Quand elle a reçu le dernier numéro de la Terre Sainte, tante Louisette s’est réjouie de lire un billet de bonne humeur, pour une fois… C’est ma mère qui me l’a dit, en surenchérissant.
Quand elle a reçu le dernier numéro de la Terre Sainte, tante Louisette s’est réjouie de lire un billet de bonne humeur, pour une fois… C’est ma mère qui me l’a dit, en surenchérissant. À vrai dire, ma chère Tante Louisette, pour ce qui est de mon humeur, elle est le plus souvent bonne, généralement assez égale, du moins tant que je ne suis pas trop en retard dans mon travail.
Mais pour en revenir à l’humeur en règle générale, le terme vient du latin umor, qui lui-même vient du grec ancien et qui signifie liquide. Dans mes billets d’humeur je m’épanche. Car pour être d’un naturel plutôt joyeux, je n’affirmerai pas être d’un optimisme excessif surtout s’agissant de l’avenir de ce pays. En revanche, ce qui déborde et que j’épanche, c’est ce désir, à peine voilé, de botter l’arrière-train de nombre des habitants de la région quand j’ai le sentiment qu’ils gâchent les occasions, les grâces, les opportunités… tous ces moments qui offriraient une chance à ce pays (et à la région) de vivre à la hauteur de sa vocation, selon le projet de Dieu. Le sort de ce pays me préoccupe, au point parfois de me rendre sombre, de me faire mal souvent, et comme il faut bien relâcher la pression, de temps à autre, c’est plus fort que moi j’épanche mes humeurs. Mais ça ne rend pas justice à la vie quotidienne que je vis ici malgré tout.
Vous serez donc heureuse d’apprendre, Tante Louisette, que j’ai le cœur tout guilleret parce que j’ai obtenu l’autorisation de faire une photo du sommet d’un clocher auquel personne n’a accès, parce que frère Badie a été ordonné prêtre selon le rite grec catholique et que, bien que je sois une femme, j’ai été autorisée à entrer dans l’iconostase (par les portes latérales) pour faire les photos officielles, parce que le père Antonios, copte orthodoxe, est venu dans mon bureau à la Custodie me demander d’écrire un article sur son Église, parce que je participe à la confection d’un livre sur le Saint Sépulcre qui sera une petite merveille, parce que j’ai des projets d’articles plein la tête et dont certains vont vraiment être supers (j’espère), parce que je viens de rendre un service à des enfants du catéchisme dont la paroisse n’avait pas pu déposer les prières au Mur des Lamentations, son pélé avait été annulé à cause des nuages du volcan islandais, parce que l’autre jour une femme juive orthodoxe m’a décroché un sacré beau sourire, parce que je suis témoin tous les jours d’au moins une belle chose.
Je suis globalement de très bonne humeur mais voilà, je suis dans l’incapacité de me contenter de ma propre joie, il me faut tout le bonheur du monde et mon cœur restera sans repos jusque-là et me poussera probablement à écrire encore quelques billets de mauvaise humeur.
Dernière mise à jour: 20/11/2023 23:03
