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Le cœur de la Custodie bat de plus belle en Syrie, le nôtre aussi

Marie-Armelle Beaulieu
6 avril 2016
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Fin janvier, j'ai appris la nouvelle. Un jeune prêtre arabe avait répondu à l'appel de ses supérieurs pour aller servir en Syrie. Je le connais personnellement. C'est la deuxième fois que je le vois littéralement offrir sa vie.


Début février, à l’issue d’une messe à Bethléem où il était vicaire, le Custode de Terre Sainte a annoncé que le jeune franciscain jordanien s’était porté candidat pour partir servir dans un village sous régime de califat islamiste.

Cette candidature répondait à une lettre du Custode qui, quelques semaines auparavant, interrogeait l’ensemble des frères pour savoir ce qu’il convenait de faire en Syrie. Une interrogation posée alors qu’un des franciscains présent sur place avait été kidnappé et miraculeusement relâché pour la seconde fois.

C’est dans un émouvant courrier que le Custode annonçait pourquoi la Custodie était résolue à demeurer en Syrie quoiqu’il en soit des risques. « Nous sommes ici pour le Christ et pour son Eglise et pour rien d’autre. La Custodie n’a jamais abandonné de lieu saint ou de fidèles qui lui ont été confiés.

Symbole

Les villages (où nous sommes) sont la seule présence chrétienne dans la zone contrôlée par les rebelles et ils sont devenus une sorte de symbole pour tous les chrétiens de Syrie. Le fait qu’ils tiennent bon donne force et courage à tous les autres. » La lettre annonçait aussi que le Conseil de la Custodie avait accepté l’offre de ce prêtre, de 32 ans, ordonné à peine un an plus tôt.

Le jour de leur ordination, on embrasse la main des prêtres fraichement ointes de l’onction du Christ. J’ai mis un moment à comprendre ce geste. Il a fallu que j’en ôte tout l’apparent cléricalisme pour le faire avec une joie réelle.

Quand j’ai appris la nouvelle de la mission qu’il avait souhaitée et reçue, je n’avais qu’une image en tête et qu’un désir : me saisir des mains de frère Louaï – c’est son prénom- , me mettre à genoux devant lui et je ne sais si j’avais plus envie de les embrasser respectueusement ou de les sentir posées sur ma tête pour recevoir sa bénédiction. Il n’aurait pas du tout aimé. Il m’aurait demandé de me relever et il aurait éclaté de rire timidement.

Absente du pays au moment de son départ pour la Jordanie, où il allait lui-même annoncer la nouvelles aux siens, je pense depuis tous les jours à lui, à ses parents, à ses ouailles syriennes. La même émotion m’étreint et ma prière se dispense de mots, sauf peut-être à me tourner vers le Seigneur en lui disant: « A moi aussi, apprends à aimer et à tout donner »…

Dernière mise à jour: 07/01/2024 00:09

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