Ils disparaissent peu à peu de nos gares. Les aéroports les ont relégués aux oubliettes. On n’entend plus le cliquetis de leurs lettres défilant à toute vitesse
Ils disparaissent peu à peu de nos gares. Les aéroports les ont relégués aux oubliettes. On n’entend plus le cliquetis de leurs lettres défilant à toute vitesse l’alphabet que nous fixions avec attention pour voir s’afficher enfin le quai de notre train, le hall d’embarquement de notre avion. On leur a préféré un affichage numérique instantané et silencieux.
Il est un endroit où le tableau mécanique poursuit son affichage bruyant et aléatoire : le Proche Orient.
Nous sommes tous suspendus aux nouvelles que nous soyons le nez en l’air tournés vers quelque téléviseur au fond d’un bar enfumé ou à la maison. Les informations soufflent les annonces et le grand tableau d’affichage de l’avenir de la région et de ses habitants se met à jour. Qu’un événement survienne et toutes les lignes sont prises de la même frénésie, moulinant leurs lettres et notre futur. Parfois à peine a-t-on eu le temps de lire que déjà tout s’emballe de nouveau tchike tchike tchike tchike tchike tchike tchike tchike tchike tchike tchike tchike tchike et apparaît un résultat télégraphique : Démission – George Mitchell – poste d’envoyé spécial au Proche-Orient – processus de paix – retardé.
Réconciliation – Fatah Hamas – Gouvernement israélien – fâché.
Gaza – assassinat chef du hamas – libération Gilad Shalit – annulée
Nous sommes comme à loterie, regardant se faire et se défaire nos destinées. Mais le plus souvent, on s’amuse à deviner les résultats avant que le tableau ne les affiche. C’est un sport intellectuel. Comme si on nous mettait sous les yeux une équation impossible à résoudre. Ce qui pimente l’exercice c’est que les paramètres n’en finissent pas de changer.
ONU – reconnaissance de l’État Palestinien – en suspens.
Territoires palestiniens – veto américain – tchike tchike tchike tchike tchike tchike. Le panneau n’en finit pas de mouliner l’affichage du quai… Assistera-t-on à une rébellion en septembre, une nouvelle intifada ou cette nouvelle défaite de la diplomatie palestinienne va-t-elle être accueillie dans la plus grande apathie des Palestiniens ?
On assiste à un bug, un plantage, ni le tableau ni les plus grands cerveaux ne peuvent afficher le quai, prévoir ce qui se passera en septembre. On tire des plans sur la comète, on bâtit des châteaux en Espagne, on s’amuse ou l’on s’inquiète. Difficile tout de même de penser que les pays alentours vivent tous des révolutions sans que rien ne soit amené à changer ici. C’est un peu comme le nuage de Tchernobyl qui se serait dispensé de traverser certaines frontières. Attendons de voir ce que le grand tableau d’affichage nous promet.
Dernière mise à jour: 20/11/2023 17:16
