La réalité virtuelle s’invite au Christian Information Center
Frère Tomasz Dubiel, franciscain et directeur du Christian Information Center, tend des lunettes de réalité virtuelle dernier cri qu’il vient de se procurer à un petit groupe de touristes français. Le temps de quelques minutes, ils se retrouvent immergés dans la Jérusalem des derniers jours de Jésus. Du Mont des Oliviers au Golgotha, en passant par la forteresse hérodienne de l’Antonia, la réalité virtuelle donne un aperçu de ce à quoi la ville ressemblait alors.
Il aura fallu six ans au frère Tomasz pour finaliser le parcours multimédia du Christian Information Center dont l’ouverture officielle est prévue autour du 25 juin 2022. La pandémie de Covid-19 et les aléas des travaux ont généré un retard de près de 2 ans.
Situé en face de la porte de Jaffa, dans la vieille ville de Jérusalem, le centre accueille pèlerins et touristes depuis 1973, et leur prodigue gratuitement tout type d’informations sur le christianisme en Terre Sainte (sanctuaires, églises de la région, liturgies, activités religieuse et culturelle…).
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Pensé comme une introduction à la riche histoire religieuse et urbanistique de Jérusalem, le parcours est divisé en 6 salles thématiques. « L’idée, c’est que les visiteurs puissent avoir une idée globale des enjeux qui traversent la ville et le Saint-Sépulcre en 40 minutes », explique frère Tomasz, qui a géré le projet de A à Z.
Six salles et un panorama
La première salle, avec sa carte de Jérusalem en 3D, permet de visualiser topographiquement les lieux où Jésus a vécu ses derniers jours. Dans la seconde, les casques de réalité virtuelle permettent de voir à quoi pouvait ressembler ces lieux. Si l’expérience est ludique, elle laisse le visiteur un peu sur sa faim.
La salle 3 revient en 5 minutes sur les grandes étapes de l’histoire de la région et le développement du christianisme. S’en s’attarder sur les détails, le film, projeté dans une salle confortable, a le mérite de donner des points de repère temporels. Dans la salle suivante, on découvre l’histoire du Saint-Sépulcre et ses évolutions architecturales avec une projection en 3D.
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Le cinquième espace est quant à lui dédié à l’explication du « Statu quo« , ces règles qui fixent la répartition et la gestion des lieux saints entre les différentes Eglises chrétiennes depuis 1852. « Le statu quo est souvent mal compris et vu comme une division de plus dans le christianisme local, alors qu’il sert plutôt l’œcuménisme », souligne frère Tomasz.
La dernière salle donne à voir une modélisation du tombeau et revient sur ce que ce lieu signifie pour les chrétiens. Le petit groupe de touriste ressort conquit, d’autant que l’accès au toit terrasse compris dans le prix du billet (entre 25 et 30 shekels, soit 6 ou 7,5 euros), permet d’admirer un magnifique panorama de la vieille ville de Jérusalem. Une cafétéria permet également aux visiteurs de se rafraîchir.
Géographie du salut
Si frère Tomasz a pensé tous les contenus, il a œuvré sous la direction scientifique des frères Eugenio Alliata, archéologue réputé, et Narcysz Klimas. Les franciscains de la Custodie, issus de tous les continents, ont mis leur voix à contribution : le contenu est traduit dans 13 langues, de l’arabe à l’hébreu, en passant par le croate ou le chinois.
Au total, la réalisation du projet aura nécessité 2 millions de shekels, soit l’équivalent de 500 000 euros. « Le service du Christian Information Center est un service d’évangélisation concrète, soulignait le Custode de Terre Sainte, Fr. Francesco Patton, lors de la bénédiction des lieux en 2018. Dans l’exhortation apostolique « Nobis in Animo », Paul VI parle du pèlerinage en Terre Sainte rappelant qu’il n’y a pas seulement une histoire du salut, mais aussi une géographie du salut. Le service du CIC facilite la rencontre avec les lieux saints et cette géographie du salut. »