Un peu moins de 200 voix séparent le député UDI sortant de son adversaire macroniste, sur fond de campagne délétère et d'abstention massive.
Le député UDI-LR Meyer Habib a été réélu de justesse pour un troisième mandat dans la 8e circonscription des Français de l’étranger (Chypre, Grèce, Israël, Vatican, Italie, Malte, Turquie, Saint-Marin et Territoires palestiniens), avec 50,58% des voix. Face à lui, la candidate macroniste Déborah Abisror de Lième remporte 49,42 % des suffrages. Soit un écart de 193 votes dans un contexte d’abstention massive : seuls 6,46% des inscrits ont voté pour ce deuxième tour des élections législatives, dimanche 19 juin.
Déborah Abisror de Lième s’est imposée dans tous les autres pays de la circonscription, mais n’a pas réussi à devancer un Meyer Habib dont la rhétorique sioniste lui a permis de réunir 83% des voix en Israël. Bien implanté dans le pays, le député sortant a aussi pu miser sur le soutien de son réseau politique, dont l’ancien premier ministre Benyamin Netanyahou, ainsi que sur celui du monde religieux.
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La journaliste Emmanuelle Elbaz-Phelps a retweeté une vidéo, filmée à Modi’in Illit, de voitures diffusant un message en hébreu appelant les habitants à aller voter pour les législatives au nom du rabbin Edelstein : « Beaucoup d’institutions thoraniques en dépendent (du vote) », peut-on entendre en hébreu. Il est également proposé aux électeurs de les aider dans leur déplacement.
1. Scène surprenante à Modi’in Ilit: les citoyens français sont appelés à aller voter pour les législatives au nom du rabbin Edelstein. « Beaucoup d’institutions thoraniques en dépendent (du vote) ». A la fin il est proposé aux électeurs de les aider dans leur déplacement. https://t.co/15R3U1BgNb
— Emmanuelle Elbaz-Phelps (@manuelbaz) June 19, 2022
Elle explique aussi qu’un message appelant à voter Meyer Habib a été diffusé sur Facebook aux « francophones de Jérusalem » par Shemouel Marciano, conseiller à la mairie de Jérusalem issu du parti religieux Shas.
Climat nauséabond
La candidate macroniste a tout fait pour récupérer l’électorat Français d’Israël, proportionnellement plus important que celui des autres pays de la circonscription, axant son temps, sa communication et sa rhétorique de campagne contre Meyer Habib. Délaissant de fait les problématiques des autres pays. Une stratégie perdante qui s’est ressentie dans les urnes avec les 1 468 vote blancs décomptés dimanche soir dans la circonscription.
La campagne s’était tendue quelques jours avant le 2nd tour des législatives, le candidat UDI-LR accusant le Quai d’Orsay de ne pas avoir ouvert pour de bureaux de votes à Eilat, Beer Sheva et Ashdod, et privant selon lui, » 20 000 Français d’Israël de vote à l’urne ». « Le Quai d’Orsay veut nous bailloner ! Le Quai d’Orsay a sa candidate et veut m’abattre. L’ÉTAT, LA RÉPUBLIQUE, LE CONSULAT SONT SORTIS DE LEUR RÉSERVE! Antisionisme ou stigmatisation des Français juifs d’Israël ? La question se pose. Tous les moyens sont déployés pour m’abattre », écrivait-il encore dans un mail envoyé le 17 juin aux français inscrits sur la liste consulaire.
Déborah Abisror-de Lieme affirme quant à elle avoir reçu des menaces : « Il y a un climat nauséabond. J’ai reçu un sms avec des menaces contre mon fils et les mots: « Retire ta candidature », a-t-elle déclaré jeudi. Un débat diffusé sur la chaîne franco-israélienne i24news a été marqué par des échanges pugnaces entre les deux candidats. Son équipe de campagne affirme avoir relevé de nombreuses irrégularités et envisage un recours pour contester cette élection.
