Ambiance apocalyptique à Jérusalem. Alors que les festivités de l’Assomption touchent à leur fin ce dimanche 15 août, le ciel s’assombrit subitement. Masqué par un épais nuage de fumée, le soleil se transforme en un point rougeoyant dont les rayons peinent à filtrer. Il est 17h mais la luminosité est de celle des plus beaux couchers de soleil. Un bref passage par le mont des Oliviers, qui domine Jérusalem, permet de comprendre ce qui se joue : un violent incendie fait rage à une vingtaine de kilomètre, à l’ouest de la ville.
Lundi matin, cinq foyers étaient encore actifs, les pompiers n’étant toujours pas venus à bout de ce qu’ils considèrent déjà comme un des plus importants feux de forêt dans la région de Jérusalem depuis des années. Près de 1 700 hectares de forêt sont partis en fumée, soit quasiment quatre fois plus que lors des précédents incendies dans la région, selon le communiqué des pompiers. Alimenté par l’aridité et les vents, l’incendie a contraint l’évacuation de 10 000 personnes dans six villes de l’ouest de Jérusalem : Beit Meir, Ksalon, Ramat Raziel, Shoresh, Sho’eva and Givat Ye’arim. Ils ont pu réintégrer leur logement ce lundi.
99% des incendies israéliens causés par l’Homme
Si les causes de l’incendie sont à 100% humaines, nous ne savons pas encore si le geste était délibéré ou accidentel », a déclaré Dedi Simhi, le porte-parole des pompiers, dimanche soir, avant de préciser qu’une enquête serait ouverte une fois le feu éteint. » En Israël, moins de 1 % des incendies de forêt sont naturels : plus de 99 % sont causés par l’action humaine », souligne Alon Mazar, porte-parole de l’Autorité israélienne des incendies et des secours, cité par Haaretz. La semaine dernière, alors que d’impressionnants incendies se propageaient en Grèce et en Turquie, les services Israéliens ont interdit les barbecues ou l’allumage de feu dans la nature, estimant que la majeure partie du pays courrait un « risque extrême d’incendie ». En cause : la sécheresse, qui s’intensifie d’année en année dans la région.
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Bien que l’aridité n’allume pas les feux (une étincelle est toujours nécessaire), lorsque la végétation est desséchée par la chaleur, les incendies n’en sont que plus puissants. Le mois de juillet 2021 vient d’être classé comme le pire en matière d’incendies à l’échelle mondiale depuis le début des relevés satellitaires en 2003. Les feux de forêts et de prairies ont libéré 343 mégatonnes de carbone, soit environ un cinquième de plus que le précédent pic mondial de juillet, fixé en 2014, ont estimé des scientifiques du service de surveillance de l’atmosphère Copernicus de l’UE. Plus de la moitié de ces émissions provenait de deux régions : l’Amérique du Nord et la Sibérie, mais la saison des incendies ne fait que commencer en Méditerranée.
Zones à risques
En Israël, les zones les plus à risques sont bien identifiées par l’Autorité israélienne des incendies : « L’intérieur des villes et des villages, affirme Shay Levy dans Haaretz, prenant l’incendie de Haïfa en 2016 comme exemple. La raison est contre-intuitive : il s’agit de la présence de verdure. « Les gens veulent avoir l’impression de vivre dans une forêt. La verdure peut atténuer le changement climatique et nous en avons besoin. Mais nous devons garder à l’esprit que c’est du carburant pour les incendies et qu’elle doit être gérée correctement », explique le chef du département de lutte contre les incendies.
Le feu de ce dimanche est le deuxième qui fait rage en l’espace de 10 jours dans la région.