Les travailleurs de Ramat Gan ont dû ouvrir de grands yeux mercredi 1er juin au matin, à la vue d’un large drapeau palestinien accroché à côté d’un drapeau israélien sur la tranche d’un immeuble du quartier de la bourse aux diamants de Tel-Aviv. Ils étaient tous deux surmontés d’une banderole avec un slogan : « Nous étions censés vivre ensemble », écrit en hébreu et en arabe.
Le geste n’est pas anodin, surtout en plein coeur du quartier des affaires de Tel Aviv, et il ressemble à un pied-de-nez à la guerre des drapeaux qui fait rage en Israël ces derniers mois.
À l’origine de cette action, un groupe appelé Mehazkim : Fighting for a Progressive Israel, qui se présente comme un « mouvement numérique » pour « renforcer les idées et les valeurs de la gauche » en Israël. « Même si notre panneau a été enlevé, notre message est vivant. Il y a deux nations ici : les Juifs et les Arabes qui continueront à lutter ensemble pour un meilleur avenir commun« , écrivent les activistes sur leur page Facebook, suite au décrochage du drapeau par la municipalité de Ramat Gan au cours de l’après-midi. Ils appellent à en installer partout dans le pays.
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Un panneau identique a aussi été affiché à Nazareth. Il est toujours en place. « Mehazkim accroché deux panneaux identiques – un à Ramat Gan et un à Nazareth. Devinez lequel a été supprimé », ironise Ayman Odeh, chef de la Liste arabe unie au parlement israélien, sur Twitter.
מחזקים @mehazkim תלו שני שלטים זהים- אחד ברמת גן ואחד בנצרת. נחשו איזה מהם הוסר. pic.twitter.com/foKMEYRUGM
— Ayman Odeh (@AyOdeh) June 1, 2022
« Un examen juridique a conclu que ce symbole est totalement légal et protégé par les droits à la liberté d’expression, mais il blesse toujours la sensibilité d’un grand nombre de résidents », a écrit Carmel Shama-Hacohen, le maire de Ramat Gan, sur son compte Facebook plus tôt dans la journée. Face à la pluie de réactions négatives, notamment sur les réseaux sociaux, décision a été prise de finalement retirer le drapeau.
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L’incident survient au milieu d’un débat en Israël sur l’affichage de drapeaux palestiniens dans l’espace public. La pratique est légale depuis 1993, et encadrée par une consigne du procureur général qui stipule que « brandir un drapeau palestinien fait partie du droit constitutionnel de la liberté d’expression qui ne peut être restreint que lorsqu’il y a une quasi-certitude d’une violation grave et sérieuse de l’ordre public ».
Ils continuent pourtant d’être régulièrement confisqués et arrachés des mains des manifestants. Un projet de loi controversé, qui prévoit d interdire l’affichage du « drapeau ennemi » dans les universités ou les institutions gouvernementales, obtiendra sa première lecture à la Knesset ce mercredi 1er juin.
Chargés de symboles d’appartenance et de souveraineté, les drapeaux Palestiniens et Israéliens ont toujours tenu une place particulière dans la lutte identitaire deux peuples. En témoigne la forte participation à l’édition 2022 de la marche des drapeaux israélienne, qui veut rappeler la souveraineté de l’État hébreu sur Jérusalem, dans une parade de plus en plus fréquentée par la jeunesse sioniste religieuse du pays.