Émilie et Vincent. La première, volontaire de la DCC en mission à la rédaction de Terre Sainte Magazine, a signé des articles tout au long de l’année dernière. Le second, parti en voiture durant deux ans à la rencontre des communautés chrétiennes d’Orient. Tous deux continuent de cheminer dans la connaissance et le service aux chrétiens d’Orient. On vous donne de leurs nouvelles.
Emilie a quitté la Terre Sainte en août pour arriver au Liban en septembre. Des retrouvailles en réalité, car Émilie y avait déjà séjourné durant un an – en 2013 – pour une première mission avec la Délégation catholique à la Coopération (DCC). Elle retrouve cette fois cette “autre terre de souffrance”, comme elle l’appelle, qui compte plus d’un million de réfugiés Syriens, des milliers d’Irakiens, et depuis peu des Yéménites, sans parler des Palestiniens. “Tout cela sur un bout de terre grand comme un département français (10 500 km²)” comme elle le précise. Aujourd’hui, un tiers de la population libanaise est composée de réfugiés.
Émilie travaille dorénavant “au sein de l’association libanaise Alpha. Depuis plus de trente ans, Alpha est de tous les combats pour plus de justice sociale et le respect de la dignité humaine. Travail inter-communautaire, dialogue inter-religieux, distribution de matériel ou de vivres d’urgence, alphabétisation, soutien psychosocial et psychologique auprès des victimes des conflits mais aussi renforcement des capacités d’acteurs désireux de s’engager, de ne pas laisser l’avenir filer entre leurs mains.”
Lire aussi >> Volontaires en Terre Sainte avec la DCC
Elle met ses compétences au service de “la communication de l’association avec notamment la création d’un réseau de soutien en Europe”. Ses collègues sont Syriens, Palestiniens ou Libanais, chrétiens orthodoxes, melkites, chiites ou alaouites, “cela, je le découvre au détour des conversations discrètes” poursuit-elle.
Retrouvailles au Liban
Mais son histoire avec la Terre Sainte n’est pas oubliée. “La Terre Sainte est dorénavant en moi et autour de moi. Elle me fait vivre ce Liban autrement et mon travail ou mon quotidien n’en sont que des prolongements.”
C’est à Jérusalem qu’Émilie avait rencontré Vincent Gelot. La ville Sainte était le but de son voyage à la rencontre des communautés chrétiennes d’Orient. Un voyage qui l’avait vu faire seul au volant de sa 4L, un périple de deux ans et 60 000 kilomètres.
Restés en lien amicaux, Émilie ignorait qu’elle retrouverait Vincent au Liban, ou presque. Elle raconte : “Au printemps 2015, à la sortie d’une célébration syriaque, je rencontrais une famille irakienne, originaire de Qaraqosh. Conversation dans un arabe rudimentaire mais suffisant pour que le père de famille comprenne que j’étais Française. Il se met à me parler d’un jeune Français à la sayarra kharbané (voiture abîmée) et au kitab kbir comprenez le “grand livre”. C’était Vincent. Je lui dis que je le connaissais. Alors il interrogea avec émotion : “Al Qods ? Jérusalem ?”.
Réfugié au Liban avec toute sa famille, cet homme avait gardé au cœur la promesse de Vincent : “Je porterai votre témoignage à Jérusalem”. Quelle joie de lui dire que oui, Vincent était allé au bout de son périple déposer sur le tombeau du Christ toutes les espérances de ceux qu’il avait rencontrés ; plus encore, le pape avait signé la dernière page du Livre d’Orient. Instant rare de communion et de grâce.
Vincent était à Jérusalem quand il apprit, en août 2014, l’exode forcé des habitants de la Plaine de Ninive. Il était bouleversé. Lui non plus n’en a pas fini avec les chrétiens d’Orient. Non seulement il a signé avec des éditeurs pour deux livres au sujet de son périple. Mais il a été envoyé en mission auprès des déplacés à Erbil, dans le Kurdistan irakien. Précisément ceux-là qui ont fui Mossoul et Qaraqosh sous la poussée du prétendu État islamique.
La voix des réfugiés
Au nom de la Guilde européenne du Raid qui pilote le projet, de Radio sans Frontières qui apporte son soutien technique, de l’Œuvre d’Orient et de la Fondation Raoul Follereau qui le financent en grande partie, Vincent coordonne le projet Radio Al-Salam, une radio chrétienne destinée aux déplacés.
“Une partie de ces programmes est le fonds normal d’une radio avec des infos, la météo, etc. Les réfugiés, les déplacés sont des gens comme les autres. Ils ont envie de savoir un peu ce qui se passe dans le monde. S’y ajoutent des programmes consacrés aux déplacés. Récemment, nous avons fait une émission sur les naissances : comment enregistrer les bébés qui naissent ici et sont apatrides. Il y a aussi ‘’la voix du camp’’. Chaque camp vit ici un peu dans sa bulle et le but, c’est de faire un lien entre les déplacés de ces différents camps, de ces différentes communautés, qui sont d’origines différentes, etc. Et enfin, de créer un pont avec les gens qui les accueillent ici : la population kurde. D’où le fait d’émettre en trois langues : arabe, kurde et syriaque.”
Émilie et Vincent, 56 ans à eux deux, sont tombés amoureux de ces terres proche-orientales et de leurs habitants. Et ils comptent bien continuer de les servir. Qu’ils en soient remerciés. τ
Dernière mise à jour: 19/11/2023 11:37