2,28 millions de dollars soit 2,24 millions d’euros. C’est le montant de l’enveloppe allouée par la Fondation internationale « Aide à l’Eglise en Détresse » (AED) pour soutenir à l‘heure de la rentrée les écoles catholiques au Liban et quelques écoles publiques où le catéchisme est enseigné. Cette aide, annoncée la semaine dernière, intervient à travers un programme intitulé « Back to school » (Retour à l’école). Alors qu’en 2020, « la majeure partie du financement d’ACN au Liban allait soutenir les réfugiés syriens (…), maintenant ce sont les chrétiens libanais qui ont besoin de notre aide », a expliqué Philip Ozores, Secrétaire Général de l’AED international.
La crise pluridimensionnelle que traverse le pays a accéléré la crise de système éducatif libanais qui existait déjà avant 2019. Beaucoup d’écoles catholiques (mais pas seulement, loin de là) luttent pour rester ouvertes et sont pourtant incapables de payer les salaires de leurs enseignants. D’ailleurs beaucoup d’entre eux ont abandonné cette profession. De plus, de nombreux parents ne peuvent pas supporter les frais de scolarité. Depuis le début de l’effondrement économique du Liban fin 2019, près de 80 % de la population est pauvre.
L’enjeu pour les écoles catholiques de rester ouvertes
Lors de la 28e Conférence annuelle des écoles catholiques qui s’est tenue le 6 septembre en présence du patriarche maronite, le cardinal Bechara Raï, à Ghazir à 30 km de Beyrouth, le père melkite Youssef Nasr, secrétaire général des écoles catholiques du Liban, a déclaré que l’année scolaire s’ouvrait au milieu « d’une crise vitale et existentielle majeure qui étouffe le souffle de toute la nation et menace l’avenir de l’éducation ». « Nous avons essayé, a-t-il déclaré, au cours de l’année écoulée de faire face à cette crise de toutes nos forces » et « d’empêcher toute école de fermer ses portes dans ces circonstances difficiles ». A ce titre, le père Youssef Nasr a souligné que les donateurs, tant locaux qu’internationaux, jouaient « un rôle important pour garder les portes de nos écoles ouvertes ». Mais malgré tout, pour lui, « la réalité est encore très sombre » : « la situation politique s’aggrave et la crise économique se complique, ce qui nous place à un carrefour dangereux ».
De fait, « le grand risque est que les écoles catholiques soient obligées de fermer, ce qui serait aussi une catastrophe à long terme pour la coexistence entre les religions, puisque ces institutions jouent un rôle vital dans les relations entre chrétiens et musulmans au Liban et sont un exemple de coexistence pour tout le Moyen-Orient », explique Philipp Ozores, secrétaire général de l’AED internationale. Dans les régions à majorité musulmane, jusqu’à 90% des étudiants sont musulmans dans les écoles chrétiennes.
Par ailleurs, la fondation se dit aussi « convaincue que la continuité de la présence chrétienne au Liban dépend du maintien des écoles ouvertes ». Et Philipp Ozores d’ajouter : « dans ce pays, l’enseignement religieux se déroule principalement dans les écoles catholiques, plutôt que dans les paroisses. Si les écoles et les enseignants catholiques commencent à disparaître par manque de moyens financiers, l’équilibre démographique changera rapidement ».
Des aides pour les professeurs, comme les élèves et le fonctionnement des écoles
Environ 185 000 élèves, chrétiens et musulmans, âgés de 6 à 18 ans, fréquentent près de 250 écoles catholiques dans le pays du Cèdre. Mais « un enfant sur dix a quitté l’école au cours de la dernière année scolaire », a fait savoir l’AED internationale. Et ce, en raison de l’immigration ou du manque de ressources financières.
Face aux difficultés économico-financières des écoles et au risque de fermeture des écoles catholiques, le programme d’aide de 2,28 millions de dollars d’ACN comprend une aide aux frais de scolarité pour les familles, des allocations pour les enseignants, des aides pour soutenir les professeurs de catéchisme dans les écoles publiques, un financement pour participer à l’installation de panneaux solaires dans certaines écoles. Au Liban, l’approvisionnement en électricité est dysfonctionnel et cher depuis des années. Les écoles libanaises dépendent de générateurs privés pendant les pannes. Ce qui représentait déjà un coût énorme avant la crise financière. Avec quelque 300 jours d’ensoleillement, dans le pays, l’énergie solaire apparaît comme une solution viable. Enfin, le programme de l’AED aidera aussi au financement du matériel pour les élèves et des besoins divers des écoles.