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Un voyage de plus en plus probable du Pape au Liban

Christophe Lafontaine
22 mars 2022
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Le pape François en 2014, ici à Bethléem, lors de son voyage en Terre Sainte ©Atta Jaber/Flash90

Le Pape a reçu hier le président du Liban et a redit vouloir visiter son pays. Michel Aoun a quant à lui appelé à "soutenir la proposition de création d'un fonds de soutien national au Liban" sous l’égide du St-Siège.


Le chef de l’Etat libanais, un catholique maronite, Michel Aoun effectue une visite officielle au Vatican et en Italie du 20 au 22 mars. Cité par la présidence libanaise sur son compte Twitter, le pape François a déclaré que le Liban occupait « une place particulière dans [ses] prières et [ses] préoccupations». Et a ajouté : « je m’y rendrai pour y renouveler l’espérance». Ce n’est pas la première fois qu’un tel voyage est envisagé.

La veille de sa deuxième rencontre avec le Pape – la première remonte au 16 mars 2017-, le président du Liban tout juste arrivé à Rome, avait renouvelé son invitation au Pape à se rendre dans son pays. « Je porte à Sa Sainteté un message d’amour au nom des Libanais, et renouvelle mon invitation pour qu’il se rende au Liban ». Et encore : « la chrétienté au Liban n’est pas menacée. J’attends avec impatience la visite du Pape, comme un message d’espoir, pour réaffirmer que le Liban n’est pas éphémère et qu’il reste un modèle de vivre-ensemble malgré les difficultés ». Le Liban est le seul pays du monde arabe à avoir un chef d’Etat chrétien. Près d’un tiers de sa population est chrétienne.

Un voyage papal au Liban pour la fin 2022 ?

Si aucune date définitive d’un voyage papal au pays du Cèdre n’a été avancée de part et d’autre, le quotidien libanais L’Orient-Le Jour avait rapportéquelques jours avant la visite de Michel Aoun au Vatican, que selon des sources proches de la présidence, « les détails d’une visite très attendue du Pape au Liban, en septembre prochain » devaient être étudiés autour de cette rencontre. Rencontre qui officiellement marquait le 75e anniversaire des « bonnes relations diplomatiques » entre le Saint-Siège et le Liban, dont l’importance a été soulignée dans un communiqué publié hier par la salle de presse du Saint-Siège à l’issue de l’entrevue.

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De son côté Vatican News rappelle qu’un voyage du Pape au Liban « devrait néanmoins avoir lieu d’ici la fin de l’année », rapportant des propos tenusen février dernier devant le Corps diplomatique accrédité près le Saint-Siège, par l’archevêque Paul Richard Gallagher, secrétaire du Vatican pour les relations avec les Etats. Une chose est certaine, c’est qu’un tel voyage, qui interviendrait 10 ans après celui de Benoît XVI, et 25 ans après celui de Jean-Paul II, apporterait aux chrétiens du Liban et aux Libanais en général un encouragement moral. Maintes fois, le Pape a exprimé sa proximité et sa profonde inquiétude face aux multiples et graves difficultés que traverse le Liban. Il a notamment consacré une journée à la prière et à la réflexion pour le Liban au Vatican, le 1er juillet dernier.

« Les graves problèmes socio-économiques » du Liban

A l’aune de ces préoccupations, c’est très logiquement que les échanges hier entre le Pape et le Président ont été dominés par la crise politique et les conséquences « désastreuses » de l’explosion meurtrière du port de Beyrouth du 4 août 2020, faisant notamment référence pour ce dernier point à la « demande de justice et de vérité exprimée par les familles des victimes », selon le communiqué du Saint-Siège, alors que l’enquête n’avance pas depuis des mois en raison d’ingérences politiques internes.

Aussi, durant l’entretien, « l’attention s’est tournée vers les graves problèmes socio-économiques que connaît le pays et la situation des réfugiés, dans l’espoir que l’aide de la communauté internationale, les prochaines élections législatives [ndlr : prévues le 15 mai prochain] et les réformes nécessaires pourront contribuer à renforcer la coexistence pacifique entre les différentes confessions religieuses qui vivent au Pays du Cèdre ».  Ces dernières années, le Liban a subi un afflux d’environ un million et demi de réfugiés de la guerre en Syrie, une crise financière dévastatrice, un manque de gouvernance stable, une vague d’émigration importante qui a touché son élite, et tout cela sans compter l’impact de la pandémie de Covid-19. Qui plus est, l’invasion russe de l’Ukraine menace également de provoquer une crise alimentaire au Liban, qui dépend des importations de blé en provenance de ce pays d’Europe de l’Est.

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Malgré tout, l’agence de presse AsiaNews a rapporté que « selon certains observateurs, la visite au Vatican du chef de l’Etat représentait un signe positif adressé à la communauté internationale et confirmait – bien qu’indirectement – la claire intention des autorités de mener à bien les élections politiques prévues le 15 mai selon le calendrier, ainsi que la formation d’un nouveau gouvernement, deux conditions fondamentales pour garantir la stabilité politique interne du pays ».

Le Saint-Siège, un parrain

Le président Aoun a également rencontré le cardinal secrétaire d’Etat Pietro Parolin, numéro deux du Saint-Siège, qui a déclaré selon la présidence libanaise : « la stabilité du Liban contribue à la stabilité de la région, et nous avons de nombreuses raisons d’être à vos côtés ». Le chef de l’Etat libanais s’est aussi entretenu avec l’archevêque Paul Richard Gallagher, le ministre des Affaires étrangères du Saint-Siège.

Début février, ce dernier avait appelé depuis Beyrouth la communauté internationale à « aider le Liban à mettre un terme à sa crise économique ». L’archevêque avait également assuré que le Saint-Siège était prêt à jouer le rôle de médiateur d’un dialogue entre partis politiques, à condition qu’une demande officielle soit présentée par toutes les parties intéressées.

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Enfin, Michel Aoun a aussi appelé, depuis Rome, à « soutenir la proposition de création d’un fonds de soutien national au Liban, sous les auspices du Saint-Siège, et de doubler les programmes d’assistance au Liban ». Un appel qui intervient à l’heure où la guerre en Ukraine attire les aides et l’attention de la communauté internationale… Le chef de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et le chef du Programme alimentaire mondial des Nations unies (PAM) qu’il a rencontrés hier après-midi ont tous deux déclaré que la suggestion de Michel Aoun serait prise en considération, a signalé la présidence libanaise.

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