« Aujourd’hui, le christianisme dans la ville sainte est sous le feu ». Par ses propos, le roi Abdallah II de Jordanie n’y est pas allé par quatre chemins du haut de sa tribune devant les dirigeants du monde entier. De fait, mardi, dans son discours prononcé à la 77e Assemblée générale des Nations unies à New York, il a soutenu que « les droits des Eglises de Jérusalem [étaient] menacés » et que « cela ne [pouvait] pas continuer ».
Le souverain hachémite, connu pour défendre la cause des chrétiens en Terre Sainte, n’a cependant pas détaillé les problématiques auxquelles sont confrontés les Eglises de Jérusalem et leurs fidèles en Terre Sainte. Celles-ci peuvent aller des différends avec les tribunaux et les autorités en Israël concernant les propriétés et la fiscalité des Eglises, aux pratiques de groupes radicaux israéliens et de colons qui visent à effacer la culture chrétienne de la Ville sainte, en passant par des actes de vandalisme, crachats, insultes, intimidations contre les Églises, les clergé et les fidèles chrétiens, ou encore qui peuvent se manifester par des restrictions à la liberté religieuse.
Face à la situation, le roi, a souligné le caractère « vital » du christianisme « au regard du passé et du présent de notre région et de la Terre Sainte » et a affirmé clairement que « le christianisme [devait] rester partie intégrante de notre avenir ».
Et le souverain hachémite, qui revendique le rôle de « protecteur » des Lieux Saints chrétiens et musulmans à Jérusalem, a insisté sur son rôle à l’égard des chrétiens, en particulier dans la ville sainte. « En tant que dirigeant musulman, a-t-il dit, permettez-moi de dire clairement que nous nous engageons à défendre les droits, le précieux héritage et l’identité historique du peuple chrétien de notre région. Nulle part cela n’est plus important qu’à Jérusalem ».
Pas de place pour la haine et la division à Jérusalem
Dans son discours, le roi a – dans cette optique – déclaré qu’il n’y avait pas de place pour la « haine » et la « division » à Jérusalem, dont l’avenir selon lui est « une préoccupation urgente ». Rappelant que la ville est sacrée pour des milliards de juifs, chrétiens et musulmans, du monde entier, il a insisté sur l’importance de préserver « le statu quo juridique et historique de Jérusalem », car le remettre en cause provoque inéluctablement « des tensions mondiales » et creuse « les divisions religieuses ».
Concernant les Lieux saints chrétiens et musulmans à Jérusalem placés sous la tutelle hachémite, en particulier l’Esplanade des mosquées qui abrite la mosquée Al-Aqsa et le dôme du Rocher – foyer de tensions dans le conflit israélo-palestinien – le roi a redit son engagement à « protéger leur statu quo historique et juridique ainsi que leur sécurité et leur avenir ». Le Mont du Temple – pour les musulmans l’Esplanade des mosquées -, est le site le plus sacré pour les juifs et est le troisième site le plus saint pour les musulmans. Les juifs sont autorisés à s’y rendre mais pas à y prier. Cet arrangement a pourtant été écorné plusieurs fois ces dernières années avec de plus en plus de juifs se rendant sur le site pour prier. Le roi de Jordanie qui, après son intervention à la tribune de l’Onu, a rencontré le Premier ministre israélien Yair Lapid, a réaffirmé la nécessité de maintenir le calme dans la période à venir, à l’approche des fêtes juives de Rosh Hachana (à compter du 25 septembre), Kipour (5 octobre) et Soukkot (9-18 octobre), a fait savoir un communiqué du Palais royal.
Un discours royal salué par les médias jordaniens
Le journal Al-Dustour s’est félicité que la « question importante » de la situation des chrétiens en Terre Sainte ait été portée par le roi alors qu’elle est habituellement « absente des tables de discussion régionales et internationales ». Et le journal d’ajouter : « Sa Majesté a également placé le monde devant ses responsabilités ». Dans le même sens, le journal Al-Ghad a estimé que le roi avait « tiré la sonnette d’alarme ». Enfin, le directeur du Centre catholique d’études et de médias, le père Rifaat Bader, a – pour sa part – reconnu une « parole claire et franche » de la part du roi, signifiant qu’il n’y avait pas de délais à attendre pour aider les chrétiens. Selon le prêtre du Patriarcat latin, il ne resterait à Jérusalem plus que 6 000 chrétiens arabes.