C’est le deuxième volet de l’opération Tzur Yisrael (Rocher d’Israël) favorisant l’immigration en Israël d’environ 5 000 Ethiopiens ayant des parents au premier degré en Israël. Hier, 181 nouveaux migrants ont atterri à Tel Aviv.
« Un vol de cinq heures a mis fin à des décennies d’attente. Un vol de cinq heures qui marque la fin d’un long voyage qui se termine et un nouveau qui commence ici à Israël », a déclaré à cette occasion la ministre de l’Alyah et de l’Intégration Pnina Tamano-Shata, la première femme d’origine éthiopienne à être entrée au Parlement israélien.
Il s’agissait du premier vol d’aliyah, l’immigration en Terre Sainte, au départ d’Addis-Abeba depuis mars 2021, date à laquelle Israël avait achevé la première moitié de l’opération Tzur Yisrael ayant vu l’arrivée d’environ 2 000 immigrants Ethiopiens depuis le dernier trimestre 2020.
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Ce processus d’immigration qui s’inscrit dans le cadre d’une décision gouvernementale de 2015, avait été suspendu après que le Centre israélien de politique d’immigration de droite avait fait appel auprès de la Haute Cour de justice israélienne, affirmant que les immigrants n’étaient pas juifs et ne remplissaient donc pas les conditions pour immigrer en Israël. La Cour avait alors annoncé suspendre le mouvement pendant qu’elle délibérait. En mars, elle a rejeté la requête, ouvrant de ce fait la voie à la deuxième phase de l’opération.
Un accueil au nom du regroupement familial
Celle-ci vise à faire venir en Israël au total 3 000 Ethiopiens éligibles à l’immigration en Israël. Cent soixante étaient d’ailleurs encore attendus le jeudi 2 juin et plusieurs vols s’échelonneront tout au long de l’été et ce, jusqu’à novembre d’après les responsables de l’Agence juive, l’organe para-national chargé de l’immigration juive en Israël.
Dans le cadre de Tzur Yisrael, résume le Times of Israël, les Ethiopiens éligibles à l’aliyah sont par ordre de priorité ceux « dont les parents ou les enfants vivent en Israël ; ceux dont les parents ont déménagé en Israël et sont décédés par la suite ; ceux qui ont des frères et sœurs en Israël ; et ceux qui ont des demi-frères et demi-sœurs en Israël. Les personnes qui entrent dans l’une de ces catégories peuvent emmener avec elles leur conjoint et leurs enfants, ainsi que tous les enfants de plus de 18 ans encore célibataires».
Ces Ethiopiens sont pour la plupart des Falash Mura, ces juifs éthiopiens convertis au christianisme souvent sous la contrainte il y a 200 ans et dont beaucoup ont continué à pratiquer le judaïsme en secret.
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Les Falash Mura sont accueillis en Israël au nom du regroupement familial car ils ne bénéficient pas de la loi du retour qui permet à tout juif de la diaspora d’immigrer en Israël et d’en devenir automatiquement citoyen, s’il prouve la judéïté d’au moins l’un de ses quatre grands-parents. D’où la nécessité pour les Falash Mura de passer par des demandes de regroupement familial.
Depuis 2014, ne sont traitées que les demandes qui ont été soumises via un membre de la famille vivant actuellement en Israël. « L’alyah de chaque immigrant est approuvée par le ministère de l’Intérieur qui – contrairement à ce qui se passe pour les autres immigrations en Israël – approuve chaque candidat un par un après une enquête sur son statut », précise le Times of Israel.
Cinq centres d’intégration
Les nouveaux arrivants sont envoyés dans cinq centres d’intégration mis en place par le ministère de l’Aliyah et de l’Intégration pour aider les nouveaux immigrants à s’intégrer dans la société israélienne avec des cours d’hébreu, des conseils pour la recherche d’emploi ou l’intégration rapide dans le système scolaire pour les enfants, ainsi qu’un soutien psychologique et médical.
Enfin, bien que la grande majorité des nouveaux immigrants se considère comme des membres à part entière de la communauté juive, « ils ont tous accepté – dans le cadre du processus d’aliyah – de suivre un programme de conversion de 10 mois à leur arrivée en Israël », a rapporté le Times of Israel. Ce n’est qu’à l’issue qu’ils recevront une carte d’identité israélienne officielle et la pleine citoyenneté.
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Au fil des décennies, les gouvernements israéliens ont lancé plusieurs opérations pour faire venir des Ethiopiens dans le pays. Au total, environ 95 000 Ethiopiens ont été aidés par l’Agence juive à immigrer.
Les Beta Israel, communauté dont les membres sont reconnus comme juifs depuis 1975 et qui ont pu immigrer en Israël en vertu de sa loi du retour, représentent la majorité. Et plus de 30 000 Falash Mura ont immigré en Israël depuis 1997, selon le bureau du Premier ministre. Sept mille à 12 000 Ethiopiens, pour la plupart des Falash Mura, attendraient depuis des années de monter en Israël. Beaucoup vivent dans la région du Tigré, cœur du conflit civil actuel en Ethiopie.