C’est un véritable petit butin d’environ 170 grammes sur lequel des archéologues de l’Autorité des Antiquités d’Israël (AAI) ont mis la main, il y a trois semaines, dans le cadre de travaux d’infrastructures.
La réserve monétaire est composée de 44 anciennes pièces d’or pur et a été retrouvée logée dans les fondations d’un mur en pierre de taille, sur le site archéologique de Banias, au nord du pays, au pied du mont Hermon.
La ville de Banias était connue dans l’Ancien Testament sous le nom de Césarée de Philippe où l’apôtre Pierre a reconnu Jésus comme le messie et a ensuite reçu les clés du royaume des Cieux, d’après l’évangile de Saint Matthieu.
Portraits de famille
Certaines pièces récemment retrouvées ont été frappées sous le règne de l’empereur byzantin Phocas (602–610 ap. J-C.), et la majorité sous son successeur l’empereur Heraclius (610–641 ap. J.-C).
Gabriela Bijovsky, experte en numismatique au sein de l’AAI, affirme que les pièces de l’époque de l’empereur Heraclius présentent un intérêt particulier parce qu’elles fournissent des portraits de ses fils. « Dans ses premières années en tant qu’empereur, seul son portrait était représenté sur la pièce tandis que peu après, les images de ses fils apparaissent également », note-t-elle.
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« On peut en fait voir ses fils grandir – de l’enfance jusqu’à ce que leur effigie apparaisse de la même taille que celle de leur père, qui est dépeint avec une longue barbe ». De quoi bien annoncer et préparer en douceur une éventuelle succession…
Les dernières pièces frappées sous Heraclius remontent à l’époque de la conquête musulmane de la Palestine byzantine « Palæstina Secunda » en 635 ap. J.-C. avec l’établissement du califat musulman de la dynastie des Omeyyades.
La marque d’une période de transition
Selon les archéologues, la petite fortune a été dissimulée par son propriétaire – prudent et apeuré – pendant cette invasion dans l’espoir de la récupérer un jour. « Nous savons, rétrospectivement, qu’il n’a pas eu cette chance », a déclaré dans un communiqué de l’AAI, le directeur des fouilles, Yoav Lerer.
Eli Escosido, directeur de l’AAI, estime que ce trésor a une importance particulière parce qu’il « date une période de transition déterminante dans l’Histoire de la ville de Banias et dans celle de la région entière du Levant ». De fait, les pièces mettent en lumière la fin de la domination byzantine dans la région et l’avènement de l’ère musulmane.
A l’époque byzantine, la ville était important centre chrétien attirant de nombreux pèlerins et devint un évêché. Témoins de cette époque chrétienne, les restes d’une église datant d’une période allant du Ve au VIIe siècles ap. J.-C. ont été mis au jour à l’automne 2020. Dans les années 1990, une première église, de la même époque, avait déjà été découverte 300 mètres plus loin.
Au moment de la conquête musulmane, la ville prit le nom de Banyas car à l’époque hellénistique, le site honorait le dieu Pan d’où son nom grec « Panion » latinisé ensuite en « Paneas » ou « Panias » et arabisé en Banyas. Arrivèrent ensuite les croisades et la ville, devenue seigneurie, revint à Baudouin II en 1128. Les croisés firent de ce lieu la frontière entre les royaumes croisés et la Syrie musulmane.