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Du conflit à la communion

Frans Bouwen, m.afr.
27 janvier 2017
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Lorsque le pape François s’est rendu en Suède l’évêque luthérien de Terre Sainte était à ses côtés. Un signe important pour les luthériens qui vivent ici.


Jérusalem était bien présente à Lund, Suède, le 31 octobre 2016, à l’ouverture de l’année commémorant le cinquième centenaire de la Réforme de Martin Luther en 1517. L’évêque luthérien évangélique à Jérusalem, Munib Younan, en sa qualité de président de la Fédération luthérienne mondiale, se tenait aux côtés du pape François, lors de la prière œcuménique et de la signature de leur déclaration commune. Les Églises luthériennes ont coutume de célébrer chaque année au 31 octobre la Journée de la Réforme. Au cours des siècles, ces célébrations ont souvent été l’occasion de polémiques, mettant en évidence les différences d’avec le catholicisme. La commémoration commune à Lund a montré qu’aujourd’hui les nouvelles relations œcuméniques rendent possible ce qui, pendant longtemps, apparaissait impensable. Le pape François a voulu marquer l’importance de cette nouvelle étape œcuménique par sa présence.

Le cinquième centenaire de la Réforme a fait l’objet d’une longue préparation, confiée à une commission mixte luthéro-catholique, qui a publié en 2013 les résultats de ses travaux sous le titre : “Du conflit à la communion”. La question qui se posait aux catholiques était celle-ci : pouvons-nous célébrer la Réforme de Luther, alors qu’elle a divisé l’Église ? D’autre part, les douloureux événements du XVIe siècle, qui font partie de notre histoire, ont profondément marqué la vie et la réflexion théologique des catholiques. Ils ne peuvent donc l’ignorer. À la lumière des acquis du dialogue entre catholiques et luthériens, qui se poursuit depuis 50 ans, il est devenu maintenant possible de commémorer ensemble ces événements, en faisant la distinction entre célébrer et commémorer. Il n’est en effet pas possible pour les catholiques de les fêter, comme s’ils méritaient une fête, mais il est possible de les commémorer ensemble, dans la repentance et dans l’espérance. Catholiques et luthériens sont aujourd’hui capables de confesser ensemble qu’ils ont été coupables de briser l’unité de l’Église. Ce faisant, ils espèrent œuvrer à la purification des mémoires et donner un nouvel élan à la marche vers l’unité entre chrétiens.

Le Christ en commun

C’est dans cet esprit que le pape a voulu participer à l’ouverture de l’année commémorative de la Réforme de 1517. Dans son homélie à la cathédrale luthérienne de Lund, il a dit : “catholiques et luthériens nous avons commencé à marcher ensemble sur un chemin de réconciliation… Nous ne pouvons pas nous résigner à la division et à l’éloignement que la séparation à provoqués entre nous.” Dans leur déclaration commune, le pape François et l’évêque Munib se disent “profondément reconnaissants pour les dons spirituels et théologiques reçus à travers la Réforme”, tout en confessant “devant le Christ que luthériens et catholiques ont blessé l’unité visible de l’Église”. Ils rendent grâce à Dieu pour les progrès faits dans la réflexion théologique et dans la compréhension mutuelle, et renouvellent leur engagement à chercher à éliminer les obstacles persistants qui empêchent encore la pleine unité. Ils insistent surtout sur le témoignage commun rendu à l’Évangile de Jésus Christ, “invitant l’humanité à écouter et à recevoir la bonne nouvelle”, et sur le service de l’humanité, “en défendant la dignité et les droits humains, surtout ceux des pauvres”.

Laissons-nous inspirer par la dernière phrase de cette déclaration : “Enracinés dans le Christ et en témoignant de lui, nous renouvelons notre détermination à être des hérauts fidèles de l’amour sans limites de Dieu pour l’humanité.”


 

Luthériens en Terre Sainte

C’est en 1841 qu’apparaît officiellement la première mission luthérienne en Terre Sainte. Elle s’établit à Jérusalem à la faveur de la réouverture des frontières par le vice-roi d’Égypte et l’installation de chrétiens allemands, prussiens et anglais. Désireux de venir en aide à la population chrétienne locale, ils fondèrent écoles et hôpitaux. Toutes activités qui demeurent jusqu’à ce jour.

Dans les années 1970 les luthériens de Terre Sainte devinrent une Église indépendante (plutôt qu’une mission). Un processus qui entraîna la nomination en 1979 du premier évêque luthérien arabe de Terre Sainte.

Mgr Munib A. Younan est président de la Fédération luthérienne mondiale depuis 2010 et évêque du diocèse depuis 1998, lequel couvre Israël, la Palestine et la Jordanie ; il compte quelque 2 000 fidèles.


Communion

Un pape venu d’Argentine,

un protestant venu de Palestine, l’Église redessine les contours de l’universalité du message du Christ.

© Magnus Aronson /Ikon

 

© Mikael Ringlander

Dernière mise à jour: 27/12/2023 20:43

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