Les franciscains se sont installés en Terre Sainte pour vivre auprès des lieux saints et pour servir. Une œuvre qui leur a valu très vite d’être secondés par des laïcs.
Durant les presque huit siècles de la présence franciscaine en Terre Sainte, les papes ont non seulement renouvelé leur confiance dans les frères, en confirmant leur charge de gardiens légitimes des Lieux Saints, charge que le Saint Siège leur a confié en 1342, mais ont aussi soutenu tous les aspects de leur vie, dans le domaine religieux mais aussi dans les domaines économique, social et politique.
Il suffit de rappeler la permission d’exercer la médecine dans l’hôpital du Mont Sion en faveur des personnes malades ou nécessiteuses et le droit d’avoir un personnel suffisant pour prendre soin de ces malades qui remplissaient continuellement cet hôpital.
Plus d’une centaine de Bulles papales concernent la Terre Sainte. Aussi nombreux sont les Brefs, les Décrets et les Lettres de la Congrégation de la Propagation de la Foi qui aident les fils de saint François dans leur mission en Terre Sainte. Les aider est le moyen de reconnaître le bienfait du service des franciscains, service qui n’a pas été toujours facile. Au XVe siècle, le pape Calixte III le disait aux fils de saint François. Dans sa Bulle Devotionis vestrae du 4 février 1458, après avoir constaté ‘l’ardeur de votre dévotion’ et l’enthousiasme pour défendre les Lieux Saints, il ajoute : « Cela mérite que nous vous concédions de bon cœur tout ce qui concerne le salut de vos âmes et le salut des chrétiens qui demeurent avec vous, pour l’utilité et la nécessité des personnes, pour la conservation de vos maisons, pour l’honneur de Dieu et la gloire du Nom Chrétien ».
Activités de médecine et d’assistance des franciscains de Terre Sainte
Pour réaliser cette mission, les franciscains ont toujours développé une activité sociale et pastorale très intense. Actuellement elle comporte divers aspects : paroisses, écoles, fourniture de travail aux chrétiens, constructions de maisons etc. Dans les siècles passés ce fut le service de médecine et d’assistance des franciscains à toute la population de Terre Sainte, surtout à Jérusalem et les soins donnés à de nombreux pèlerins. Ce n’est pas étonnant. Les frères imitaient leur père saint François et considéraient comme un devoir de soigner les malades, spécialement les lépreux. En 1292 le Chapitre Général de l’Ordre régla l’étude de la médecine dans l’Ordre. Le Droit Canon interdisait aux clercs l’exercice de la médecine. Mais les situations exceptionnelles ont permis à l’Ordre franciscain d’étudier et de pratiquer la médecine. Car, au Moyen Orient, il y avait un grand manque de médecins et un grand nombre de malades. À cause de cela cette activité fut très importante chez les frères. Durant plusieurs siècles, les médecins et pharmaciens principaux et les plus valeureux à Jérusalem et dans toute la Palestine ont été les franciscains de la Custodie. Le premier frère médecin envoyé par le pape Pie II en 1460 s’appelait Frère Baptiste de Lübeck ; il avait le grade de Docteur en médecine et était un grand expert. Mais l’activité médicale et caritative des frères avait commencé bien plus tôt. Déjà le 5 septembre 1355, le pape Innocent VI, par sa Bulle Piis fidelium studiis, avait chargé les franciscains d’administrer l’hôpital et l’hôtellerie du Mont Sion, fondés en 1352 par une riche dame de Florence Sophie de Archangelis. Sophie avait acheté, auprès du couvent des frères du Mont Sion, quelques maisons abandonnées et un terrain spacieux ; elle y avait fondé une hôtellerie de 100 chambres pour des femmes. L’hôtellerie était localisée à gauche de la porterie du couvent du Mont Sion et avait accès au cloître du couvent et à l’église. Elle avait deux étages, une forme rectangulaire et était approvisionnée pour le logement et la nourriture. Le 13 décembre 1362 le pape Urbain V donna aux franciscains le droit d’assister les pèlerins aux points de vue spirituel et sacramentel.
