Beaucoup de lecteurs doivent au zèle pour la Terre Sainte
du Père Paul d’avoir connu la revue. Sa course terrestre a pris fin
aux portes de la neuvaine de Noël.
Le père Delalande revient sur le parcours de ce vrai franciscain.
Le jeudi 16 décembre 2010 le Père Paul Sylvestre est passé de la Jérusalem terrestre à la Jérusalem céleste.
Il est né, le 1er mai 1925, dans une famille profondément chrétienne, dont ses douze frères et sœurs sont encore vivants, dans le village de Louiseville, proche de la ville de Trois Rivières dans la province canadienne du Québec. Une de ses sœurs est religieuse.
Devenu franciscain le 12 août 1943, profès simple le 13 août 1944 et profès solennel le 15 août 1947, il fut ordonné prêtre le 7 juin 1952.
Il fut nommé professeur dans un collège appartenant à sa province franciscaine du Canada. Soucieux de développer sa culture, il consacra plusieurs étés successifs à étudier la langue anglaise dans une ville des États-Unis, puis donna une année entière à approfondir, à Strasbourg, en France, la langue et la culture française. Il acheva cette année avec le grade universitaire de « licencié en Littérature française ».
Après de nombreuses années vécues comme professeur, il devint durant quelques années curé d’une paroisse canadienne, où il eut le souci d’homélies totalement écrites, dont il a gardé la collection jusqu’aujourd’hui.
Ayant la confiance des frères de sa province franciscaine, il fut élu Vicaire provincial. Son ministre provincial ayant été nommé membre du Définitoire général à Rome, le Père Paul Sylvestre le remplaça durant un an, jusqu’au chapitre provincial suivant, comme chef de la province franciscaine du Canada.
Il voulut prendre une année sabbatique et obtint de son nouveau provincial de venir à Jérusalem pour suivre les cours de l’École Biblique francophone des dominicains.
16 ans en Terre Sainte
Cette première année en Terre Sainte lui donna une telle joie spirituelle qu’il demanda d’y rester et se mit au service de la Custodie de Terre Sainte le 11 mai 1994.
Dès 1994 il fut élu Discret (c’est-à-dire membre du gouvernement de la Custodie) et responsable de la revue francophone « la Terre Sainte » pour remplacer le Père Jean Briand, devenu malade et mort peu après. Il garda la direction de cette revue jusqu’en 2007 et marqua la revue par son beau style et sa culture générale.
Durant une quinzaine d’années il multiplia son dévouement et sa compétence au service des deux monastères de clarisses de Nazareth et Jérusalem et au service des franciscaines Missionnaires de Marie de Jérusalem et de quelques autres communautés de sœurs.
Jusqu’en février 2008 il garda une activité apostolique complète. Il célébrait deux messes chaque jour (avec homélie) l’une le matin au service de l’infirmerie de la custodie, l’autre le soir chez les franciscaines missionnaires de Marie, chez qui il se rendait à pied. Plusieurs fois par semaine il allait prendre le souper dans un hôtel de Jérusalem pour présenter la revue Terre Sainte à des groupes de pèlerins.
Au mois de mars 2009 sa voix fut atteinte. Une paralysie des muscles du langage se manifesta rapidement, au point qu’il ne put plus parler après un mois. Le mois suivant une paralysie des muscles du cou ne lui permit plus d’avoir la tête dressée ; le médecin lui donna un appareil qui lui soutenait la tête. Quelques mois après la paralysie gêna son œsophage. Il put de plus en plus difficilement manger, croquer et boire. À tel point que vers le mois d’août 2010 on lui posa une sonde dans l’estomac pour l’alimenter.
Durant l’été et l’automne 2010 la santé du Père Paul alla de plus en plus mal. Il était conscient de son état et m’a écrit il y a près de deux mois : « ma maladie : une dégénérescence progressive du système nerveux. »
J’allais presque chaque jour le visiter vers 15 heures 30 et 16 heures. Quand je suis venu ce 16 décembre à 15 heures 40, je l’ai trouvé allongé sur son plancher dans sa chambre. Je lui ai dit : « je vais chercher l’infirmier » ; il m’a répondu par un geste du bras et de la main. J’ai aussitôt averti l’infirmier. Le temps qu’il arrive près du Père Paul, celui-ci était déjà mort, d’un arrêt du cœur.
Ce qui a été admirable chez le Père Paul depuis mars 2009, c’est qu’il a gardé une sérénité, une paix intérieure et extérieure, une piété calme, un accueil souriant tout en se sachant inguérissable.
Il est à noter que durant 12 ans (de 1995 à 2007) il a été vicaire de la très nombreuse communauté franciscaine de Saint Sauveur, sous quatre Pères gardiens successifs, et qu’il y a été respecté, admiré et aimé par tous les frères.
Dernière mise à jour: 21/11/2023 12:51