C’est plus d’un vote exprimé sur deux. Eric Zemmour a réuni 53,59% des suffrages des Français qui votaient dans les 13 bureaux de vote français en Israël et Jérusalem lors du premier tour de l’élection présidentielle ce dimanche 10 avril. Si les résultats définitifs dans cette partie de la 8e circonscription des Français à l’étranger ne seront publiés qu’après la proclamation officielle du Conseil constitutionnel, ce mercredi 13 avril, des chiffres provisoires circulent sur Twitter.
Le candidat d’extrême-droite distance largement Emmanuel Macron, qui récolte 31,72% des voix. Valérie Pécresse, la candidate des Républicains, arrive en troisième position avec 5,64% des voix, suivie de Marine Le Pen qui ne récolte que 3,32% des suffrages, et de Jean-Luc Mélenchon (1,63%).
Français de l’étranger : #Israël, 13 bureaux de vote.
Résultats finaux :
Zemmour : 53,59%
Macron : 31,72%
Pécresse : 5,64%
Le Pen : 3,32%
Mélenchon :1,63%Le Pen réalise toujours un score très bas en Israël. Qu’en sera-t-il cette fois au second tour ?
— Julien Bahloul (@julienbahloul) April 11, 2022
Des résultats qui tranchent avec ceux réalisés en France, où Emmanuel Macron et Marine Le Pen arrivent en tête avec respectivement 27,84% et 23,15% des votes, reléguant Eric Zemmour à la quatrième place et 7,07% des suffrages.
Marine Le Pen a toujours réalisé un score très bas en Israël. « Il y a une barrière psychologique associée à son nom de famille et alimentée par le souvenir des frasques antisémites de son père et des néonazis au FN », analyse Julien Bahloul, un ancien journaliste franco-israélien et commentateur de la société israélienne.
« Beaucoup de Français se sont installés en Israël à cause de l’antisémitisme qu’ils ont vécu en France, notamment en banlieue. Or ce sujet a été une thématique importante de la campagne d’Eric Zemmour. Il a été le premier à parler de Jérémy Cohen et l’un des premiers à condamner les attentats en Israël. Les Français du pays y ont été très sensibles », estime Julien Bahloul.
La fin d’une barrière historique ?
L’analyste voit une autre raison dans le succès du polémiste dans le pays : « Le fait que Zemmour soit juif le rend, d’une certaine manière, « casher » aux yeux des Français d’Israël. Ils lui ont pardonné plus facilement certaines sorties scandaleuses parce qu’il ne peut pas être soupçonné d’antisémitisme. »
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Le scrutin n’a pas passionné les franco-israéliens, ou les Français résidents en Israël. Sur 59 214 inscrits, seuls 5 892 sont allés voter dimanche. Soit une participation de 9,84%. Un phénomène assez habituel, juge Julien Bahloul : « Ceux qui vont voter sont ceux qui ont gardé un fort attachement à la France. C’est généralement une population assez âgée, qui a grandi en France », explique-t-il, avant d’ajouter : « De nombreux franco-israéliens qui ont fait leur Aliyah ne se considèrent pas comme binationaux. Voter pour un pays dans lequel ils n’habitent plus n’a pas forcément de sens pour eux. »
La teneur du vote des franco-israliens lors du second tour des élections reste un gros point d’interrogation. Les électeurs de Zemmour en Israël vont-ils suivre sa consigne et voter pour la candidate du Rassemblement National ? « Si c’est le cas, une barrière historique sera tombée », conclue Julien Bahloul.