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Une stèle révèle le soutien inattendu d’un pharaon aux Hébreux

Aristide Malnati et Virginia Reniero
8 septembre 2021
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Stèle de la XXVIe dynastie découverte dans un champ près d'Ismaïlia, en Égypte. ©Ministère égyptien du tourisme et des antiquités)

Découverte en Egypte, une stèle intacte révèle qu'au VIe siècle avant J.-C., le pharaon Apriès a envoyé ses troupes défendre Jérusalem à plusieurs reprises, soutenant les Hébreux dans leur lutte contre les Babyloniens.


Les preuves sont indubitables, et l’alliance inattendue. Alors qu’il préparait sa terre pour les semailles, un fermier d’Ismaïlia, une grande ville à l’est du Caire, sur la route du Sinaï, est tombé par hasard sur une stèle monumentale et complètement intacte. Gravé en alphabet hiéroglyphique tardif, son texte est pour le moins surprenant : le pharaon Wah Ib Re (Apries pour les Grecs) se vante de succès militaires décisifs contre les Babyloniens, au cours des campagnes qu’il mène régulièrement dans les territoires qui sont aujourd’hui les États d’Israël et de Syrie. Eternels rivaux, Egyptiens et Babyloniens se disputaient les terres fertiles du Proche-Orient antique.

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Dans l’énumération de ses victoires, le pharaon – et c’est là la surprise à laquelle nous avons fait référence – parle d’une forte alliance militaire entre son armée et celle des Hébreux, dans la longue guerre qui l’oppose à Nabuchodonosor II (634-562 av. J.-C.), dont les plans d’expansion étaient précis. Une lecture plus minutieuse de la stèle par les égyptologues, dont Zahi Hawass, savant de renomée mondiale, montre ainsi Apries et l’Egypte ont pris la défense du peuple d’Israël à plusieurs reprises, envoyant au moins une fois leurs troupes pour protéger Jérusalem.

Libération du peuple juif

Les chercheurs avancent également que l’armée du pharaon a joué un rôle important dans la libération du peuple juif de deux années de captivité babylonienne. Celle-ci a commencé en 587 avant J.-C. après la conquête de Jérusalem et la déportation de ses citoyens. Apries était le cinquième souverain de la XXVIe dynastie. Il a régné vers 600-580 av. J.-C, période qui coïncide donc parfaitement avec la prise de Jérusalem par Nabuchodonosor II, la domination babylonienne pendant au moins deux ans et la libération victorieuse du peuple juif.

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On comprend que les Hébreux, pour se libérer si rapidement d’un ennemi aussi puissant, n’ont pu que bénéficier d’une aide extérieure. Et cette aide ne pouvait être que celle offerte par la plus grande puissance de l’époque : le pays du Nil.

Ennemi commun

La stèle qui vient d’être retrouvée est une stèle dite « de frontière » : il s’agit de rapports émis directement par la chancellerie du pharaon à chaque fait d’armes, décisifs pour la stabilité de d’Egypte, du souverain. Ces déclarations étaient d’abord placées dans les zones frontalières avant d’être installées dans les principaux temples du pays. Objectif : informer les sujets des succès obtenus grâce à la protection de telle ou telle divinité, dont le pharaon était l’unique représentant sur terre.

La nouvelle stèle précise la chronologie des interventions en faveur des Hébreux : Wah Ib Re a été le souverain le plus actif et le plus régulier dans ses opérations militaires en faveur d’un peuple qui a toujours été l’adversaire historique des Egyptiens. Une découverte unique dans l’histoire des relations entre le peuple juif et l’Egypte, qui montre que l’alliance est possible, face à un ennemi commun.

 

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