C’est en cours de géographie que j’ai été initiée à la tectonique des plaques. Cela m’a passionné.
C’est en cours de géographie que j’ai été initiée à la tectonique des plaques. Cela m’a passionné. Aujourd’hui j’habite sur une des grandes failles géologiques, celle de la vallée du grand rift. C’est le plus grand fossé d’effondrement du monde, qui s’étire sur plus de 6 400 km. Il naît dans la vallée du Jourdain, traverse la mer Rouge avant de se diviser et filer en Afrique australe. Il paraît que la faille s’écarte. On le sait, la région est sujette aux tremblements de terre. On estime que celui de 1927, qui toucha Jérusalem, était d’une magnitude de 6,2 sur l’échelle de Richter. L’année dernière à la même époque on nous annonçait qu’en 2011, la population israélienne serait soumise à des exercices simulant un tremblement de terre de 7,3 sur l’échelle de Richter. À ma connaissance, aucun exercice n’a eu lieu à ce jour. Israël et les habitants de la région s’exercent pour le moment à comprendre une autre tectonique, celle des révolutions arabes. Exit, le président Ben Ali en Tunisie, exit le président Moubarak, le président yéménite Ali Abdallah Saleh est sur la sellette, le roi de Jordanie limoge son gouvernement… Et Israël tremble… La seule démocratie de la région se réjouit moyennement de la potentielle émergence de petites sœurs. Ce devrait être paradoxal, mais la tectonique n’est pas une science si exacte que cela. Elle demeure néanmoins passionnante.
Dans ce jeu où les cartes se redistribuent soudainement, je me demande à quelle sauce les chrétiens vont être mangés. Si l’Occident exprime son appréhension d’une prise de pouvoir par des fondamentalistes musulmans, il semble que sur le terrain les révoltes s’apparentent davantage à celles déjà vécues dans la région au XIXe siècle : des mouvements de libération nationale qui, sans être laïcs, portent un projet de « la liberté de croyance et de culte pour les non musulmans ». Les Coptes présents sur la place Tahrir sauront-ils faire entendre leur voix au moment de la rédaction d’une nouvelle constitution égyptienne ? Les Tunisiens se souviendront-ils du « Pacte fondamental » de la première Constitution du monde arabe, écrite à Tunis en 1861 et qui séparait de fait le pouvoir politique et religieux ?
Les chrétiens arabes, qui ont toujours été à la pointe des mouvements de libération nationale dans la région, conduiront-ils enfin à terme le projet de les faire sortir d’une situation jamais si éloignée de la dhimmitude qui les soumet à la loi islamique ? Ou est-ce déjà trop tard car l’élite arabe chrétienne vit majoritairement en Occident où elle s’est si bien intégrée ? Le Proche Orient amorce un nouveau tournant de son histoire, puissent les chrétiens rester dans le jeu pour ne pas arriver à la triste dérive des plaques du Proche Orient.
Dernière mise à jour: 16/12/2023 22:42