De retour à sa Bethléem natale après des études aux Etats-Unis, Catherine Qubrosi savoure le bonheur de sa nouvelle vie avec Peter. Et sa relation avec Dieu, empreinte d’une profonde gratitude.
De retour à sa Bethléem natale après des études aux Etats-Unis, Catherine Qubrosi savoure le bonheur de sa nouvelle vie avec Peter. Et sa relation avec Dieu, empreinte d’une profonde gratitude.
Sa maison respire l’amour. Sur les murs fraîchement peints s’alignent mots tendres et photos d’étreintes et lorsqu’elle parle de Peter, son mari originaire de Gaza épousé en juillet, son regard profond s’illumine. Catherine Qubrosi a vingt-trois ans, des rêves plein la tête et une foi qu’elle juge aujourd’hui « stable et équilibrée » au terme de confrontations qui l’ont poussée à réfléchir en profondeur sur elle-même et sur Dieu.
La première fois qu’elle s’est sentie différente, c’était à l’école. Sa famille sort en effet de l’ordinaire : elle est évangélique, une rareté à Bethléem. « Quand j’étais petite, c’était difficile. Les enfants se moquaient de moi en m’appelant ‘la réformée’, comme si on n’était pas chrétien », raconte-t-elle de sa voix rauque, accoudée au bar à l’américaine qui sépare la cuisine du salon.
Catherine grandit aussi auprès de parents qui ont fait de l’accueil et de la curiosité du monde leur credo, accueillant sous leur toit des dizaines de bénévoles venus de partout pour découvrir la vie en Palestine. Chez les Rishmawi, ni slogans ni discours, mais une foi profonde et un effort constant : offrir le meilleur à Catherine et ses deux frères, Michel et Matthew. Les parents ont ainsi envoyé leur fille étudier la psychologie à l’université privée chrétienne de Whitworth, dans l’Etat de Washington, après quelques mois au Brésil.
Partie à l’autre bout de la Terre, la jeune fille a retrouvé avec bonheur son bout de terre à elle il y a quelques mois, en posant ses valises à Bethléem. Une renaissance intérieure célébrée, grâce à ses noces, en un haut lieu de la foi chrétienne : la Basilique de la Nativité.
Que représente Dieu pour vous ?
Dieu est mon Père. L’expérience de la croix a fait de nous ses enfants et le monde entier est sa maison. Comme j’ai été confrontée à plusieurs visions de la foi, il m’a fallu du temps pour pouvoir l’affirmer de façon profonde et irrévocable. J’ai ainsi pris le temps de Le découvrir seule, sans intermédiaire, puis j’ai vécu une expérience de guérison spirituelle forte. Elle m’a permis à la fois de mieux comprendre mon père terrestre, et de me reconnecter à mon Père céleste.
Comment vous adressez-vous à Lui ?
En créant un temps de paix pour Lui parler. D’habitude, c’est le matin, à peine levée, lorsque je suis seule. La solitude me permet d’aller plus profondément en moi-même. Je m’assieds confortablement dans mon lit, la Bible dans une main et mon téléphone portable dans l’autre. J’ai une application qui propose les prêches d’un pasteur que j’aime beaucoup, et je profite des temps de prière qu’il propose avant et après son sermon pour me concentrer. Peter et moi prions aussi ensemble, notamment avant de manger et avant d’aller dormir.
Où en êtes-vous aujourd’hui dans votre vie spirituelle ?
Je ressens une profonde gratitude et beaucoup de joie. Dieu aussi, d’ailleurs : je ressens Son bonheur à être en lien avec moi ! Cela n’a bien sûr pas toujours été le cas. Il a parfois été silencieux, mais c’était pour me faire grandir, comme lorsqu’on apprend à un enfant à vivre un peu hors du regard des adultes après l’avoir couvé. Aujourd’hui, mon Père est avec moi en permanence, mais dans une relation équilibrée.
Quel est votre souvenir de prière le plus fort ?
Un moment de grande colère ! Je venais d’arriver aux Etats-Unis et je subissais un choc culturel profond. Les Américains que je rencontrais confondaient Palestine et Pakistan, puis associaient les Palestiniens au terrorisme… De mon côté, face à leur 11-Septembre, j’avais le sentiment que ma souffrance était niée. J’ai vécu plusieurs traumatismes, dont celui d’entendre les hurlements de nos voisins frappés par erreur par une roquette, en pleine nuit… (Elle est émue). Pour moi, toute personne armée incarnait le mal. Et puis, j’ai appris que le professeur que j’adorais avait servi en Irak… J’étais furieuse contre Dieu, trahie. Pourquoi me déstabilisait-il ainsi alors que j’étais déjà si fragile ? Puis un soir, j’ai entendu le Notre Père chanté en arabe dans la chapelle de l’université. Et j’ai compris que mon Père ne m’avait pas abandonnée (elle sourit).
Y a-t-il des prières auxquelles Il n’a jamais répondu ?
Il n’a pas permis de guérir ma belle-mère qui souffrait d’un cancer. J’en ai particulièrement souffert lors de nos préparatifs de mariage, parce que chez nous en Palestine, c’est un moment où la maman du marié occupe une place importante. Je suis en colère et je ne comprends pas, mais nous sommes condamnés à ne pas tout comprendre. Et à rechercher la paix malgré tout.