Tous les mois, pour le Roch Hodech, la prière qui marque le début de chaque mois, elles se rendent au Kotel, le mur occidental. Cela fait près de 25 ans que cela dure. Mais leur opiniâtreté commence à porter ses fruits.
Elles étaient près de 300 cette semaine et pour la deuxième fois, au lieu d’être la cible de la police, “les femmes du Mur” ont été défendues par elle. Combien de ces militantes, ces 25 dernières années, ont terminé la matinée au poste de police pour trouble à l’ordre public ? Pourtant elles se lèvent de bonne heure, justement pour ne pas enflammer le Mur. Leur rassemblement a généralement lieu vers 7 heures du matin.
Ce n’est pas que leur prière soit plus charismatique que celle des autres femmes présentes ou celle des hommes de l’autre côté de la barrière qui sépare les deux sexes, c’est qu’elles prient avec les même attributs liturgiques que les hommes. Les phylactères, tefillins en hébreu, ces boites de cuir qui renferment un extrait de la Torah et que les juifs attachent au bras gauche et sur le front, pendant la prière du matin. Le talith, un châle dont chacun des quatre coins est, en vertu de la prescription biblique (Dt 22, 12), pourvu de franges. Certaines portent la kippa, la calotte, qui ne devint signe de piété dans le judaïsme qu’au début du Moyen Age. Et à l’occasion, elles lisent dans les rouleaux de la Torah.
Petit à petit, leur lutte gagne du terrain. Les insultes, les crachats, les œufs, les chaises, les immondices, les bouteilles que leur lancent les ultra-orthodoxes ne leur font plus peur d’autant moins que la police érige régulièrement des rubans de sécurité, comprenez des policiers font rempart de leurs corps entre les deux camps.
C’est qu’en avril 2013, la Cour suprême israélienne a décidé que leurs prières ne troublaient pas l’ordre public et qu’il n’existait aucune raison de leur interdire l’accès au Mur. La première prière après cet arrêté des tribunaux s’était terminée en affrontements. Des centaines de juifs religieux – hommes et femmes – étaient venus protester contre ce qu’ils tiennent pour une provocation. Et cela avait dégénéré jusqu’aux jets de pierres sur les bus qui devaient conduire les femmes qui, elles, battaient en retraite la prière terminée. C’était en mai. À la mi-juin, certains ultra-orthodoxes avaient prôné la modération dans l’opposition, d’autres étaient prêts à en découdre mais ils furent beaucoup moins nombreux. Deuxième manche pour les “Femmes du Mur”, qui veulent pouvoir prier en paix. Mais derrière ce calme relatif, les positions se sont radicalisées. Le domicile de la porte parole du mouvement féministe a été couvert de graffitis menaçants. Et des rabbins ultra-orthodoxes auraient reçu des menaces de mort de partisans des “Femmes du Mur”. Si le combat des femmes progresse, la paix entre les camps semble s’éloigner d’autant que les femmes du Mur entendent également que l’espace du Mur soit réparti de façon égale entre hommes et femmes quand aujourd’hui 75 % du Mur est réservé aux hommes et 25 % aux femmes. t
Dernière mise à jour: 30/12/2023 18:41