Haïti, Chili, Islande, Chine... la planète joue aux osselets avec ses plaques tectoniques. La Terre Sainte est traversée par la grande vallée du rift. Le dernier grand tremblement de terre remonte à 1927, il avait fait quelque 500 morts, plus de mille victimes et causé beaucoup de dégâts matériels. Au Saint Sépulcre, c’est à lui qu’on doit l’armature d’acier autour de l’édifice qui renferme la tombe de Jésus.
Pour les sismologues la chose est sûre, il y aura un autre grand tremblement de terre dans la région dans les prochaines annés, sommes-nous prêts et les Lieux Saints ?
D’ici la fin 2010, le Ministère de la Défense israélien organisera un exercice national afin de préparer la population à affronter les conséquences d’un séisme. Sur la base des nouvelles publiées par The Jewish Chronicle dans son édition du 28 janvier dernier, les experts estiment que 20 à 50% des immeubles israéliens ne sont pas en mesure de résister à un séisme d’intensité notable.
Israël se trouve sur le versant septentrional de la Grande fosse tectonique (Great Rift Valley), dans une région qui, historiquement, a été touchée par des tremblements de terre aux effets désastreux. Les sismologues sont donc convaincus qu’au cours des prochaines décennies, un séisme de grande ampleur est inévitable.
L’article de la publication israélienne indique que le gouvernement israélien étudie actuellement différentes modalités afin d’assurer l’information du grand public en ce qui concerne les techniques de survie en cas de séisme. Il est à l’œuvre également afin d’assurer le respect des standards appropriés de la part de l’ensemble des nouveaux immeubles.
Les lieux saints tiendront-ils ?
Voici trois ans, le gouvernement a émis une directive demandant aux autorités chrétiennes de vérifier la résistance aux séismes des plus importants monuments leur appartenant. La Custodie de Terre Sainte a confié à des experts de l’Université de Florence la mission d’effectuer des études sur la Basilique de l’Annonciation. De même, les communautés responsables du Saint Sépulcre – franciscains, grecs orthodoxes et arméniens – sont convenus que la Custodie demande au même groupe d’experts d’examiner la Basilique de la Résurrection à Jérusalem.
Les résultats de cette enquête ont été généralement encourageants. « La Basilique du Saint-Sépulcre (ou de la Résurrection) réagirait à un séisme comme tout autre monument en Europe », remarque le Père Athanase Macora, superviseur du Status Quo (le régime qui réglemente la cohabitation et les droits et devoirs de copropriété du Saint Sépulcre notamment) pour le compte de la Custodie de Terre Sainte. « Il ne court pas de grands risques – ajoute le religieux – même si un séisme de grande ampleur l’endommageait parce qu’il n’est rien qui puisse résister à des secousses telles que celles enregistrées en 1927 ».
Cette année-là, l’épicentre du séisme se trouvait à Naplouse et les villes et villages de la Galilée enregistrèrent de graves conséquences. Une autre secousse très forte fit trembler la région en 1837. Les valeurs de ces deux séismes étaient comprises entre 6,25 et 6,8 degrés de l’échelle de Richter. En 1546, Jérusalem vécut un séisme qui détruisit totalement la coupole du Saint-Sépulcre. D’autres édifices, dont le Dôme du Rocher, subirent eux aussi de graves dommages.
Au cours des années 1960 -1970, la Basilique du Saint-Sépulcre a été renforcée grâce à d’importantes interventions de restauration dans les zones les plus critiques. « Les transepts furent refaits complètement », explique le père Macora, ajoutant que « les fondations sont légèrement mobiles, ce qui peut aider dans certaines situations ».
Le père Athanase note que les interventions de consolidation « représentent un problème » mais, dans la plupart des édifices, « une colonne ou deux doivent être remplacées parce que soumises à une pression excessive ». Le franciscain remarque que les principaux monuments, tels que la Basilique du Saint-Sépulcre, devraient résister au choc à moins que le séisme n’ait son épicentre directement en dessous d’eux.
« Certains édifices ont été construits avec des pierres très lourdes et il est improbable qu’elles cèdent facilement – dit-il. Mais, s’ils venaient à se trouver à la verticale de l’épicentre, les édifices s’écrouleraient ». De nombreux séismes survenus au cours de l’histoire de la Terre Sainte ont été enregistrés dans le récit biblique et vérifiés par les archéologues. Aujourd’hui, on enregistre des secousses de faible importance en moyenne une ou deux fois par an.
Un séisme d’intensité 4,1 sur l’échelle de Richter suivi par un autre d’intensité 5,3 frappa Israël en février 2008. La dernière secousse produisit l’ouverture d’une crevasse sur l’esplanade des mosquées, à côté du Dôme. En novembre 2008, des secousses de moindre importance ont été enregistrées dans la Mer Morte, alimentant de nouvelles hypothèses à propos d’un séisme de forte intensité qui pourrait survenir dans un proche avenir. n
Dernière mise à jour: 20/11/2023 12:49