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Chypre, une île divisée aux multiples confessions

Francesco Pistocchini
1 décembre 2021
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Le port de Kyrenia, au Nord de Chypre ©Michal Klajban/Wikicommons

Troisième plus grande île de la Méditerranée, Chypre est divisée en cinq parties. Une complexité géopolitique qui se reflète dans les affiliations religieuses des Chypriotes. États des lieux alors que le Pape s'apprête à leur rendre visite du 2 au 4 décembre.


Chypre, qui accueillera le pape François du 2 au 4 décembre, est depuis des millénaires un carrefour d’influences historiques, artistiques et religieuses. Les Hittites, les Égyptiens, les Perses, les Grecs et les Romains l’ont dominée avant le Christ ; puis les Byzantins, les Francs, les Vénitiens, les Turcs ottomans et, enfin, les Britanniques. Elle a rejoint l’Union européenne en 2004.

C’est la troisième plus grande île de la Méditerranée, et pourtant Chypre est presque trois fois plus petite que la Sicile. Malgré sa petite taille, son territoire est divisé en cinq parties :

  • La République de Chypre : hellénophone et internationalement reconnue)
  • La République turque de Chypre du Nord : non reconnue officiellement et créée après la crise de 1974 et l’invasion turque
  • La zone tampon contrôlée par les troupes de l’ONU
  • Deux zones laissées au Royaume-Uni en 1960 comme bases militaires à la fin de la colonisation britannique commencée au XIXe siècle.

De facto, trois souverainetés différentes s’exercent sur l’île. Cette complexité géopolitique est le reflet d’une histoire troublée, qui se poursuit toujours aujourd’hui et se reflète dans les affiliations religieuses des Chypriotes.

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La grande majorité des locuteurs grecs sont des chrétiens orthodoxes. Au nord, les Chypriotes turcs sont des musulmans sunnites. L’Église orthodoxe de Chypre, dont les origines les plus anciennes remontent à la prédication de saint Barnabé, est l’une des 14 Églises orthodoxes autocéphales. L’archevêque actuel, chef des orthodoxes depuis 2006, Chrysostomos II, avait accueilli à Chypre Benoît XVI, premier pontife à se rendre sur l’île en 2010, avant de se rendre au Vatican.

Un dixième des catholiques latins sont chypriotes

Les catholiques de Chypre, qui rencontreront le pape François en ce début du mois de décembre, sont une minorité et sont divisés entre catholiques latins (c’est-à-dire de rite romain) et maronites. Les catholiques latins sont organisés en quatre paroisses (Nicosie, Limassol, Larnaca et Paphos) qui dépendent du Patriarcat latin de Jérusalem. Depuis 1847, il y a un vicaire patriarcal (actuellement le père Jerzy Kraj), et onze prêtres officient de nos jours.

À l’exception de Paphos (prêtres de l’Institut du Verbe Incarné), les paroisses sont confiées aux Frères mineurs de la Custodie de Terre Sainte. L’Eglise catholique de Chypre compte environ 25 000 fidèles, dont un dixième sont des Chypriotes. Les autres sont des immigrants, principalement issus d’Asie, mais aussi des réfugiés et des expatriés européens. La composante migratoire est considérable dans la partie grecque de Chypre et l’accueil des réfugiés est un thème central de la visite papale à Chypre et en Grèce.

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Deux écoles catholiques jouissent d’une grande réputation : le Terra Sancta College de Nicosie, fondé par des franciscains au milieu du XVIIe siècle, et la St. Mary School de Limassol. Il y a plus de 6000 étudiants dans les écoles catholiques.

10 000 fidèles Maronites

Les catholiques latins sont arrivés à Chypre à la fin du XIIe siècle, quittant les côtes méditerranéennes avec le soutien du roi franc de Jérusalem pendant les croisades. Plusieurs ordres catholiques romains se sont installés sur l’île et, pendant les périodes de domination franque (1192- 1489) et vénitienne (1489-1571), laissant des traces importantes de leur passage dans le patrimoine architectural, avec des cathédrales, des châteaux, des abbayes… La communauté catholique romaine n’a jamais disparu, même pendant la période ottomane. Elle est aujourd’hui particulièrement active dans les associations et les activités caritatives (foyers pour travailleurs étrangers, maisons pour personnes âgées, etc.)

Les Maronites sont eux arrivés du Liban entre le VIIIe et le XIIIe siècle. Ils sont réunis dans l’archiparoisse de Chypre, qui compte 10 000 fidèles et une dizaine de paroisses. Kormakitis, dans la partie nord de Chypre, était le centre de la colonisation maronite sur l’île, mais la plupart des villages maronites qui ont prospéré au cours des siècles passés, ont été vidés après l’occupation turque du nord.

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Les Arméniens orthodoxes viennent compléter le tableau confessionnel chypriotes. Ils sont environ 2 500, répartis sur 3 paroisses. Les catholiques latins, les maronites et les arméniens sont représentés par trois observateurs à l’assemblée parlementaire de Nicosie, comme le prévoit la Constitution de 1960.

Une visite papale tournée vers l’œcuménisme

Il y a également une présence anglicane, en raison de ses liens avec le Royaume-Uni, et une présence juive (environ deux mille personnes et une synagogue à Larnaca). Les musulmans représentent près d’un quart des habitants de l’île, mais ils sont presque tous concentrés dans la partie turque, suite aux douloureux transferts de population qui ont égalisé le nord turcophone et le sud hellénophone. Il reste peu d’orthodoxes dans la zone turque.

La présence d’immigrés à Chypre dessine aussi de nouveaux équilibres religieux : les mosquées des villes du sud de Chypre, abandonnées par les Chypriotes turcophones repliés dans le nord, renaissent aujourd’hui grâce aux travailleurs musulmans du Moyen-Orient et d’Afrique.

À Lysi, au Nord de Chypre, une ancienne église a été reconvertie en mosquée ©
Pavloscy/Wikicommons

La messe célébrée par le Pape François à Nicosie le 3 décembre marquera un moment d’œcuménisme : elle verra les deux communautés catholiques réunies dans une liturgie en grec, latin et anglais, en la fête de Saint François Xavier. Un petit clin d’œil du calendrier qui souligne une dimension missionnaire et une ouverture au monde.

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