On pourrait faire remonter les premiers contacts maronites avec la Terre Sainte au temps même de saint Maron, quand deux femmes ascètes, disciples du saint, Marana et Kyra, « prises un jour du désir de contempler les lieux sanctifiés par les souffrances salvatrices du Christ, coururent vers Ælia (Jérusalem) sans rien manger durant la route, mais une fois arrivées dans la Ville et leurs dévotions accomplies, elles prirent de la nourriture puis refirent à jeun tout le voyage de retour, ce qui ne fait pas moins de vingt journées de marche », écrit Théodoret de Cyr.
Nous n’avons pas de documents prouvant une existence stable des Maronites en Terre Sainte avant les temps des Croisades. Mais à cette époque, des maronites prirent part à la reconquête de Jérusalem par les Croisés ; on estime le nombre de ces combattants à 10000.
Dans la hiérarchie des races que les autorités franques établirent en Terre Sainte, « les Maronites venaient immédiatement après les Francs, avant les Jacobites, les Arméniens, les Grecs, les Nestoriens et les Abyssins. Ils furent du reste admis dans la bourgeoisie franque et partagèrent les privilèges civils et juridiques des bourgeois latins. »
Vers 1320 l’historien arménien Aitoun notait qu’à Jérusalem les maronites formaient une des plus importantes colonies chrétiennes. Les maronites furent en quelque sorte assimilés aux Francs, célébrant dans leurs églises, sur leurs autels et avec leurs vêtements.
Il semble que les premiers contacts des maronites avec les fils de saint François eurent lieu en 1246.
Aux grandes fêtes de Noël et de Pâques, de nombreux maronites affluaient à Jérusalem, les fils de saint François les recevaient avec beaucoup de charité. Les maronites, sûrs de cette confiance, prenaient part à tous les actes du culte dans les divers sanctuaires.
La confiance totale, le respect et la compréhension dont étaient empreintes les relations entre Franciscains et maronites de Terre Sainte, subirent quelques pénibles éclipses, notamment dans la seconde moitié du XVIIe siècle, dues à des campagnes de latinisation de la part de certains responsables franciscains.
Le tout se termina pour le mieux fin mars 1700 avec le Père Gardien Stefano da Napoli, lequel accepta que les maronites de partout relèvent de leur Patriarche d’Antioche, et que la communauté maronite de Jérusalem ait à son service deux prêtres et célèbrent la messe avec encens dans toutes les églises franciscaines et qu’ils gardent leurs coutumes quant aux jeûnes et fêtes.
L’établissement des maronites dans différentes localités de la Terre Sainte fut très longtemps instable, à la merci des vicissitudes politiques et l’on nota dès la fin du XVIIIe que le nombre des maronites en Terre Sainte s’amenuisait, surtout du fait de leur passage au rite latin.
Extrait de Les maronites en Terre Sainte, Louis Wehbé O.C.S.O.