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L’hôpital français Saint-Louis: un pont entre les peuples et les religions

Cécile Lemoine
23 novembre 2022
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L'hôpital accueille et prodigue des soins à une cinquantaine de résidents en fin de vie ©Cécile Lemoine/TSM

Touchée par le travail de l'hôpital français Saint-Louis, une juive israélienne a fait don de 22 000 euros à cette institution catholique spécialisée dans les soins palliatifs, qui unit 2 peuples et 3 religions dans leurs derniers instants depuis 170 ans.


C’est une donation individuelle comme les directeurs de l’hôpital français Saint-Louis n’ont pas l’habitude d’en voir. Un chèque de 80 000 shekels (22 000 euros) leur a été remis le 17 novembre par Chalutz Eti, directrice d’une association israélienne qui met la clé sous la porte et qui a voulu donner ce qu’il restait dans la caisse. Mais pas à n’importe qui. « J’ai cherché pendant 3 ans, je voulais un endroit qui ait du sens, qui resonnait avec ce que nous faisions. »

Pendant 15 ans, Chalutz a géré bénévolement la cafétaria associative d’une maison de retraite située à Ra’anana, au nord de Tel Aviv. Après 40 ans d’activités, de jeux et de service auprès des personnes âgées, le tout animé par une équipe seulement composée de bénévoles, la cafétaria a été privatisée. C’est à l’occasion d’une visite de l’hôpital Saint Louis dans le cadre d’un séminaire organisé l’année passée par Yisca Harani, historienne israélienne spécialiste du christianisme engagée pour le dialogue interreligieux, que Chalutz a le coup de foudre.

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« J’ai été tellement touchée par le travail de cet hôpital, le soin qu’ils apportent à chacun, l’esprit de famille qui y règne, le travail des volontaires… En repartant, j’ai su que c’était l’endroit où irait l’argent« , souffle-t-elle, émue. Peu importe que l’institution soit catholique et gérée par une congrégation religieuse. « Le message de compassion est le même. C’est le plus important« , glisse la septuagénaire, alors que son regard glisse vers les employés et les volontaires qui s’activent dans les couloirs. Il est midi et les résidents s’apprêtent à recevoir leur repas.

Réunir dans les derniers instants

L’hôpital Saint-Louis a été fondé dans le quartier chrétien de la vieille ville en 1851 avant d’être transféré dans les murs en pierre blanche d’un magnifique bâtiment construit par le comte Amédée de Piellat, un grand mécène catholique français (il a oeuvré à l’édification de Saint-Pierre en Gallicante et l’hotellerie Notre-Dame à Jérusalem), avant d’être confié aux soeurs de Saint-Joseph-de-l’Apparition. A Jérusalem, c’est un endroit unique en son genre.

Par sa spécialisation d’abord : cette maison de retraite médicalisée est aussi un centre de soins palliatifs qui accueille des malades en phase terminale, ou atteints de maladies chroniques, « un secteur largement négligé« , explique son directeur général, Alex Hadweh.

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Et par son esprit ensuite : la maison accueille tout le monde : juifs, chrétiens, musulmans, palestiniens ou israéliens, ils sont une soixantaine à recevoir des soins. La nourriture est casher. Les fêtes de chaque religion y sont célébrées. « Cet hôpital, c’est un pont entre deux peuples et entre trois religions« , poursuit Alex Hadweh. Un lieu qui réunit dans les derniers instants de vie.

Besoins urgents

Unique, l’hôpital français Saint-Louis, l’est aussi par sa localisation géographique. Situé le long de l’ancienne Ligne Verte, cette frontière qui a séparé Jérusalem en deux entre 1949 et 1967, l’hôpital est aujourd’hui pris dans les mailles de la géopolitique complexe de la ville : trop à l’ouest pour recevoir de l’aide internationale, et trop à l’est pour recevoir des financements israéliens. Faute d’argent, les investissements nécessaires à la rénovation d’infrastructures vieillissantes sont au point mort.

« Notre priorité numéro un, c’est de refaire entièrement les systèmes d’eau et d’électricité, détaille soeur Lida, directrice de l’hôpital. Les cuves actuelles sont trop vieilles et on a du trouver une solution en urgence pour que les patients aient de l’eau chaude cet hiver. Mais c’est temporaire. » Montant total estimé : 1,6 millions de shekels (446 000 euros). Autre besoin : le remplacement des lits hydrauliques actuels, trop usés, par des lits plus modernes. « On a trouvé des financements pour 15 d’entre eux l’année dernière, mais il nous en faut encore 45« , soupire Alex Hadweh.

Bien que « modestes », les 22 000 euros de l’association de Chalutz Eti arrivent à point nommé. Pour Yisca Harani, récemment récompensée du Prix Ladislaus Laszt pour l’engagement œcuménique et social pour son engagement dans le dialogue interreligieux, ils sont aussi l’illustration de « ces liens d’humanité qui unissent les religions par-delà leurs différences et les divisions actuelles« .

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