L’unité touchée du doigt
A Jérusalem, syriaques - catholiques et orthodoxes - se sont retrouvés pour toucher ensemble du doigt leur unité en marche.
Lundi 7 décembre au couvent Saint-Marc des syriaques orthodoxes une petite assemblée attend l’arrivée du Patriarche syriaque catholique. Je retrouve beaucoup de visages de chrétiens de la ville découvrant aussi à cette occasion qu’ils sont de rite syriaque mais impossible de savoir s’ils sont catholiques ou orthodoxes car lorsque je les interroge sur ce point, sans concertation, tous me répondent que l’essentiel – et leur fierté – c’est d’être syriaque.
Sur le seuil du couvent l’archevêque syriaque orthodoxe son Excellence Mgr Swerios Malki Mourad attend patiemment, entouré de prêtres et de scouts, la délégation catholique qui a pris du retard.
Habituée aux rencontres officielles entre dignitaires de la Ville Sainte, je ne m’attends à rien de très novateur en la matière. Pourtant c’est bien un moment exceptionnel qu’il m’est donné de vivre. A mon grand étonnement, à l’arrivée de la délégation, après la chaleureuse poignée de main entre les prélats, Mgr Swerios fait revêtir par ses prêtres sa chape épiscopale, au patriarche catholique, il lui fait remettre son bâton pastoral et la croix des bénédictions. Je n’en crois pas mes yeux, quand on sait ici combien le moindre signe, emblème peut-être jalousement gardé.
Je n’en crois pas non plus mes oreilles quand au son de mélopées en araméen l’assemblée entre dans l’église pour prier ensemble, comme si de rien n’était, comme si ces deux Eglises n’étaient pas séparées, comme si au contraire l’unité était déjà acquise.
Il n’y aurait pas eu beaucoup plus de faste et de chaleur si les syriaques orthodoxes avaient reçu leur propre patriarche.
Dans l’assemblée, les sourires rivalisent avec les yeux humides d’émotion.
Autour d’une liqueur, d’un café et d’une douceur tout le monde retrouve ses esprits et continue simplement de goûter ce moment d’unité dans la plus grande simplicité.
Elle est petite cette Eglise et pauvre à bien des égards. C’est en nombre la plus petite des Eglises orientales, c’est en patrimoine une Eglise d’une incroyable richesse. Et cette petite Eglise ce jour-là a donné une très grande leçon à toutes les Eglises de Jérusalem.
Les Eglises de tradition syriaque
Plusieurs Eglises partagent un héritage culturel commun et notamment l’usage du syriaque comme langue liturgique. Il s’agit de :
L’Église syriaque orthodoxe (présente en Terre Sainte)
L’Église syriaque catholique (présente en Terre Sainte)
L’Église malankare orthodoxe
L’Église catholique syro-malankare
L’Église maronite (présente en Terre Sainte)
L’Église apostolique assyrienne de l’Orient
L’Ancienne Église de l’Orient
L’Église catholique chaldéenne (présente en Terre Sainte)
L’Église catholique syro-malabare.
Depuis les années 1990, un dialogue œcuménique se développe entre les Églises de tradition syriaque, bien qu’elles restent de confessions différentes.
Dernière mise à jour: 18/11/2023 23:06