Un Etat israélien et un Etat palestinien, côte à côte. La solution de consensus promue par la communauté internationale a été défendue par le Premier ministre israélien, la semaine dernière devant la 77e session de l’Assemblée générale des Nations Unies à New York. « Un accord avec les Palestiniens, basé sur l’existence de deux Etats pour deux peuples, est la bonne chose pour la sécurité d’Israël, pour l’économie d’Israël et pour l’avenir de nos enfants. La paix, ce n’est pas un compromis. C’est la décision la plus courageuse que nous pouvons prendre », a-t-il soutenu sans pour autant annoncer une initiative quelconque pour relancer les négociations.
« Malgré tous les obstacles, une grande majorité des Israéliens soutiennent cette vision de la solution à deux Etats encore aujourd’hui. Et je suis l’un deux », a-t-il affirmé sans ambages. « Nous n’avons qu’une condition : qu’un futur Etat palestinien soit pacifique », a-t-il ajouté sans préciser les frontières de cet Etat mais en défendant le droit des Israéliens à vivre en sécurité. Autrement dit, en s’adressant directement aux Palestiniens, Yaïr Lapid a déclaré : « déposez vos armes et prouvez que le Hamas et le Jihad islamique ne prendront pas le contrôle de l’Etat palestinien que vous souhaitez créer. Déposez vos armes, et il y aura la paix ».
Un discours salué par la gauche et dénigré par la droite en Israël
« Le discours de Yaïr Lapid est le premier prononcé par un dirigeant israélien depuis de longues années sur la question palestinienne devant l’Onu », a noté le chroniqueur Itamar Eichner dans les pages du quotidien centriste Ynet.
La ministre de l’Environnement, Tamar Zandberg, du parti du Meretz à gauche, elle n’est pas la seule, a estimé que Yaïr Lapid suivait « la bonne démarche » et qu’Israël devait « prendre la tête de cette initiative et retourner chaque pierre » jusqu’à ce qu’un accord soit conclu.
A l’inverse, certains ministres de droite appartenant à la coalition de Yaïr Lapid, formée de huit partis très hétérogènes sur le plan idéologique, n’ont pas caché leur désappointement. Notamment, la ministre de l’Intérieur, Ayelet Shaked.
Dans l’opposition, le parti du Likoud (à droite) a affirmé que, « depuis des années », l’ancien Premier ministre Benjamin Netanyahu était « parvenu à exclure la question palestinienne de l’agenda mondial – et Yaïr Lapid réussit à faire revenir [Mahmoud] Abbas au cœur de l’ordre du jour en moins d’un an ». A l’extrême-droite, le leader du Sionisme religieux, a considéré le discours de Yaïr Lapid comme « une reddition honteuse face au terrorisme ».
Toujours du côté de l’opposition, mais du côté arabe et dans une optique opposée, des voix se sont également levées. « Nous en avons assez des déclarations de relations publiques », a écrit sur Twitter Aida Touma-Sliman, députée de l’alliance de partis arabes Hadash-Taal. « A Lapid, je le dis : le moment est venu de dire ‘État palestinien’ depuis la tribune de la Knesset ».
Un Mahmoud Abbas plus que sceptique
Au lendemain de l’allocution de Yaïr Lapid, le président de l’Autorité palestinienne a salué devant l’Onu le « développement positif » du Premier ministre israélien. « Mais, a ajouté le président de l’autorité palestinienne, le véritable test du sérieux et de la crédibilité de cette position est que le gouvernement israélien retourne immédiatement à la table des négociations [ndlr : au point mort depuis 2014] ». Ajoutant qu’Israël doit cesser toutes les actions unilatérales telles que les colonies, la démolition de maisons, les expulsions, etc. Car selon lui Israël « est, par sa politique préméditée et délibérée, en train de détruire la solution à deux Etats ». « Cela prouve sans équivoque qu’Israël ne croit pas à la paix », a-t-il renchérit. « Par conséquent, nous n’avons plus de partenaire israélien à qui parler ».
Par ailleurs, il faut garder en mémoire que Yaïr Lapid est un Premier ministre de transition, à la tête du gouvernement depuis seulement trois mois. Il est très peu probable qu’il y ait une suite concrète à son discours dans un pays appelé aux urnes le 1er novembre prochain et qui vote aujourd’hui majoritairement à droite et qui est donc moins sensible à un discours dirigé vers les centristes ou partis arabes israéliens.