Dans le couvent franciscain lui-même il y avait aussi des habitations réservées pour les pèlerins, sous la forme d’un couvent-hôtellerie. L’hospitalité et l’assistance données par les franciscains aux pèlerins fut toujours gratuite. Les pèlerins donnaient, s’ils le pouvaient, quelque aumône. L’hôtellerie disparut quand les frères du Mont Sion furent expulsés définitivement en 1551. Sainte Angèle de Mérici, fondatrice des Ursulines, y avait été accueillie, entre autres.
Volontaires au service de la Terre Sainte
Pour bien réaliser leur mission, les franciscains avaient besoin, comme encore aujourd’hui, de l’aide de personnes qui vivent avec le même charisme. C’est pourquoi, vers 1350, ils créèrent ‘les chevaliers du Saint Sépulcre’. Les chrétiens n’ont pas pour rôle d’être les défenseurs du Saint Sépulcre par les armes, mais d’être liés à lui par l’amour, y compris la souffrance. Pour cette raison les chevaliers, bien qu’ils aient été des laïcs, étaient sous la direction et le charisme de la spiritualité franciscaine, qui a pour principe ‘la Paix et le Bien’ pour tous.
La même spiritualité inspirait le service médical et le service d’assistance qui étaient rendus dans l’hôpital du Mont Sion. Le pape Urbain VI, par sa Bulle Ad ea quae piorum du 10 avril 1384, envoyée au Custode des franciscains du Mont Sion, voyant l’affluence continuelle de malades et de pèlerins et constatant le manque de personnel, permit aux frères de disposer « de dix personnes, craignant Dieu et pleines d’amour pour les pauvres et les malades » à condition « qu’elles aient un âge dépassant 40 ans ». Ces personnes rendraient aussi service aux frères du Mont Sion.
Les premières volontaires furent des femmes
Le premier volontariat pour la Terre Sainte est né ‘sous la direction de la Custodie franciscaine de Terre Sainte’. Ces personnes étaient de pieuses ‘tertiaires franciscaines’ qui vivaient dans une maison-couvent à une centaine de mètres du couvent des frères. Elles jouissaient d’un grand prestige chez les musulmans. Selon François Suriano, Custode de Terre Sainte et de nombreuses années missionnaire dans le pays du Seigneur, aucun musulman n’oserait leur dire une mauvaise parole, qu’il s’agisse d’une tertiaire jeune ou vieille, qu’elle marche seule ou accompagnée, qu’elle soit en ville ou en dehors de la ville. Les musulmans respectent toujours les femmes, qu’elles soient musulmanes, juives ou chrétiennes. Ce fait est à la honte des mauvais chrétiens. Ces femmes peuvent aller en toute tranquillité, même si elles sont seules, sans être gênées par les musulmans, à Bethléem, à Aïn Karem ou à Béthanie (Traité de la Terre Sainte et de l’Orient, 118). Les tertiaires franciscaines se chargeaient de la direction médicale de l’hôpital du Mont Sion, pétrissaient le pain pour les franciscains et les pèlerins, s’occupaient du poulailler, préparaient les ornements liturgiques, etc. Elles continuèrent leur service de Volontariat jusqu’à l’expulsion des frères du Cénacle. Elles étaient les seuls chrétiens catholiques de Jérusalem. En effet le père François Suriano écrit à la fin du XVe siècle : « Aucun catholique n’habite en Terre Sainte sauf nos frères et nos ‘bienheureuses’ du Tiers-Ordre ». Il insiste, pour éviter tout soupçon, que celles qui travaillent avec les frères au Mont Sion sont « des femmes qui ont déjà 40 ans, une vie sainte, de bonnes mœurs ».
Volontaires pour faire le bien
Etre un volontaire en Terre Sainte exige d’être un vrai chrétien, serviteur des pauvres et des nécessiteux. C’est à ces conditions que les volontaires sont aimés et respectés. Ludolph Sudheim, qui fut en Terre Sainte de 1336 à 1341, le confirme, parlant des franciscains du Mont Sion il écrit : « Ces frères étaient des hommes très courageux, et ils ont été bien acceptés non seulement par les pèlerins et les marchands, mais aussi par les Sarrasins eux-mêmes, parce qu’ils leur ont fait beaucoup de bien à tous.»
Dernière mise à jour: 13/12/2023 22:34