Un athlète qatari de 30 ans, fils d’émigrés soudanais, a été l’un des visages les plus fameux des Jeux olympiques de 2020 qui viennent de s’achever à Tokyo. Mutaz Barshim a en effet remporté le concours de saut en hauteur en partageant la plus haute marche du podium avec Gianmarco Tamberi, dans l’un des moments les plus emblématiques de cette édition, après avoir franchi la barre à 2,37 mètres. « J’espère que nous serons tous deux une source d’inspiration, soutenir les autres est le plus beau des cadeaux », a écrit Barshim dans un tweet. A Tokyo, le petit et très riche émirat du Golfe, qui « achète » souvent des athlètes étrangers pour obtenir les succès sportifs auxquels il aspire, a également remporté une autre médaille d’or, en haltérophilie, avec Fares Elbakh, une athlète d’origine égyptienne.
Egalement égyptienne, la karatéka de 22 ans, Feryal Abdelaziz, a été la seule à remporter la médaille d’or (catégorie + 61 kg) pour son pays. L’Egypte a également remporté une médaille d’argent et quatre médailles de bronze avec la plus grande délégation du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord (139 athlètes). Deux autres Egyptiens sont montés sur le podium, se classant troisième en karaté et en taekwondo. Tous les pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord ont participé aux Jeux olympiques de Tokyo, et tous, à l’exception des Emirats arabes unis, comptaient des femmes dans leurs équipes.
Peu de médailles pour les équipes olympiques arabes
Dans l’ensemble, les pays arabes n’ont pas remporté beaucoup de succès aux Jeux olympiques (18 médailles au total) : l’or a été remporté en athlétisme par le Marocain Soufiane El Bakkali dans le 3000 steeple, tandis que le nageur tunisien Ahmed Hafnaoui a été le plus rapide dans le 400 mètres nage libre. Une médaille de bronze a été remportée en haltérophilie (catégorie supérieure à 109 kg) par le Syrien Man Asaad. La Syrie, malgré la guerre, était présente aux Jeux, avec six athlètes.
L’Iran a fait mieux, avec trois médailles d’or (tir, lutte gréco-romaine et karaté) et un total de sept médailles. D’autres succès dans la région ont été remportés par le jeune archer turc Mete Gazoz et le boxeur Busenaz Sürmeneli dans la catégorie des poids welter (la Turquie a remporté un total de 13 médailles).
Lire aussi >> JO de Tokyo : Petite histoire de l’équipe palestinienne
Enfin, Israël a établi un record national de médailles d’or en gymnastique avec l’athlète ukrainien Artem Dolgopyat et le champion de gymnastique rythmique Linoy Ashram. Les Israéliens ont également remporté deux médailles de bronze cette année. Dans toute l’histoire de sa participation aux Jeux, Israël n’avait remporté qu’une seule fois une médaille d’or olympique avec le navigateur Gal Friedman à Athènes en 2004.
Vers les Jeux paralympiques
C’est maintenant l’heure des Jeux paralympiques, qui s’ouvriront à Tokyo le 24 août et se termineront le 5 septembre. Environ 4 000 athlètes de 153 pays souffrant de handicaps moteurs, visuels et intellectuels y participeront. Ces Jeux se tiennent officiellement depuis l’édition de 1960 à Rome, mais sont nés plus tôt, de l’engagement d’un médecin juif allemand, le neurologue Ludwig Guttman, qui a fui les nazis pour se rendre en Grande-Bretagne et a participé dans l’après-guerre, en tant qu’expert des lésions de la moelle épinière, au traitement de nombreux blessés et invalides de guerre.
L’utilisation du sport comme thérapie et rééducation était sa grande intuition et, dès 1948, il a organisé des compétitions avec des athlètes paralympiques. Une idée qui, en 1960, grâce à l’action du médecin italien Antonio Maglio, s’est concrétisée en devenant les premiers Jeux paralympiques, suivant de quelques jours les Jeux olympiques de Rome.
Lire aussi >> Mohamed al-Khatib le palestinien et son rêve olympique
Depuis lors, le nombre de participants aux Jeux paralympiques a augmenté. A Tokyo, les athlètes participeront à 540 compétitions dans 22 disciplines sportives différentes. Presque tous les pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord participent, avec un nombre variable d’athlètes. Les délégations les plus importantes sont celles de la Turquie (87) et de l’Iran (62). Au total, les pays arabes envoient près de 150 athlètes et Israël, 33.
Des athlètes paralympiques plus compétitifs
Notons une curiosité statistique : en regardant le tableau des médailles, les pays de la région semblent être plus compétitifs aux Jeux paralympiques. Lors de l’édition 2016 à Rio de Janeiro, l’Iran s’est distingué, 15e avec 29 médailles au total, et la Tunisie avec 19 médailles. On peut noter que lors des derniers Jeux olympiques d’été, les 20 pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord ont remporté 42 médailles sur 1080 (soit un peu moins de 4 % de l’ensemble des médailles décernées), alors que lors des derniers Jeux paralympiques qui se sont tenus à Rio de Janeiro en 2016, ils ont remporté près de 7% des prix.
Parmi les plus grands champions des Jeux paralympiques figurent l’haltérophile égyptienne Fatma Omar, qui a souffert de la polio à l’âge d’un an et a remporté quatre médailles d’or et une d’argent entre 2000 et 2016, et le volleyeur iranien Ali Golkar Azghandi (trois médailles d’or et une d’argent). Un Kurde iranien, Siamand Rahman, considéré comme l’athlète paralympique le plus fort de tous les temps, s’est imposé à Rio en soulevant un peu plus de 300 kg (le record chez les valides pour le développé couché est de 335 kg).
La plus grande athlète paralympique de tous les temps reste l’Israélienne Zipora Rubin-Rosenbaum, née en 1946 et également victime de la polio à l’époque pré-vaccinale : entre 1964 et 1988, elle a remporté 30 médailles, dont 15 en or, dans diverses disciplines allant de l’athlétisme au basket-ball en fauteuil roulant, de la natation au tennis de table.
Certains athlètes d’une autre équipe, viennent également du Moyen-Orient : le porte-drapeau de « l’équipe olympique des réfugiés » à Tokyo était la nageuse syrienne Yusra Mardini, 23 ans, née à Damas et qui a fui il y a six ans avec sa famille vers l’Europe via la Turquie et la mer Égée. Sur les 29 athlètes de l’équipe olympique des réfugiés, neuf sont syriens, cinq sont iraniens et il y a un irakien. Cinq athlètes masculins et une athlète féminine (trois Syriens, un Iranien, un Burundais et un Afghan) participeront également aux Jeux paralympiques, représentant ainsi plus de 80 millions de réfugiés dans le monde, dont 12 millions, selon l’Onu, souffrent d’un handicap quelconque. Ils ont fait le long chemin jusqu’à Tokyo. (f.p.)