Selon l’archéologue responsable du projet de Machéronte (Jordanie), la restauration du site est désormais finie. L’objectif était d’en faire un lieu archéologique et historique fiable ainsi qu’un lieu pour les pèlerins.
Pendant cinq décennies de fouilles, des équipes d’archéologues successives ont travaillé sur le site Machéronte, en Jordanie. Une entreprise de longue haleine qui se termine, a annoncé l’archéologue hongrois Gyozo Vorosde l’Académie Hongroise des Arts (Département des Antiquités), qui a supervisé les fouilles ces dix dernières années. Le Jordan Times a rapporté que Gyozo Voros avait donné cette information lors de la conférence qui a eu lieu au Centre américain de recherches orientales à Amman, en Jordanie, le 13 mars dernier autour du lancement du livre (en anglais) Machaerus III – Le jubilé d’or des fouilles archéologiques. Rapport final sur la citadelle hérodienne (1968-2018). Les volumes de recherche Machaerus I-II-III, comptent plus de 2 000 photos et plus de 1 500 pages publiées sur Machéronte. Ce qui en a fait l’un des sites archéologiques les mieux documentés de Jordanie, selon Gyozo Voros, qui est depuis 2009 directeur de l’Institut royal d’archéologie en Jordanie et en charge depuis lors des fouilles de Machéronte. Il a pris la suite des travaux de l’archéologue franciscain Michele Piccirillo.
Le site, s’étendant sur environ 5 000 mètres carrés et surplombant la côte est de la mer Morte, abrite les restes d’un palais fortifié originellement hasmonéen puis hérodien. Alexandre Jannée (103 – 76 av. J.-C.), roi hasmonéen, en a été le bâtisseur mais la forteresse fut détruite vers -55 av. J.C. par un général de Pompée (106 – 48 av. J.-C.). Elle fut reconstruite et embellie – avec une ville en contrebas – par Hérode le Grand en 30 av. J.-C. qui en fit une demeure palatiale. Hérode Antipas, un des fils d’Hérode, qui régna de 4 av. J.-C. jusqu’à 39 ap. J.-C. en hérita. C’est sous son règne que Jean-Baptiste fut décapité selon la tradition chrétienne (évangiles de Saint Marc et de Saint Matthieu). L’historien judéo-romain Flavius Josèphe dans ses « Antiquités judaïques » (XVIII 5.2) complète cette version en rapportant que Machéronte aurait été le lieu où le saint fut emprisonné et où Salomé, fille de Hérodiade (seconde femme d’Hérode Antipas) dansa et en récompense demanda pour sa mère la tête de Saint Jean-Baptiste. Machéronte continua d’être occupée jusqu’en 71 ap. J.-C. au moment de la Grande Révolte juive où elle fut détruite par les Romains chassant les rebelles juifs qui y étaient installés.
Après avoir été perdu pendant près de 1735 ans, le site a été identifié en 1807 et des fouilles et des travaux de restauration ont commencé à être conduits à partir de 1968 sous la houlette de baptistes américains, suivis par des Allemands (1973) puis par les Franciscains (1978-1981 ; 1992 ; 1993) et les Hongrois depuis 2009 en collaboration avec le Studium Biblicum Franciscanum.
Avant cela, le sommet de la colline de Machéronte surplombant la mer Morte près du mont Nébo est resté totalement vierge.
Pour Gyozo Voros, les fouilles de ces cinquante dernières années ont permis de mettre au jour « une montagne de preuves sur l’un des sites les plus importants de la région », indique le Jordan Times. Les fouilles, a-t-il précisé, ont révélé pas moins de 10 000 mètres cubes de débris.
Au fil des ans, les experts ont établi la chronologie des différentes phases du monument et la stratigraphie de ses couches archéologiques. Les travaux visaient à reconstruire la citadelle de Machéronte à la lumière de l’architecture hasmonéenne et hérodienne de Cisjordanie et des preuves archéologiques de sources écrites du Ier siècle ap. J.-C.
Recontextualisation du site pour les générations futures
Les informations recueillies et regroupées ont permis aux chercheurs d’exécuter d’éventuelles anastyloses (une technique de reconstruction à partir d’éléments d’origine, d’un monument en ruine) du bâtiment initial, a souligné Gyozo Voros, encore cité dans le Jordan Times.
Ensuite, l’équipe a poursuivi le processus de conservation, de consolidation et de préservation du monument, avec un programme de gestion de site durable, impliquant la communauté locale, a expliqué l’archéologue.
L’idée de fond des archéologues, selon Gyozo Voros, était de « situer le site archéologique dans son contexte du Nouveau Testament et de le reconstruire aussi clairement que possible à la lumière des recherches historiques, architecturales et archéologiques du XXIème siècle. »
Mission accomplie pour Gyozo Voros. Les travaux visant à « laisser Machéronte aux prochaines générations en tant que lieu historique et archéologique authentique et fiable, mais surtout en tant que site de pèlerinage chrétien » sont donc désormais finis, a déclaré l’archéologue catholique à l’occasion du cinquantenaire des fouilles de ce site incontestablement biblique.
Si les fouilles et les travaux de restauration sont terminées, il reste à conserver, préserver et consolider ce qui a été réalisé. Prochaine étape, avril 2019.