“Et toi, Bethléem-Éphrata, petite pour être parmi les clans de Juda, c’est de toi que sort pour moi celui qui doit gouverner Israël.” Mt 5, 1
Ecoutez bien. Tendez l’oreille. À Bethléem Éphrata, le plus petit des clans de Juda, quelque chose d’incroyable est en train de se produire. Si on a peine à croire que quelque chose de bon puisse sortir de Nazareth, comment penser que Bethléem puisse retrouver sa gloire d’antan ? On est bien loin de l’époque où le roi David lui avait donné ses lettres de noblesse. N’avait-il pas lui-même choisi plutôt Hébron, puis Jérusalem, pour y établir sa royauté ? Et pourtant, Dieu, qui créa tout l’univers par sa Parole – “il dit, et cela fut” – voulut ici toucher notre humanité et se faire entendre d’une façon toute nouvelle. À sa façon cependant…
Sachant que tout près se trouve la dépression de la Mer Morte, le lieu le plus bas au monde, on pourrait croire que, modèle d’humilité, il choisit précisément cet endroit parce que du ciel, il était impossible pour lui de s’abaisser encore plus.
Quoi qu’il en soit, c’est dans ce petit village composé de quelques dizaines de grottes et maisons qu’un enfant pour nous vient de naître. Et ici, dans le silence de la nuit, le Verbe fait chair a émis son premier son. Et qu’est-ce qu’on entendit alors ? Ce qui rejoint nos oreilles, c’est un balbutiement d’enfant !
Dieu aura toujours le don de nous surprendre, même si, quand on y pense bien, les choses jusqu’à aujourd’hui n’ont pas tellement changé. Comme à l’époque dans la crèche, quand Dieu nous parle, la plupart du temps, ce qu’il veut nous dire s’avère pour nous bien difficile à saisir.
Alors, comme la mère pour son enfant, c’est au fil du temps, dans les instants partagés, dans cet “être ensemble” jour après jour, que l’on parvient à déchiffrer le langage de l’autre, dans un discours qui apparaît pourtant incompréhensible à l’étranger. Petit à petit, on s’apprivoise, on se devine et on se comprend.
D’ailleurs, vous êtes-vous déjà demandé quel fut le premier mot prononcé par Notre Seigneur, par la Parole incarnée ? J’aime à penser que, comme ce fut le cas pour la majorité d’entre nous, il prononça tout simplement le mot “maman” (bon, je ne veux pas être sexiste : peut-être était-ce le mot “papa”, puisqu’il le reprendra si souvent par la suite).
Dans un cas comme dans l’autre, choisissant de se faire tout petit et de s’inscrire ainsi dans notre histoire, se faisant non seulement enfant, mais aussi fils, il nous manifeste de façon éloquente le type de relation qu’il attend de nous et qui doit devenir notre idéal, tant avec lui qu’entre nous : une relation basée sur un amour pur et inconditionnel, qui donne et se donne sans réserve et sans compter, une relation empreinte de familiarité.
C’est cette familiarité que je nous souhaite pour Noël et la nouvelle année : entre nous et avec Dieu. Pour cela, comme il nous l’a demandé et à son exemple, il nous faudra sans doute accepter de devenir enfant, de nous abaisser à notre tour par amour de l’autre, en toute simplicité et humilité, au risque, pour un temps du moins, de ne plus être compris par ceux qui nous entourent et de se montrer faibles et fragiles à leurs yeux.
Peut-être est-ce un peu ce que le Verbe cherche à nous dire lorsqu’il vient naître dans le silence de cette nuit de Noël, sa façon à lui, qui en est l’auteur, de nous apprendre la vie.
Je ne sais pas si ce que je vous écris a beaucoup de sens, mais ce sont les mots que j’ai cru deviner dans un balbutiement d’enfant.
P.S. Cette année, je me permets de vous faire parvenir ma liste de cadeaux pour Noël. Elle n’est pas très compliquée, elle ne comporte qu’un item. Ce qui me ferait vraiment plaisir, c’est, comme le suggèrent les psaumes, que vous demandiez la paix pour Jérusalem (et tous les environs, en fait, jusqu’aux confins de la Syrie et de l’Irak). Puisse la paix annoncée par les anges rejoindre ce coin du monde.
Dernière mise à jour: 19/11/2023 10:57