveraineté.
Une survivance juive plus au nord que prévu
Pendant les révoltes, les rebelles juifs se sont réfugiés dans des grottes utilisées comme cachette. Pour Dvir Raviv, la pièce de monnaie Wadi Rashash « indique la présence d’une population juive dans la région jusqu’à 134-135 ap. J.-C., contrairement à une affirmation précédente selon laquelle l’établissement juif dans les hautes terres au nord de Jérusalem a été détruit pendant la Grande Révolte et n’avait pas été habité par la suite ».
Cela signifie que beaucoup ont survécu dans le désert de Judée bien plus longtemps qu’on ne le supposait. Les archéologues précisent par ailleurs que cette pièce serait « la première preuve que la région d’Aqrabat, le district de Judée se trouvant le plus au nord pendant la période romaine, était contrôlée par l’administration de Bar-Kokhba ». À l’époque, cette région constituait le 11e district de la province de Judée. Sa capitale était Aqrabat. Un village arabe moderne du même nom se trouve toujours au même endroit.
Les grottes de Wadi Rashash étaient beaucoup plus petites que celles d’autres régions du désert de Judée. Mais « sur la base de la quantité de poterie, nous pouvons supposer que des dizaines de personnes y ont trouvé refuge », a déclaré DvirRaviv au Jerusalem Post.