Il y a 1700 ans, l’empereur Constantin promulguait un édit de tolérance, connu sous le nom d’Édit de Milan.
Ce faisant, il accordait la liberté de culte à toutes les religions et permettait aux chrétiens de ne plus devoir vénérer l’empereur comme un Dieu. Édit d’autant plus important pour la Terre Sainte qu’il rendit possible la construction du Saint-Sépulcre et de l’église de la Nativité à Bethléem.
Jérusalem ! “Jérusalem d’or” comme on le chante depuis un certain temps. Ville éternelle pour des milliards de croyants, juifs, chrétiens et musulmans. Il est facile d’évoquer la Terre Sainte comme le lieu privilégié de rencontre entre les trois “monothéismes”, ce qui est déjà pluriel !
À Jérusalem, on lit les psaumes de David au long des heures et des jours. Livret commun aux juifs et aux chrétiens. Dans les autobus, le tramway, souvent dans la rue, juifs et chrétiens orthodoxes russes “ruminent” ces paroles de quête de Dieu.
Voici 50 ans, l’Église de Rome s’est interrogée de manière vigoureuse sur le Mystère de l’Église dans sa plénitude. Elle a scruté d’où elle venait et où elle s’orientait. Car elle avait pris des distances avec ses sources et son histoire. Hans Urs von Balthasar et d’autres théologiens ont nommé “estrangement” cette sorte de distanciation dans le temps et l’espace entre les différents membres de ceux qui proclament l’unique résurrection de Jésus de Nazareth.
En 312, la victoire de l’empereur Constantin sur Maxence au Pont de Milvius permit de garder l’unité de l’Empire romain. Le signe du Christ, plus précisément du Chrisme (Chi/Χ et Rho/Ρ), assistant Constantin sans le convertir définitivement, le persuada de la véracité de la foi chrétienne.
L’Église orthodoxe de Terre Sainte continue de se considérer comme “Roum-Orthodoxe”, expression également utilisée en arabe. Elle est romaine en ce qu’elle est née au sein de l’Empire de Rome dont le vaste territoire s’étendait de la Gaule jusqu’aux limites de la Perse, incluant la Terre Sainte et une partie de l’Afrique du Nord. Issue de la révélation juive, la foi chrétienne s’est propagée dans des contrées de culture romaine, de langue grecque, latine et autres, autour du Bassin Méditerranéen. À l’extrême ouest, le siège pétrinien de Rome. Au centre la ville de Byzance devenue Constantinople après les victoires de l’empereur. À Antioche, le premier siège chrétien hors de Jérusalem, également inauguré par saint Pierre. La vision du Pont de Milvius fut tardivement décrite par Eusèbe de Césarée. À partir de cette victoire, Constantin admit que les chrétiens avaient des droits. Ce n’est pas encore la vraie reconnaissance qui fut plus tardive.
Statut officiel
Comme en contraste, la foi chrétienne était déjà celle de l’État d’Arménie, dès 301. En 313, l’Édit de Milan donnait aux chrétiens un statut officiel de protection et de reconnaissance au sein de l’Empire romain. Il était désormais interdit de persécuter les croyants, de les spolier, de les tuer. Les biens confisqués leur furent rendus. Le christianisme s’affermit, en particulier par un recentrage sur Constantinople, par la construction de nombreuses églises, et conduisit à un réel désir de mieux connaître les lieux saints. L’Empire romain prit alors une autre dimension, quasi eschatologique à Jérusalem, Bethléem, par la préservation des lieux de la naissance, de la mort, de la résurrection du Seigneur. Cette influence romaine prit le pas sur les traditions plus proches du Caucase présentes à Jérusalem : Géorgiens, Arméniens et les Églises de langue araméenne furent placées sous l’autorité impériale. En revanche, l’Édit de Milan affaiblit considérablement les chrétiens en Perse. Constantin tenta de trouver en eux des alliés, ce qui les rendit suspects dans une région où ils étaient persécutés.
L’unité de l’Église originelle repose sur la réalité culturelle, linguistique, spirituelle de l’Empire romain d’Orient et d’Occident. La Pentarchie – les cinq patriarcats – forme le berceau du mouvement apostolique chrétien : Rome, Constantinople, Alexandrie, Antioche et Jérusalem demeurent les piliers géo-historiques de la foi partie de Jérusalem jusqu’aux extrémités de la terre (Ac 1, 8-13, 47). L’empereur Constantin avec sa mère Sainte Hélène bâtit la mémoire chrétienne par les basiliques de la Nativité (Bethléem) et de l’Anastasis (Résurrection) ou Saint-Sépulcre, fournissant les sanctuaires où l’histoire du Salut s’est effectivement incarnée et manifestée.
Les Églises orthodoxes de Serbie et de Roumanie ont déjà décidé de consacrer l’année aux “saints Constantin et Hélène égaux-aux-Apôtres”. Au patriarcat grec/roum-orthodoxe de Jérusalem, nous célébrons les offices quotidiens dans l’église patriarcale dédiée à ces saints. Un fenestron ouvre sur l’édicule du Saint-Sépulcre. Une année de recherche sur les sources chrétiennes et l’eschaton à partir d’une unité qui appelle à toujours plus de tolérance.
Dernière mise à jour: 30/12/2023 14:48