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Jérusalem : une « zone spéciale » pour le quartier chrétien ?

Christophe Lafontaine
14 décembre 2021
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Vue générale sur l’horizon de la vieille ville, depuis les toits du quartier chrétien de Jérusalem© SlimanKhader / Flash90.

Les Eglises de Jérusalem appellent à « entamer un dialogue sur la création d'une zone spéciale » pour préserver le quartier chrétien de la vieille ville de Jérusalem. Comme la loi le reconnaît déjà pour le quartier juif.


Cela s’appelle « passer à la vitesse supérieure ». Jeudi 9 décembre, les représentants des Eglises chrétiennes en Terre Sainte s’étaient réunis derrière le patriarche grec-orthodoxe de Jérusalem, Theophilos III. Ce dernier, du haut d’un balcon de l’Imperial Hotel, à la Porte de Jaffa, l’une des entrées du quartier chrétien, a tenu à rappeler la présence et l’influence des chrétiens en Terre Sainte. Il en a profité pour mentionner les menaces qui planent sur l’identité, les propriétés et les habitants du quartier chrétien de la vieille ville de Jérusalem. Notamment à travers les agissements de groupes radicaux juifs nationalistes désireux, via le rachat de maisons palestiniennes, de réduire la présence des non-juifs à Jérusalem.

Dans cette optique, quatre jours plus tard, le 13 décembre, via une déclaration commune, les 13 patriarches et chefs des Eglises chrétiennes à Jérusalem, ont demandé « un dialogue urgent » aux autorités politiques d’Israël, de Palestine et de Jordanie, se déclinant sous deux appels.

Deux appels à « un dialogue urgent »

Le premier appel vise clairement à susciter le dialogue pour « traiter les défis présentés par les groupes radicaux de Jérusalem à la fois à la communauté chrétienne et à l’état de droit, afin de garantir qu’aucun citoyen ou institution n’ait à vivre sous la menace de la violence ou de l’intimidation ».

Dans leur second appel, les chefs des Eglises chrétiennes de Jérusalem veulent également « entamer un dialogue sur la création d’une zone spéciale de culture et d’héritage chrétiens afin de sauvegarder l’intégrité du quartier chrétien de la vieille ville de Jérusalem et d’assurer que son caractère unique et son héritage soient préservés pour le bien-être de la communauté locale, de notre vie nationale et du monde entier [en référence aux pèlerins, ndlr] ».

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Les auteurs du communiqué ne manquent pas de rappeler que « le principe selon lequel le caractère spirituel et culturel des quartiers distincts et historiques de Jérusalem doit être protégé est déjà reconnu par la loi israélienne en ce qui concerne le quartier juif ».

Pour mémoire, le quartier chrétien se situe dans la partie nord-ouest de la vieille Jérusalem où se trouve autour du Saint-Sépulcre, patriarcats, couvents, monastères et églises. On peut aussi y accéder par la porte Neuve au nord.

Un « engagement national » trahi au niveau local

Outre les « tractations sournoises » et les « tactiques d’intimidation » concernant l’immobilier et les expulsions qui peuvent s’en suivre, les patriarches et chefs des Eglises chrétiennes de Jérusalem, évoquent que la dernière décennie a vu les chrétiens de Terre Sainte devenir « la cible d’attaques fréquentes et soutenues de la part de groupes radicaux marginaux ».

Et d’en faire l’inventaire : « depuis 2012, il y a eu d’innombrables incidents d’agressions physiques et verbales contre des prêtres et d’autres membres du clergé, des attaques contre des églises chrétiennes, avec des lieux saints régulièrement vandalisés et profanés, et une intimidation continue des chrétiens locaux qui cherchent simplement à pratiquer leur culte librement et à vaquer à leurs occupations quotidiennes. Ces tactiques sont utilisées par ces groupes radicaux dans une tentative systématique de chasser la communauté chrétienne de Jérusalem et d’autres parties de la Terre Sainte. »

Si les signataires de la déclaration saluent « l’engagement déclaré » du gouvernement israélien à protéger les chrétiens, ils se disent cependant très préoccupés de voir qu’il n’y a pas d’application concrète sur le terrain. Constatant amèrement que « [l’] engagement national est trahi par l’incapacité des politiciens locaux, des fonctionnaires et des forces de l’ordre à mettre un frein aux activités [précitées]. »

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