« Pendant toutes ces années, je n’ai cessé de servir, non pour quoi que soit, non pour la gloire terrestre, ni pour aucun autre but, tout simplement parce que j’adore mon peuple, j’adore Dieu, j’adore les pauvres et les nécessiteux ». Ce sont les premiers mots tenus par le nouvel évêque catholique arménien de Qamishli qui se trouve dans le gouvernorat de Hassaké en Syrie. Mgr Antranig Ayvazian a été ordonné hier soir par le Patriarche de Cilicie des Arméniens, primat de l’Eglise catholique arménienne, Raphaël Bedros XXI Minassian. Le nonce apostolique en Syrie, le cardinal Mario Zenari, était présent à la célébration, au couvent patriarcal de Bzommar, village situé à une quarantaine de kilomètres au nord-est de la capitale libanaise et considéré comme le centre spirituel de l’Eglise arménienne catholique.
Le 20 août 2022, le pape François avait officiellement approuvé son élection par le synode de l’Eglise catholique arménienne. Le nouvel évêque de Qamishli était jusqu’à présent curé de la paroisse Saint-Joseph de Qamishli et aumônier de l’église de la Sainte-Famille de Hassaké. Il succède à Mgr Boutros Marayati, chef de la communauté catholique arménienne à Alep et qui depuis 1992 était l’administrateur apostolique du diocèse de Qamishli qui comprend sous sa juridiction les provinces de Hassaké et Deir Ezzor, ville du centre-est de la Syrie, anciennement sous le contrôle de l’Etat islamique (EI), chère à la mémoire des Arméniens où se trouve le sanctuaire des martyrs du génocide arménien de 1915.
Une éparchie frontalière
En 2019, l’éparchie comptait 2 500 fidèles, 2 paroisses et trois prêtres, d’après le site catholic-hierarchy.org, qui présente les diocèses de l’Eglise catholique romaine et des Eglises orientales rattachées à Rome en l’occurrence pour l’Eglise catholique arménienne en 1740.
Avec la guerre civile syrienne où la région limitrophe à la Turquie a perdu la moitié de ses chrétiens, appartenant majoritairement à l’Eglise syriaque orthodoxe, Qamishli est passée sous contrôle kurde. Dans la région se sont développées de facto des structures politiques indépendantes. Les habitants de cette région sont aujourd’hui pris en étau dans un conflit qui oppose toute à la fois forces kurdes, forces syriennes et unités turques. Par ailleurs, les menaces de l’Etat islamique se font encore sentir comme en novembre 2019, où Mgr Antranig Ayvazian a perdu son plus proche collaborateur, dans une attaque à Qamishli revendiquée par Daech.
Un parcours entre Liban, Syrie et Arménie
Mgr Antranig Ayvazian est né le 29 août 1947 à Qamishli. Il est entré au Petit Séminaire patriarcalde Bzommar, au Liban, et a poursuivi ses études à l’Université Saint-Joseph de Beyrouth avant d’étudier à Rome la philosophie et la théologie à l’Université Pontificale Grégorienne.
Il a été ordonné prêtre le 18 mars 1972 pour l’éparchie de Qamishli. Il a exercé son ministère entre l’éparchie et les paroisses de Hassaké et Deir Ezzor. Il a par ailleurs fondé plusieurs écoles et institutions pour les jeunes et les personnes handicapées.
En 1984, il a été nommé Vicaire Général du diocèse et été élevé au rang d’archiprêtre. Chargé de cours à l’Université publique d’Erevan en Arménie de 2007 à aujourd’hui, il est aussi le directeur de Radio Maria en Arménie. En plus de l’arabe et de l’arménien, il parle français et italien.