Il n’y avait pas mieux que le 3 juillet, jour de la Saint-Thomas, saint patron de l’Eglise chaldéenne, pour pareille cérémonie. Le patriarche chaldéen, le cardinal Louis Raphaël Sako Ier, arrivé à Amman le 30 juin dernier pour une visite pastorale en Jordanie, a célébré hier le rite de la pose de la première pierre pour la future église Saint Thomas apôtre qui sera la toute première église chaldéenne dans le royaume hachémite.
L’Eglise chaldéenne en Jordanie, qui est l’une des Eglises catholiques orientales de tradition syriaque, comptait 3 000 fidèles en 2020, d’après le site catholic-hierarchy.org, qui présente les diocèses de l’Eglise catholique romaine et des Eglises orientales rattachées à Rome, en l’occurrence pour l’Eglise chaldéenne en 1553 puis 1830. L’Eglise chaldéenne utilise la langue liturgique Soureth (ou Néo-araméen, syriaque oriental).
« L’engagement religieux, la diversité sociale et culturelle » de la Jordanie salués
La cérémonie a notamment réuni des ambassadeurs de pays voisins et amis, dont l’ambassadeur de la République d’Irak Haider Al-Adhari, et le chargé d’affaires de la nonciature apostolique, Monseigneur Mauro Lally. Etaient présents le Vicaire patriarcal chaldéen pour la Jordanie et une délégation de chaldéens vivant en Jordanie, le vicaire patriarcal latin pour la Jordanie, des représentants des autres Eglises chrétiennes en Jordanie et du monde musulman ainsi que des représentants politiques du royaume.
A noter que le vicaire patriarcal chaldéen pour la Jordanie, le père Zaid Adel Hababa, a été élevé la veille au rang d’archevêque, par le patriarche chaldéen. La cérémonie religieuse s’est solennellement tenue à la cathédrale grecque-catholique melkite de Saint-Georges à Amman puisque la nouvelle église chaldéenne n’est pas encore sortie de terre.
Lors de la pose de la première pierre du futur culte pour les Chaldéens, le site officiel du patriarcat chaldéen a rapporté que le patriarche Sako avait déclaré que cette étape à Amman était « un signe d’espoir pour les chrétiens catholiques chaldéens du Royaume hachémite de Jordanie », et témoignait « de l’engagement religieux, de la diversité sociale et culturelle que le Royaume hachémite de Jordanie embrasse sous la direction de son grand roi Abdallah II Ibn Al Hussein, le gouvernement et le peuple jordanien ».
Pour les Chaldéens, la Jordanie est « une tente sûre »
Pour illustrer ses propos, le patriarche – connu pour son engagement en faveur du dialogue inter-religieux – a appelé le Cheikh Awad Al-Jabour, Mufti de la Commission hachémite pour les blessés militaires, et Mgr Mauro Lalli à participer avec lui à la pose de la première pierre. « Les maisons de Dieu, a indiqué le patriarche Sako, sont des lieux pour éduquer les gens dans la foi et spirituellement, pour leur enseigner une bonne morale, la tolérance, l’amour, le respect et la solidarité, et non des idées fausses et malveillantes, en particulier la haine ». Le prélat a souligné le rôle que tenaient les lieux de culte dans « la promotion du dialogue interreligieux et la consolidation de la coexistence, d’autant plus que l’extrémisme religieux et sectaire est en hausse dans notre monde ».
Dans son discours, le primat de l’Eglise chaldéenne a voulu remercier bien vivement la Jordanie pour son hospitalité. Depuis des années, le pays a « reçu les immigrants irakiens [ndlr : dont des chrétiens irakiens], ainsi que les Syriens qui sont allés vers lui, car c’est une tente sûre ». Il a également remercié la nonciature apostolique, la Caritas Jordanie, la Mission pontificale, le Conseil des Eglises du Moyen-Orient et toutes les organisations qui ont soutenu les réfugiés et leur ont offert leur aide. Il n’a également pas manqué d’exprimer sa gratitude au pasteur de l’Eglise chaldéenne de Jordanie, le désormais nouvel archevêque chaldéen pour la Jordanie, Mgr Zaid Hababa.
« Les Chaldéens ne sont pas étrangers à la communauté de Jérusalem »
Pour tous ces liens exprimés et vécus, entre la Jordanie et l’Irak, et à l’aube de la construction d’une première église chaldéenne dans la capitale jordanienne, le patriarche Sako en a profité pour appeler le gouvernement jordanien à reconnaître l’Eglise chaldéenne comme l’une des Eglises officielles du royaume. Pour renforcer sa demande, le patriarche Sako a fait remarquer que le roi Abdallah II était le gardien des lieux saints musulmans et chrétiens à Jérusalem, et que l’Eglise chaldéenne disposait elle aussi dans la ville sainte – même s’il n’y a pas de fidèles chaldéens – d’une église, d’un siège. On l’aura compris, pour le primat chaldéen, « les chaldéens ne sont pas étrangers à la communauté de Jérusalem ».